• Black Storm

    La grande interrogation d’un critique devant un film qui n’a même pas le début d’une poussière d’intérêt, c’est de se demander qu’en dire ? Pour être tout à fait honnête,  Black Storm entre directement dans cette catégorie, mais pas par la petite porte. Non, par la grande porte. L’époque des films catastrophe est passée de mode (2012 commence à dater) et surtout à peu près tout a été dit sur le sujet. On a eu droit à du volcan dans Volcano ou le Pic de Dante, à du réchauffement climatique global avec Le Jour d’Après, à de la totale fin du monde avec 2012 et à l’annihilation de l’intelligence humaine avec Twilight (qui a aussi tué le mythe du vampire, c’est dire la catastrophe). Alors lorsqu’il s’agit de se tourner vers un dernier type de calamité naturelle, Steven Quale porte son attention sur les tornades, oubliant à moitié que Twister avait réalisé une sympathique synthèse sur le sujet (en même temps, on ne va pas faire 3 heures sur les tornades non plus). De cet opportunisme est né Into the Storm (rebaptisé en France Black Storm, parce que tout le monde sait que le noir, ça fait peur).

    Dans Black Storm, Quale nous fait découvrir les tornades en compagnie de plusieurs groupes de personnages tous plus cons les uns que les autres. D’abord, la traditionnelle cellule familiale avec ici Donnie et Trey Morris, ainsi que leur père Gary, également adjoint au proviseur du lycée de ses fils. Pas de mère dans le tas, parce qu’il faut bien un petit trauma au gamin-star Donnie pour s’envoyer en l’air avec la fille canon de service Kaitlyn. De l’autre côté, il y a aussi une équipe de chasseurs de tornades menée par Pete – quelle originalité, on y aurait jamais pensé – qui, outre de se trimbaler avec un super véhicule blindé tout-terrain de la mort qui tue, adorent jouer les kamikazes en pleine tempête. Enfin, et c’est un peu le gros WTF du film, il y a deux débiles qui font des vidéos de cascades pour mettre sur Youtube. L’intrigue se pose rapidement. En gros, c’est la remise des diplômes, on annonce un orage mais le directeur du lycée lui, il n’en a rien à cirer de ses élèves et maintient la cérémonie, où se retrouvent Donnie et Trey, ainsi que Gary. Bien sûr, ça tourne au vinaigre et ils croisent l’équipe de chasseurs de tornades qui les aide à retrouver Donnie et Kaitlyn qui sont partis roucouler dans une usine abandonnée entre temps (logique, on fait tous ça).

    Avec un tel scénario de base et des personnages si « originaux », on se doute bien que ce n’est pas de ce côté qu’on va trouver du bon. Chaque protagoniste fait exactement ce qu’on attend de lui dans ce type de film, c’est-à-dire être con.  Pas la peine non plus de chercher une once d’épaisseur psychologique dans ceux-ci, parce qu’il sont tous des stéréotypes ambulants. Du scientifique obsédé par son travail et qui s’en fout des autres... mais qui devient un héros à la fin, au père de famille chiant mais héroïque quand même, en passant par la gourdasse de base qui passe son temps à être secourue. Oui, on est bien gâté. Le pire reste pourtant à venir. Non content d’avoir des personnages jetables dont on se cogne totalement (mais vraiment, à un moment on prie pour qu’ils passent à la moissonneuse-batteuse, hypothèse peu probable mais quand même jouissive), Black Storm nous rejoue le couplet des valeurs familiales traditionnelles puissance 10 avec une pseudo-idée très mais alors très mauvaise : la capsule temporelle. Les gosses ont eu la grande idée de se filmer caméra au poing pour se revoir dans le futur. Ce qui occasionne des séquences shaky-cam non seulement insupportables mais qui véhiculent aussi de la bonne grosse morale à l’américaine comme on ne pensait plus jamais en avoir. Il faut le voir pour le croire. C’est terrible (et ça laisse des séquelles).

    Mais dans ce genre de film, ce n’est pas le fond que l’on cherche – heureusement. Ce sont les effets spéciaux et le grand spectacle. Là encore, Black Storm a de quoi laisser perplexe. Sans moyen ou presque, le métrage arbore des FX consternants. Il emploie plusieurs moyens pour cacher sa pauvreté : le plan serré avec un petit bout de tempête, le flou artistique bien conséquent pour masquer les détails, ou encore quelques effets clinquants pour attirer l’attention. En gros, même sur ce qui devrait être son point fort, le film se ramasse totalement. Pour dire, ses images sont nettement moins impressionnantes que celles de Twister qui a pourtant plus de 15 ans... Le constat est d’autant plus amer pour le spectateur que le tout se termine par une séquence absurde au possible dans un égout en construction, et où la cohérence s’envole bien avant les personnages...

    Pas la peine de parler du reste, Black Storm est une honte, pure et simple. Steven Quale n’avait réalisé jusqu’ici que le 5ème volet des Destination Finale, et on lui serait reconnaissant qu’il prenne sa retraite rapidement. Une bouse, une vraie.

    Note : 0/10

    Meilleure séquence : Quand ils récupèrent Kaitlyn et Donnie... Le T-Shirt mouillé de la fille est le seul FX réussi du film.


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  • Cette semaine, une petite perle venu d'Espagne, récompensée à SITGES, où un homme dépressif se métamorphose en éléphant. 
    Non sans rappeler Kafka et sa Métamorphose, le court-métrage de Pablo Larcuen oscille entre mélancolie et absurde. 


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  • Gretta vient de se faire larguer par son petit ami chanteur. Dan vient de perdre sa place dans sa propre maison de production de musique. Par un coup du sort, les destins de ces deux âmes en peine vont se rencontrer dans un petit cabaret un soir à Brooklyn. Immédiatement charmé par la voix de Gretta, Dan va lui proposer de devenir son producteur et de la propulser sur le devant de la scène. Et ce n’est pas le refus de son ex-boîte de les financer qui va les arrêter, car, sur un coup de tête, ils décident d’enregistrer eux-mêmes les chansons aux quatre coins de la ville de New-York. Plus qu’une virée entre musiciens et chanteurs, la ballade de Gretta et Dan va aussi ouvrir des chapitres douloureux de leur passé.


    Chaque été, ou presque, a droit à son feel-good movie. De qualité souvent inégale, ce genre de long-métrage trouve un nouveau représentant avec Begin Again (aka New York Melody). Réalisé par John Carney, un habitué de la chose, le film fait pourtant un peu peur par son côté « romance new-yorkaise » annoncé. On y retrouve deux acteurs excellents mais également un peu en retrait actuellement : Mark Ruffalo et Keira Knightley. Misant quasiment tout sur sa bande-annonce et son « couple » de stars, New York Melody a pourtant quelques sérieux atouts à faire valoir.

    A commencer justement par la ville où il situe son action. Carney aime New-York et sait la filmer comme il se doit et en saisir quelques plans magnifiques. L’atmosphère qu’il en retire donne tout son charme au métrage, d’un cabaret obscur à un toit d'immeuble au pied de l’Empire State Building. Mais ce décor sert avant tout à supporter ses deux formidables acteurs. Mark Ruffalo en vieux divorcé blasé mais attachant, jamais plus à l’aise que dans un rôle dans lequel on ne l’attend pas. Il est merveilleux. Et puis Keira Knightley, plus proche du registre de Never Let Me Go que d’A Dangerous Method, parfaitement à l’aise pour jouer une petite anglaise à la voix d’or et au cœur plein d’espoir et de mélancolie. Plus surprenant, l’alchimie entre les deux fonctionne à plein tube, on y croit dès la première minute et la chose ne se démentira jamais.

    Heureusement, et contrairement à ce que l’on aurait pu craindre, Carney évite le piège de la romance. Il bâtit son récit d’abord en deux temps avec l'histoire de Dan puis celle de Gretta, avant de nouer les deux fils et de broder autour. Au lieu de les faire tomber amoureux l’un de l’autre comme un tas de métrages vus et revus, le réalisateur explore la voie de l’amitié, autrement plus salutaire pour ces deux-là et qui permet de faire vivre les personnages secondaires tels que Miriam et Violet ou encore Dave. Ceux-là trouvent naturellement leur place, nullement étouffés par l’histoire des deux protagonistes principaux. Alors, bien sûr, on n’évite pas une intrigue amoureuse un peu chiante avec le retour de Dave. Mais encore une fois, Carney arrive à bien faire passer ce revirement et à s'en servir pour enrichir le personnage de Gretta au lieu de le dégrader. La meilleure partie finalement revient à Mark Ruffalo et l’aspect familial, tendre et joliment abordé, sans jamais trop surligner les choses.

    Reste alors la musique, et l’évident message de Carney. New York Melody s’emploie à retrouver le bonheur d’artistes « authentiques », et rejette en bloc le travail dénaturant et prémâché des grandes boîtes de prod’. Exit les chanteurs issus du même moule, le métrage nous présente une musique plus authentique et sensible (avec la belle voix de Knightley en prime) tout en revenant à la base de l’art musical : la passion. Dans le fond, c’est ça que cherche à transmettre New York Melody, une passion dévorante pour la belle musique, celle qui vient de la rue, du cœur et non celle des usines à hits. La BO, magnifique, achève de convaincre du bien-fondé de l’entreprise en enrobant le métrage dans un voile mélodieux et entêtant.

    Ce New York Melody se révèle surprenant. Touchant, simple, emporté par deux acteurs sublimes et se jouant des clichés de la comédie romantique, le long-métrage de John Carney fait du bien aux yeux comme aux oreilles.

    Note : 8/10

    Meilleure scène : La discussion entre Gretta et Dan sur ce qu’apporte la musique au quotidien.


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  • L’indien Pan Nalin nous propose cette année un nouveau documentaire après Ayurveda. Cette fois, il nous emmène sur les rives du Gange, à sa confluence avec 2 autres fleuves sacrés. Tous les 12 ans, le plus grand pèlerinage du monde s’y déroule avec près de 100 millions d’Indiens qui viennent s’immerger dans les eaux du fleuve divin. Nalin choisit de prendre sa caméra pour y participer et rapporter les images à son père. Il ne se contente pourtant pas de filmer les festivités mais va également suivre quelques destins hors du commun dans ce rassemblement extraordinaire et unique au monde où fidèles, gens du peuple, sâdhus et yogis se croisent. Kumbh Mela, Sur les rives du fleuve sacré est une invitation au voyage en même temps qu’une extraordinaire peinture humaine.

    Pour nous immerger dans ce pèlerinage au bord du Gange, Pan Nalin laisse vagabonder sa caméra d’un bout à l’autre de la manifestation. Ses images, formidables, capturent la grandeur et la démesure incroyable de Evènement, et s’arrêtent sur des visages, des hommes noyés dans la multitude. Chaque regard trouve un écho dans le cœur du spectateur et au-delà de ce fourmillement de vies et de destins, Nalin nous dévoile une humanité foisonnante. On s’étonne devant les défilés de sâdhus, ces sortes d’ermites vénérés comme des saints par les Indiens, ou devant cette dévotion quasi-unique au monde. Plus encore, ce sont les images nocturnes où le flamboiement des campements et des défilés dessine une constellation incongrue, spectacle fugace d’une humanité qui brûle de mille feux dans la foi. Celle-ci rejaillit sur tout mais s’avère d’une grande bonté et d’une grande tendresse, Kumbh Mela montre le meilleur de l’homme. Et parfois le pire. Nalin ne se fixe pas de limite claire, il se contente de nous faire partager son ébahissement que l’on devine intense.

    Les images qu’il nous rapporte, Nalin prend bien soin de les monter et de leur donner un sens. Un sâdhu qui semble courir sur l’eau, des hommes et femmes disparus réduit à l’état de bouts de papier dans un panier... Tout trouve un sens, sans forcément décrire, sans presque jamais intervenir. Des mots, il y en a pourtant dans Kumbh Mela. Le réalisateur indien donne voix à plusieurs destins : celui de parents dont l’enfant s’est perdu dans la masse confuse qui gravite autour du fleuve et qui tentent désespérément de le retrouver, celui d’un jeune gosse fugueur qui rêve de devenir soit un parrain soit un sâdhu, ou encore celui de Yogi Baba et de Bajrangi, l’enfant perdu. Ces trois fils s’entrelacent et se croisent, Nalin les laisse s’exprimer, les laisse, mine de rien, inclure leurs petites histoires dans la grande.

    Chacun des protagonistes que l’on rencontre apporte sa pierre à l’édifice bâti patiemment par Nalin si bien qu’à la fin, l’ensemble des mots et des voix qui s’élèvent forme un hymne à la vie et à l’humanité vibrant d’authenticité. C’est cela qui touche le plus dans Kumbh Mela, ce sentiment de s’introduire dans un autre monde et dans d’autres existences, fascinantes et intrigantes. C’est le discours touchant de Baba Yogi qui a découvert l’amour paternel en recueillant un fils qui n’est pas le sien. Ou les bravades du jeune fugueur envers les policiers entourant les campements. Ou cet ardent courage de parents affolés. Le Gange en arrière-fond, le réalisateur indien nous inonde mais pas avec l’eau sacrée, mais bien la vie sacrée, celle des habitants, extraordinaires ou ordinaires, qui traversent son documentaire. Le résultat est beau à en tomber, touchant et d’une force hors du commun.

    Document exceptionnel sur un événement qui ne l’est pas moins, Kumbh Mela, Sur les rives du fleuve sacré flirte avec la foi, l’humain et le divin. Il démontre qu’avec du talent, de la sincérité et surtout des idées, on peut faire bien plus marquant que n’importe quel blockbuster. Pan Nalin parle avec amour d’une Inde qui vous fascinera à coup sûr, et vous emmène à la rencontre d’hommes et de femmes que vous n’êtes pas près d’oublier.

    Note : 9/10

    Meilleures scènes : Toutes les séquences de Baba Yogi avec Bajrangi.

    Meilleure réplique : Tous ces drames pour une bouteille d'eau


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  • En 2011, La Planète des singes : Les Origines permettait à une des sagas les plus mythiques de la SF moderne de revenir sur le devant de la scène. Rupert Wyatt prenait le parti non pas de calquer son intrigue sur le film originel de Schaffner - comme l’avait lamentablement tenté Tim Burton – mais de revenir aux sources en nous expliquant comment tout avait démarré. Excellente surprise, le long-métrage introduisait César, le leader des singes, grâce à des effets spéciaux made in Weta Workshop des plus impressionnants. Près de 3 ans après ce premier succès et malgré le départ de James Franco et du réalisateur, une nouvelle suite a vu le jour sous le nom de Dawn of the Planet of the Apes (toujours bêtement traduit en France par La Planète des singes : L’affrontement). Cette fois, c’est Matt Reeves, le papa de Cloverfield, qui reprend le flambeau et tente de nous raconter la confrontation entre l’humanité et les singes. Bonne ou mauvaise idée ?

    Dix ans ont passé depuis la fuite de César et le début de ce que l’on appelle aujourd’hui l’épidémie du virus Simien. Installée au cœur de la forêt, la civilisation des singes a grandi et a gagné en maturité. César commande et élève ses congénères dans le respect des autres. Mais tout semble sur le point de vaciller lorsqu’ils rencontrent un groupe d’hommes mené par Malcolm, un des leaders des survivants humains de San Francisco. Désœuvrés, les humains veulent remettre en fonction le barrage hydraulique pour récupérer l’électricité vitale pour leur survie. Seulement, Koba, le bras droit de César, se méfie toujours autant des hommes qui l’ont jadis torturé... Peut-il y avoir la paix entre les deux peuples ?

    Dans ce volet, Matt Reeves choisit avec une certaine logique de mettre l’accent sur les singes et la société qu’ils ont créée. Grâce aux effets spéciaux hallucinants de Weta, l’entreprise est une éclatante réussite. Dès le départ, on est happé par cette ville en pleine forêt et ces singes qui communiquent par un proto-langage des signes. En faisant le choix de ne pas faire parler César et ses congénères dans un premier temps, Reeves fait un choix audacieux. Malheureusement, il ne respectera pas à la lettre cette décision et donnera voix aux singes – même si de façon très saccadé et simpliste. Pourtant, tout ce qui tourne autour de la société simiesque jouit d’une grande crédibilité et l’on y croit du début à la fin. Le pouvoir chez les singes est un savant mélange de domination/respect pour le plus fort/sage, en l’occurrence César, et c’est lui, justement, qui constitue le point de bascule du métrage.

    Reeves excelle à décrire le personnage de César, encore une fois porté par l’excellente performance de l’incroyable Andy Serkis. Plus humain que les hommes que l’on rencontrera, mais tiraillé entre ses origines animales et celles, plus intimistes, de la famille humaine dans laquelle il a été élevé, César s’avère sans mal la plus grande réussite du film. Reeves joue un petit numéro d’équilibriste réussi autour de son héros, tout en lui donnant un double contaminé par la haine des hommes, Koba. Un peu caricatural, Koba n’en reste pas moins un choix judicieux, notamment son passé de cobaye. Le souci principal du film, son paradoxe en fait, c’est qu’il loupe tous ses personnages humains ou presque.

    Car en face des singes, Reeves dépeint une société de survivants humains terrés dans un San Francisco en ruines du plus bel effet. Après nous avoir introduit le pourquoi de cette apocalypse dans la première séquence du film, Reeves peine énormément à installer un protagoniste humain aussi fort que celui de James Franco. Alors que Wyatt utilisait la cellule familiale sur 3 générations (Will, son père Charles et le «fils » César), Reeves ne peut retrouver ce schéma et se contente d’un classique héros noble parmi un tas de stéréotypes dont le parangon reste le pauvre Kirk Acevedo en Carver, un connard qui commence par faire une connerie et achève sa vie par une autre connerie. Le reste des hommes que l’on croise ne servent à rien et sont à peine effleurés, à commencer par Gary Oldman et Kodi Smit-McPhee dont on ne se sait rien, et dont les scènes au final... ne servent à rien. Il y a un étrange vide dans tout le pan humain du film de Reeves assez surprenant, à peine rattrapé par le personnage de Jason Clarke, Malcolm. Ce dernier fait un peu écho à Will mais sans la parenté qui l’unissait à César. En gros, une sorte de personnage prétexte qui, bien qu’attachant, peine à trouver un ton aussi juste que James Franco.

    Pourtant, malgré ce côté bancal, le long-métrage s’avère réussi, bien plus que ce que l’on pouvait s’attendre pour une suite estampillée blockbuster de l’été. Sa progression narrative et ses quelques beaux instants – notamment la découverte des humains par un bébé singe – le hisse au-dessus du lot. Reeves arrive à lier scénaristiquement son film avec le précédent et à continuer le récit qui mènera inévitablement à la domination des singes. Le premier affrontement qui prend place dans la seconde moitié du film s’avère tout aussi convaincant qu’intense et l’ascension de Koba donne quelques frissons de colère devant tant de bêtise que l’on croyait réservée à l’homme. C’est d’ailleurs un peu le principal message du film : les mêmes vices guettent la société des singes et des hommes. De ce côté, Reeves atteint ses objectifs et livre une copie des plus satisfaisantes. Il n’oublie d’ailleurs pas de rendre un petit hommage au précédent volet avec cet arrêt à la maison des Rodman et son grenier désormais mythique. Si le film avait eu l’impact émotionnel qu’il possède dans cette courte séquence entre César et Malcolm, nul doute qu’il aurait transcendé ses intentions.


    Assez réussi, La Planète des singes : l’Affrontement n’évite certes pas quelques facilités commodes (comme défendre San Francisco en cœur de ville et non devant le Golden Gate) ni quelques erreurs (tout le versant humain en fait) mais arrive finalement, grâce à une belle réalisation et une description fascinante de la société simiesque, à happer son public.
    Un bon blockbuster de l’été en somme, tout le contraire d’un Transformers.

    Note : 8/10

    Meilleure scène : César et Malcolm dans le grenier des Rodman


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  • Dans la foulée des films d’horreur à petit budget tels que Paranormal Activity ou Blair Witch, American Nightmare (critiqué ici) avait connu un petit succès en salles l’année dernière. Malgré sa flagrante médiocrité, il n’en fallait pas davantage pour commander une suite à son réalisateur, James DeMonaco. En reprenant la recette du premier volet, à savoir la Purge Annuelle, DeMonaco tente de varier les plaisirs en sortant ses protagonistes du carcan de la maison de banlieue pour les faire vadrouiller à l’air libre. Malheureusement, ce choix scénaristique ne change pas grand-chose à la qualité globale du métrage...

    La purge approche à grands pas. Dans toute l’Amérique, les gens se préparent en se barricadant ou en s’armant selon les plaisirs qu’ils ont choisis. Alors que la contestation monte (Jusqu’à une émission de télé-pirate avec un Noir façon Black Power, c’est dire !), Eva et Cali fortifient leur appartement pour abriter leur père malade. En pleine ville, Shane et Liz font leurs dernières emplettes avant d’aller se retrancher chez eux... mais tombent en panne en pleine ville à quelques minutes du début des festivités (Ca c’est drôle !). Reste Léo, un homme seul qui a décidé de se la jouer cow-boy en allant se venger pendant la Purge. Pendant une nuit de chaos, les destins de ces différents personnages vont se croiser pour le meilleur et surtout pour le pire.

    Sur le papier, l’idée de la Purge pouvait passer pour intéressante... Pouvait... Seulement en réalité, non seulement la chose est explorée n’importe comment mais en plus elle s’avère intrinsèquement débile. Il est impossible de faire croire au spectateur qu’on puisse laisser joyeusement tout le monde s’entretuer pendant une nuit entière et d’arriver ensuite à regagner le contrôle de la situation. Sans même penser aux multiples vengeances que cela entraînerait. Dans ce second volet, DeMonaco insiste sur le côté « juguler la population permet des économies » mais en même temps vu qu’ils détruisent tout pendant la nuit, on se demande bien comment cette balance est viable. Ainsi, et encore une fois, la base même du film plombe d’emblée le récit. Pourtant, au-delà du concept, le réalisateur se croit obligé de nous livrer une histoire totalement caricaturale.

    American Nightmare 2 se contente de marteler un message simpliste : d’un côté vous avez les gentils pauvres noirs (bon y’a quelques blancs mais ils sont cons, ça compte pas) et de l’autre les méchants riches blancs (et bien blancs, avec l’air pincé et tout). On assiste au fur et à mesure de l’avancée du récit à une surenchère hallucinante sur ce même thème. Le point culminant est atteint par l’hallucinante séquence style Battle Royale – Hunger Games (enfin quelque chose dans le genre mais dans une unique pièce) pour le bon plaisir d’un parterre de riches bien bien riches (donc avec une vieille harpie, obligatoire la vieille chez les riches). Tout est exagéré et le propos de lutte des classes semble tout droit sortir d’un manifeste de parti d’extrême gauche. DeMonaco prouve encore une fois qu’il a autant de subtilité qu’un éléphant et fait définitivement dérailler tout son métrage.

    Pourtant, le changement de cadre apporte un mieux au film. Une des interrogations sur le précédent opus (hormis les raisons budgétaires) était de savoir pourquoi choisir un huis-clos pour un tel sujet ? American Nightmare 2 installe cette fois son action en milieu ouvert (à savoir les rues du centre-ville) et profite mieux de ses possibilités avec quelques bonnes scènes de fusillades. Rien d’extraordinaire, mais c’est certainement le seul bon point du film, tenter d’apporter un poil de fun. Ce n’est d’ailleurs pas les acteurs recrutés qui feront illusion, même ce pauvre Zach Gilford qui semble ne pas trop savoir ce qu’il fait là. Et comme on se fout de la plupart des personnages vu qu’ils incarnent des stéréotypes déjà vu mille fois ailleurs...

    Non, American Nightmare 2 : Anarchy ne peut définitivement pas nous faire changer d’avis sur le talent de James DeMonaco. Il peut tout au plus distraire légèrement plus que le lamentable précédent volet, mais sa propension à accumuler les clichés et la caricature dégoûte définitivement de l’univers. Une nouvelle purge en somme.

    Note : 2/10

    Meilleure scène : La sortie des diverses factions pour le début de la Purge


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  • Ablations

    Sur une idée de Benoît Delépine, un grolandais, Arnold de Parscau a construit son premier long-métrage qu’il a même réussi à emmener jusque Gerardmer. Illustre inconnu, De Parscau réalise ici son premier film après deux courts. Imaginez un peu : un homme se réveille un beau matin au bord de la rivière sans aucun souvenir - ou presque - de la nuit passée. En rentrant à sa chambre d’hôtel, il s’aperçoit qu’il porte une cicatrice à hauteur d’un rein... avant de constater qu’on l’a bel et bien drogué pour lui voler l’organe en question. Pastor contacte alors sa maîtresse Anna, également médecin, pour trouver conseil. Pendant ce temps, un couple de personnages inquiétants, Wortz et son assistante, écume les campagnes pour trouver de nouvelles victimes. Obsédé par sa mésaventure, Pastor se met en tête de retrouver ses agresseurs coûte que coûte.

    Si l'on peut relever un bon point dans le film de De Parscau, c’est sa réalisation. Soignée et dans l’ensemble très correcte, elle possède même quelques fulgurances dans les scènes d’hallucinations-rêves de Pastor où son obsession morbide rejoint ses pulsions primales enfouies. Passé ce constat, Ablations est d’un ridicule consommé. D’abord parce que jamais le métrage ne trouve le ton adéquat pour son sujet. On se demande si le récit se veut humoristique ou dramatique, inquiétant ou délirant... A tel point que seules 2-3 scènes affichent clairement leurs intentions – la tente Quechua par exemple... Le reste du temps, le spectateur s’interroge sur les intentions du réalisateur sans quasiment jamais les percer à jour.

    La faute à un script bordélique de Benoît Delépine qui s’éparpille non seulement au fur et à mesure de l’histoire, mais aussi et surtout par son ridicule traité avec un sérieux papal. Comment trouver deux secondes crédible l’histoire d’un homme qui ne va même pas directement aux urgences après avoir découvert qu’on lui a volé un rein ? Et la réaction de son amie médecin (tiens on va faire un scanner en cachette... et Ho c’est ballot on t’a volé un rein... bon tant pis quoi) ? Et la montagne d’absurdités qui s’accumule tout du long ? Parce que le ridicule ne se limite pas aux réactions de Pastor (toutes plus débiles les unes que les autres) mais aussi au pseudo-couple de chirurgiens du dimanche à mi-chemin entre fanatiques religieux et bons samaritains extrémistes (on ne le comprend qu’à la toute fin). Yolande Moreau et Philippe Nahon se voient attribuer des personnages invraisemblables et pas crédibles une seule seconde... Dès lors, rien ne tient debout, rien du tout.

    Pire encore, le déroulement du récit s’enlise, et part dans tous les sens. Entre une enquête aussi nerveuse que le dernier épisode de Derrick, une victime qu’on ne cerne jamais et pour laquelle on éprouve aucune empathie et des coq-à-l’âne incompréhensibles (le lien tenu avec le manager de foot, encore une fois totalement débile). Bref, plus le film avance, plus on décroche dans cet imbroglio que De Parscau ne sait pas démêler lui-même. Entre la sous-intrigue de la femme de Pastor et sa maîtresse, qui n’a rigoureusement aucun intérêt, ou la visite chez le médecin privé de licence ou une histoire de vols d’organes sur enfants qui tombe par on ne sait quel miracle là-dedans... Franchement, on ne comprend définitivement plus ce qu’a voulu tenter De Parscau... Même le thème de la folie, assez évident avec le recul, est traité par-dessus la jambe et déjà bien mieux géré ailleurs. Reste un Denis Ménochet convaincant mais perdu au milieu de ce grand n’importe quoi.

    Après une fin aussi farfelue et à côté de la plaque que tout le long-métrage, Arnold de Parscau achève de convaincre son public qu’il n’aurait jamais dû se lancer sur un scénario aussi saugrenu et mal géré (sans parler de certains cabotinages d’acteurs intolérables). Il n’y a rien à ajouter sur Ablations si ce n’est qu’on vous le déconseille fortement. 

    Note : 1.5/10

    Meilleures scènes : Les hallucinations de Pastor


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  • On prend les mêmes et on recommence. 2 ans après, le trublion Gareth Evans remet le couvert avec une suite à son film d’action au succès retentissant : The Raid (critiqué ici). Pas grand-chose ne change dans la recette générale : des combats percutants, un scénario prétexte et des acteurs motivés. Sauf qu’Evans tente tout de même de s’améliorer et ça se sent, c’est pourquoi The Raid 2 sort avec un buzz très positif qui rassure clairement quant à la possibilité d’un simple copier-coller du premier. Le film d’action Indonésien a-t-il trouvé un nouveau mètre-étalon ?

    Après la mort de son frère des mains du terrible Bejo, Rama se voit forcé de rempiler après les terribles événements de Jakarta. Pour se faire, il va devoir se faire enfermer avec Uco, héritier d’un puissant parrain du crime indonésien, pour gagner sa confiance et infiltrer l’organisation criminel en tant qu’homme de main. Laissant derrière lui sa famille, Rama va pénétrer dans un monde où la violence règne en maître et où le fragile statu quo entre chinois et indonésiens risque à tout moment de voler en éclats sous les complots orchestrés par Bejo.

    Si l’on a retenu deux choses de The Raid premier du nom, c’est bien sa faiblesse scénaristique et sa maestria visuelle. Evans, bien conscient de cela, tente de repenser son film et d’organiser une sorte d’intrigue mafieuse où vengeance et trahison font bon ménage. Bien entendu, on est loin des ténors du genre – dont il pompe allégrement divers éléments – et le scénario se perd un peu sur une durée faramineuse de 2h30. Pourtant, l’effort se perçoit et les personnages prennent un peu plus de consistance, aussi relative soit-elle pour un film d’action. On ne va pas attaquer trop frontalement le récit, trop long, trop confus parfois et parsemé de personnages archétypaux, ce serait tirer sur l’ambulance. Mais même si Evans se prend les pieds dans le tapis avec toutes ses sous-intrigues, il amène quelques scènes dantesques avec lui et fait un peu oublier le retournement de situation final prévisible au possible. Car si The Raid 2 s’est amélioré niveau scénario, il a aussi franchi une nouvelle étape visuelle et l’Indonésien livre une copie inspirée et classieuse au possible.

    L’action dans The Raid, c’est un peu comme le mélo dans la comédie romantique, c’est tout le sel du film. Evans a un don vraiment inné pour monter des scènes de bastons épiques et jubilatoires pour le spectateur. Sa caméra filme avec une bien meilleure lisibilité qu’auparavant tout en conservant cette capacité à saisir les instants chocs et secs des combats. La première grande scène, dans la cour de la prison, est quasiment une leçon de mise en scène, jouissive au possible et aussi brutale que stylisée. D’autres suivront, beaucoup. Et Evans pousse les choses à fond... jusqu’à une improbable séquence où s’unissent gunfight, course-poursuite et combat à mains nues. Totalement démentiel on vous dit. Ce qui est drôle, c’est que le Mad Dog du premier volet a fait des émules (sans parler que l’acteur l’incarnant est de retour grimé sous les traits du délicieux Prakoso, de loin le personnage le plus cool du film). Dès lors, The Raid 2 se transforme en une succession de fights d’anthologies contre ce que l’on pourrait qualifier de boss de jeux vidéo (les amateurs de Street of Rages apprécieront).

    De la fille au marteau au mec aux crochets en passant par celui à la batte de base-ball, inutile de dire que ces personnages n’ont rigoureusement aucun background... mais Evans se sert de leur esthétisme pour les incarner. Ce qui n’est d’ailleurs pas une mauvaise idée en soi pour ce type de long-métrage. Ce qui est saisissant par contre, c’est que face à cette surenchère, notre héros, Rama, fait un peu pâle figure. Alors oui, on sait que dès qu’il rentre dans une pièce avec tel ou tel objet, ça va faire très mal, mais son look reste des plus banals. Heureusement, son jeu d’acteur s’est lui aussi un peu amélioré et a certainement gagné en maturité, Iko Uwais assure ce qu’il faut pour son rôle de combattant revanchard. Impossible non plus d’oublier Yayan Ruhian (le Mad Dog du premier), seul personnage un peu travaillé (c’est dire) et qui possède un charisme indéniable, même en habits de clochard.

    The Raid 2 ne réserve pas de grandes surprises à son public. Ceux qui ont aimé le premier, adoreront le second, les autres par contre resteront toujours aussi hermétiques. Cependant, pour un film d’action, c’est clairement le haut du panier et même un non-amateur devra prendre sa petite claque devant certaines scènes (ce plan dans le métro style Old Boy) sans parler du fait qu’Evans s’améliore et fait clairement des efforts à tous les niveaux. On attend juste que le bonhomme trouve un scénariste digne de ce nom pour vraiment obtenir du lourd. En attendant, vous savez ce qu’il vous reste à faire...

    Note : 7/10

    Meilleure scène : La bataille dans la boue de la prison


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  • Boyhood


    C’est en rencontrant le tout jeune Ellar Coltrane à ses 6 ans que le réalisateur Richard Linklater – à qui l’on doit A Scanner Darkly ou plus récemment Before Midnight – décide de réaliser un film exceptionnel. Son idée ? Filmer une cellule familiale sur douze années de vie, de 2002 à 2013, et raconter l’enfance d’un jeune garçon, Mason. Primé au festival de Berlin avec rien de moins que l’Ours D’argent du meilleur réalisateur, Boyhood arrive sur nos écrans avec une réputation flatteuse. Que vaut réellement ce film-fleuve à la durée impressionnante de 2h45 ?

    Mason a six ans. Il vit avec sa sœur, Samantha et sa mère, Olivia. Son père, lui, ne lui rend visite qu’occasionnellement pour une virée festive. Mason va vite apprendre que la vie présente ses épreuves et ses détours, mais aussi des moments de joie et de bonheur. Pendant près de douze années, le jeune garçon va devenir un jeune homme accompli et passer entre les mailles du destin. Il découvrira l’amour mais avant toute chose il apprendra ce que signifie devenir adulte.

    Portrait soigné et minutieux de la vie ordinaire – ou presque – d’une famille américaine, Boyhood étonne par sa sobriété et sa subtilité. Linklater prend un peu à contrepied les attentes du spectateur et ne s’embarque pas tant dans une histoire dramatique – la piste sur le beau-père alcoolique par exemple – que dans une histoire tout court. En jonglant avec divers registres, de l’humour à la tragédie, Linklater refuse de se cantonner à un thème autre que celui de montrer Mason grandir. Car c’est bien là que réside en réalité le centre du film, ce n’est ni dans les aventures malheureuses d’Olivia ou dans les regrets de Mason Senior, ce qui importe c’est le regard que porte le jeune garçon sur les étapes de sa vie et sur ceux qui l’entourent. Sans jamais verser dans le patho et avec une intrigue finalement d’une banalité étonnante, Linklater délivre un portrait quasi-universel.

    En explorant les coups durs de l’adolescence par exemple, ou le rapport complexe entre une mère seule et son enfant, voire pire entre un père fantomatique et son garçon. Même si la grande sœur Samantha – extraordinaire Lorelei Linklater – prend parfois une place importante, elle ne constitue qu’une brique de l’existence de Mason. Le réalisateur possède le talent nécessaire pour effacer ses autres trames derrière celle, primordiale, de Mason. Ainsi, le film acquiert une saveur toute particulière. Le récit se fait doux-amer avec ce temps qui passe, et toute une génération se reconnaît dans les yeux de Mason. D’une chanson de Britney Spears à une partie d’Halo en passant par des épisodes de Dragon Ball Z, c’est un peu toute une époque qui défile autour du garçon et devant le spectateur. Linklater, doucement, se fait témoin du changement.

    Ce changement qui reste toujours le moteur du film. Qu’il ait recours à des ressorts dramatiques – le départ précipité de la maison du beau-père – ou plus tendres – les cadeaux d’anniversaire des grands-parents – c’est le changement qui gouverne Boyhood. On voit avec plaisir évoluer physiquement et psychiquement Mason, et sans s’en rendre compte, chacun se souviendra de telle ou telle étape de sa propre existence. Jamais Linklater n’a la mauvaise idée de s’enfermer dans un carcan scénaristique. Il aurait été très facile de plonger tête la première pour filmer les affres d’un mari violent ou ses conséquences sur les enfants. Mais il n’en est rien. Ces moments-là passent, marquants certes, mais avant tout pour être remplacés et aller de l’avant, comme le fait Mason. Le plus remarquable dans Boyhood, c’est cela, cette capacité à se focaliser sur le temps qui passe et non pas à s’acharner autour d’un évènement en particulier. De cette façon, le film atteint tous ses objectifs.

    En y rajoutant une BO magnifique et quelques fulgurances – comme Olivia pleurant seule dans le silence total lors du départ de son grand garçon – Linklater touche au plus juste et finit par poser la question essentielle et fondamentale du métrage : A quoi bon la vie ? A quoi bon tout ça ? Et Mason Sr de répondre avec pragmatisme qu’il n’y a aucune raison. Parce que c’est un peu ça le message de Boyhood, il arrive une flopée de bons et de mauvaix choix dans une vie, comme il se passe une foule de choses agréables ou non, mais en définitive, c’est le temps, cette horloge implacable qui efface et remporte tout sans autre explication. Dès lors, tout peut recommencer, à bord d’une voiture sur l’air de Hero de Family of the year, fuyant le passé pour mieux se construire un futur, les yeux dans le ciel, côte à côte avec une autre étincelle d’humanité. Une humanité dont ne manque jamais Boyhood et qui, finalement, emporte tout sur son passage, comme un tsunami irrésistible.

    Plus qu’une réussite, le pari de Linklater émeut profondément. Avec cette subtilité et cette humilité qu’on n’attendait pas forcément, le réalisateur sublime une histoire banale pour en faire une ode douce-amère à propos du temps, ce grand sablier qui laisse s’écouler sur près de 2h45 les grains de vie de l’enfance de Mason. Tout cela sans jamais ennuyer. Chapeau.

    Note : 9/10

    Meilleure scène : Olivia qui craque dans le salon


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  • Albert est un brave gars de L’Ouest. Non. En fait Albert est un lâche doublé d’un looser. Alors même qu’il refuse de prendre part à un duel, sa petite amie Louise décide qu’elle en a assez de lui et le plaque pour un autre, l’arrogeant expert en moustaches, Foy. Par un heureux hasard, Albert va tomber sur une mystérieuse étrangère récemment installée en ville : la superbe Anna. Celle-ci lui propose alors de tout tenter pour récupérer son ancienne compagne. La seule chose que ne sait pas Albert, c’est qu’Anna est aussi la femme du plus dangereux bandit du Far West, le fameux Clinch. Fréquenter Anna n’est peut-être pas la meilleure idée qui soit...

    Seth McFarlane ne se présente plus. Extrêmement connu aux Etats-Unis pour ses deux séries animées auxquelles il prête également sa voix dans l’impertinent American Dad sans oublier les Griffins, il avait en plus enregistré un gros succès au cinéma avec Ted, l’histoire d’une peluche parlante pas vraiment pour enfants. Pour son second long-métrage, il s’essaie à deux nouvelles choses : interpréter lui-même son rôle-titre et déplacer son intrigue dans le Far West. En rassemblant Liam Neeson, Charlize Theron ou encore Amanda Seyfried, McFarlane a de beaux atouts dans sa manche pour offrir une nouvelle comédie hilarante. Le souci c’est qu’A Million Ways to Die in the West (traduit certainement par un publicitaire drogué en France en Albert à L’ouest) est très loin de son ainé.

    La première chose qui choque dans Albert à L’ouest, c’est sa réalisation bâclée. Même si elle tend à s’améliorer vers la dernière partie, l’intégration des décors et des FX combinée aux cadres choisis par Seth McFarlane s’avèrent des plus médiocres. Certaines scènes en intérieurs font tellement fausses que l’on en perd tout intérêt pour ce qui se passe à l’écran. Mais au-delà de cet aspect purement technique, Albert à L’ouest accumule les tares entre son scénario, ses personnages et son humour. Jamais le film ne profite de son postulat (inclus dans le titre VO), à savoir les façons dont l’on peut mourir dans l’Ouest Américain. Cette piste, pourtant prometteuse, se limite à une énumération fastidieuse d’Albert en début de métrage ainsi que deux trois scènes-gags où un homme meure d’une façon horrible et souvent sans raison. Là où les Monty Python auraient pu faire quelque chose d’absolument génial avec ce concept de base, Seth MacFarlane n’a pas du tout le même talent ni le même humour.

    Celui-ci était assez borderline dans Ted, oscillant entre le gras assumé et le transgressif avec plus ou moins de bonheur. Dans Albert à L’Ouest, tout est amplifié et l’humour n’y échappe pas. On se retrouve face à des gags qui ne frôlent même pas le niveau des pâquerettes. Basé presque entièrement sur le registre pipi-caca, il en devient tellement lourd qu’on est presque embarrassé de voir ce qui se passe à l’écran (comme la séquence à la fois archi-convenue et d’une médiocrité affligeante où Foy se vide dans des chapeaux de cow-boys). Le pire, c’est que MacFarlane pense judicieux d’appuyer son humour gras par les personnages qui se trouvent à l’écran. On assiste alors à des séquences désolantes comme celle où Albert crie à son ami que c’est tellement drôle et horrible à la fois cet homme écrasé par le bloc de glace en se tenant le ventre et en tapant des pieds. Bien sûr, il reste quelques instants drôles, comme de voir Neeson se faire ridiculiser, mais franchement même le couple Edward-Ruth qui semblait avoir un gros potentiel comique s’englue dans une bouillie affligeante et répétitive.

    L’autre immense problème d’Albert à L’Ouest, c’est Seth MacFarlane. Jusqu’ici, il se contentait de faire la voix de certains personnages (Ted par exemple) mais il décide cette fois de faire l’acteur en chair et en os, et pas n’importe lequel puisqu’il s’arroge le rôle-titre. Là où le bât blesse, c’est qu’il est simplement un mauvais acteur qui alterne des séquences de surjeu éhontées avec une inexpressivité consternante. Dès lors, Albert finit rapidement par emmerder le spectateur royalement sans compter que son histoire n’a rien de passionnant. L’originalité de Ted se situait dans cette peluche vivante et vulgaire, mais dans Albert à L’Ouest, il n’y a rigoureusement rien d’original. Le récit s’avère on ne peut plus balisé, avec un héros looser qui perd une petite amie au profit d’un prétentieux patenté (Le pauvre Neil Patrick Harris condamnée à rejouer une resucée époque cow-boy de son personnage d’How I Met) avant de rencontrer une beauté qui va tomber amoureux de lui parce qu’en fait c’est un gentil gars. On vous laissera la « surprise » de la fin, mais franchement tout est attendu, tout est conventionnel et prévisible. Seul le passage chez les Indiens fait preuve de quelques originalités avec une séquence animée absurde au possible (mais aussi terriblement moche). On passera rapidement sur le reste, à savoir une Charlize Theron certes magnifique mais en mode automatique, ou une tripotée de personnages secondaires qui ne servent à rien.

    Alors oui, celui qui a traduit le titre d’A Million Ways to Die in the West n’était pas si loin de la vérité. Albert à l’Ouest est vraiment un film à l’Ouest. Il a quasi tout faux et condamne tous les espoirs que l’on avait pour Seth MacFarlane au cinéma.
    A éviter, carrément.

    Note : 2.5/10

    Meilleure scène : Le caméo d'un certain Doc'


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