• Bien plus connu pour son rôle de Moss dans la série IT Crowd, Richard Ayoade est également réalisateur. Après Submarine en 2010, l’anglais récidive avec un film aussi inattendu qu’étrange : The Double. Inspiré du roman de Fiodor Dostoïevski, Le Double, le long-métrage mise sur l’humour britannique et deux acteurs reconnus : Mia Wasikowska et Jesse Eisenberg. Par un hasard du calendrier, le film se retrouve presque côte à côte avec un récit profitant du même postulat : Enemy de Dennis Villeneuve. Pourtant, loin de faire dans la redite, les deux histoires envisagent le problème du double par un traitement bien différent. The Double choisit ainsi un ton plus comique mais aussi, plus mystérieux.

    Simon travaille dans une grande entreprise. Timide et plutôt renfermé, il en pince pour Hannah du service photocopie. Malheureusement, celle-ci ne partage pas du tout ses attirances. Alors qu’il met consciencieusement au point un projet capable d’améliorer le rendement de sa firme et donc de s’attirer les bonnes grâces de son patron, le « colonel », Simon voit débarquer un nouvel employé. Energique, sûr de lui, rusé et charmeur, ce nouveau collègue, James, va aider Simon à sortir de son anonymat. Pourtant, Simon est troublé...car James a une particularité : il lui ressemble trait pour trait. Lorsqu’il tente d’usurper sa vie, les choses tournent mal.

    The Double est un film atypique. Il se construit autour de la personnalité effacée de Simon, incarné par un brillant Jesse Eisenberg. Presque un anti-héros, Simon vit dans un quasi-anonymat, ignoré par le vigile alors qu’il se présente tous les jours, à peine remarqué par son chef de service et pire, royalement ignoré par celle qu’il aime en secret, Hannah. Attachant par sa fragilité et sa balourdise, Simon n’est pourtant pas l’élément le plus frappant du long-métrage. Là où l’on s’attendait à quelque chose d’assez conventionnel, Ayoade imagine un univers très noir et désespérant, sorte de dystopie étouffante où les barres d’immeubles embrumées cachent des suicidaires en puissance, et où les entreprises ressemblent bien plus à des mini-dictatures qu’autre chose. Très sombre, le film du britannique convoque un peu du Brazil de Terry Gilliam avec lequel il partage l’amour pour des technologiques de pointe faites de bric et de broc, et surtout une description très brumeuse de l’entreprise dite moderne. On ne sait jamais réellement le but de l’employeur de Simon, ni même avec précision à quoi il sert dans l’entreprise. Cet épais voile de mystère qui enrobe l’ensemble du long-métrage donne une tonalité inquiétante et déroutante au récit, et si l’humour tranche à certaines occasions, il reste moins marqué que dans Brazil, créant ainsi une ambiance plus oppressante encore.

    Au-delà de ce simple aspect « background », extrêmement enthousiasmant au demeurant, The Double voit l’affrontement de deux « individualités » : celles de James et de Simon. James incarne tout ce que Simon n’est pas, et s’il nous parait immédiatement sympathique, c’est pour mieux mettre en abyme l’effet premier qu’il produit sur Simon et ses collègues de travail. Ayoade démontre que ce n’est pas l’apparence qui compte mais purement et simplement le magnétisme, le charisme d’une personne. Pourtant physiquement identiques, les deux hommes n’ont rien en commun au niveau de la personnalité – ce qui est impeccablement rendu par Eisenberg. Le réalisateur britannique souligne ici l’importance de la communication et du langage corporel. Plus loin, et plus sournoisement, il joue avec le spectateur et l’embrouille sur la nature de James : Est-il un double imaginé par Simon ? Est-il un véritable personnage lié par un quelconque lien fantastique à Simon ? Ayoade ne tranche jamais et nous laisse décider, préservant cette ambiance surnaturelle qu’il a mis tant de temps à installer. En assumant son parti-pris jusqu’au bout, on peut dire que le britannique réussit son pari de l’étrangeté.

    Outre la dystopie, ce qui captive également dans The Double, c’est la capacité d’Ayoade à glisser lentement dans un vrai cauchemar pour son personnage principal et de jouer sur une peur commune à tous : celle du remplacement, et notamment en amour. Mia Wasikowska incarne une Hannah crédible, jeune femme évanescente tantôt suicidaire tantôt rêveuse. Son interaction avec James permet de confronter le spectateur à une peur primale, celle de se voir supplanter par un individu meilleur mais qui, paradoxalement, nous ressemble énormément. Une peur toute schizophrénique mais qui culmine pourtant avec la scène du restaurant, glacialement géniale. Rapidement, le remplacement ne se limite plus à l’espace amoureux mais aussi au versant professionnel pour finir par l’aspect le plus dérangeant, le microcosme personnel. En fin de compte, James supplante Simon, même aux yeux de sa grand-mère. Ayoade marie avec un talent évident le registre comique avec l’angoisse latente de son histoire. Il en résulte une intrigue certes brumeuse, mais véritablement originale et percutante.

    Sorte de fils bâtard de Brazil, The Double constitue une très bonne surprise qui aborde de façon inattendue la thématique du double grâce à son univers dystopique dérangeant et au talent insolent de Jesse Eisenberg.
    Une curiosité à découvrir.

    Note : 8/10

    Meilleure scène : Le restaurant avec Hannah


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  • Arnaud et Victor viennent de perdre leur père et se voient dans l’obligation de reprendre l’entreprise familiale. Chez un de leurs clients, ils font la connaissance de Madeleine, une jeune fille au caractère bien trempé et qui n’a qu’une obsession : intégrer un corps d’élite de l’armée française. Pour se faire, elle décide de tenter un stage de formation militaire de 15 jours chez les Dragons. Fasciné par le magnétisme sauvage de la jeune fille, Arnaud décide de la suivre. Il va alors découvrir une adolescente pas comme les autres et vivre une expérience unique loin de tout ce qu’il avait pu imaginer.

     Présenté au Festival de Cannes 2014 dans la Quinzaine des Réalisateurs, Les Combattants est un premier film français de Thomas Cailley, qui n’avait jusque-là œuvré que sur des courts-métrages. Il choisit d’aborder l’amour, l’adolescence et le dépassement de soi d’une façon originale et fraiche, tout en donnant les rôles principaux à de jeunes acteurs pas forcément très connus. Précédé par un buzz très positif et mis en valeur par une bande-annonce des plus accrocheuses, Les Combattants rassemble tous les ingrédients pour appâter le spectateur en quête d’inattendu. 

    Les Combattants est, avant toute chose, un film drôle. Mais heureusement pas comme une comédie lambda à la française, où l’on cherche désespérément à nous faire rire toutes les cinq minutes avec des gags vaseux. Thomas Cailley fait preuve d’un humour tantôt subtil tantôt caustique avec le portrait de Madeleine, une adolescente totalement hors-norme, avec un répondant hallucinant et incarnée à la perfection par la jeune Adèle Haenel, véritable révélation du long-métrage. Ce personnage au caractère bien trempé et bien barré sert de pivot au récit de Cailley, qui arrive à nous attacher à ses deux principaux protagonistes avec une rapidité étonnante. Car de l’autre côté, Arnaud, même s’il reste plus conventionnel, est un jeune homme attendrissant et drôle. Le contraste entre la rudesse et l’énergie de Madeleine d’une part, et le flegme d’Arnaud d’autre part, crée non seulement un décalage comique, mais donne une dimension humaine et crédible à ce couple improbable.

    On peut, il est vrai, prendre Les Combattants comme un film d’amour. Mais dans ce cas, c’est un des films d’amour français les plus atypiques depuis un sacré bout de temps, non seulement pour les deux « tourtereaux » mais également pour leur parcours dans le film. Tomber amoureux pendant un stage militaire n’est pas donné à tout le monde. En refusant de céder aux clichés habituels, Cailley offre une vision plus authentique et terriblement touchante au fond. Il se permet même, en jouant avec cette séquence d’incendie et l’obsession d’apocalypse de Madeleine, de donner un côté prince charmant moderne à Arnaud, sans pour autant briser le féminisme revendiqué de Madeleine. De même, jamais le réalisateur ne juge la jeune femme ou le jeune homme, il se contente de nous confier cette tâche avec une simplicité désarmante. Entre les entraînements de Madeleine et le monde militaire, impossible de ne pas adhérer au délire de ces deux doux-dingues.

    En prime, le long-métrage prend un malin plaisir à se moquer rudement du monde militaire français. Encore une fois, Cailley n’est pas frontal, il trouve même des qualités à cet environnement – l’esprit d’équipe par exemple – mais se paye rapidement la tête de cette armée loin des mythes qu’elle entretient, où l’on mange frites et flamby au calme, au grand dam de Madeleine. De même, le réalisateur français apporte son modeste petit message, sur le refus d’être le mouton bêlant qui suit le troupeau – la séquence cultissime de la grenade – et finit par une tranche de vraie survie qui, même si elle tourne court, célèbre le dépassement de soi et l’envie d’aller là où les autres ne vont pas, en passant outre les préjugés et les critiques. Pas si mal pour un premier film !

    Grâce à son authenticité savoureuse, à son humour savamment dosé et à ses deux acteurs géniaux, Les Combattants décroche la palme du film sympathique qui va au-delà des espérances.
    Un vrai moment de bonheur à consommer sans modération.

    Note : 8/10

    Meilleure réplique : « C’est courageux, moi je l’aurais pas fait »

    Meilleures scènes : Le grenade dans le réfectoire – L’incendie – le final


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  • C'est le retour du court-métrage avec Tears of Steel, une histoire de SF entre poésie et comédie...et avec un acteur que les fans de Poltergeist (la série) auront plaisir à retrouver !


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  • Auteur français génial, Timothée Rey est également un écrivain effrayant. Pourquoi, me direz-vous. A-t-il une apparence monstrueuse ? Mange-t-il des enfants au petit-déjeuner ? Vénère-t-il Justin Bieber ? Heureusement, non. Si Timothée Rey est à la fois effrayant et génial, c’est que ses écrits ne ressemblent à nuls autres et nous emmènent dans un monde souvent absurde et improbable comme il l’a prouvé avec le farfelu recueil Des Nouvelles du Tibbar aux Moutons Electriques (jetez-vous dessus que l’on vous dit !) ou l’étrange Dans la forêt des Astres au même éditeur (jetez-vous aussi dessus). Malgré un univers bien à lui et auquel il faut laisser du temps pour s’installer, Rey est un conteur génial qui excelle dans la forme courte. Et avant de parler dans une prochaine critique de son premier roman Les Souffles ne laissent pas de traces, nous allons nous intéresser à son mini-recueil paru uniquement en numérique chez les éditions ActuSF, à savoir La providence du Reclus.

    En regroupant 3 nouvelles dont deux inédites, ActuSF et Timothée Rey nous présentent une nouvelle facette du travail de l’écrivain, à savoir le fantastique mâtiné d’horreur. Pourtant, comme nous le verrons, Rey ne renie pas toutes ses manies, et notamment son humour absurde et pince-sans-rire. Bien sûr, l’horreur est un genre assez balisé, vu et revu dans bien des œuvres, qu’elles soient cinématographiques ou littéraires. Que peut apporter de plus notre auteur savoyard ? Justement, une atmosphère et un paysage bien français. Ainsi, dans sa toute première histoire, La Providence du Reclus, écrite à l’origine pour une anthologie sur Lovecraft, il nous entraîne sur les pas d’un homme originaire d’Annecy, qui tente d’élucider une énigme laissée par son grand-père Dédé, quant à la venue de deux mystérieux voyageurs dans son hôtel, le Vieux-Logis. En effet, personne n’a jamais parlé d’un voyage de Lovecraft en France, et encore moins dans la ville d’Annecy, mais c’est bien ce qu’a déclaré maintes fois Dédé. Hommage à l’homme que tous les aficionados de l’horreur littéraire connaissent, le récit est aussi court qu’excellent, Rey arrivant avec une stupéfiante facilité à tisser une atmosphère terrifiante tout en gardant clins-d‘œil et arrière-goût comique à son histoire de gastéropodes... Quand on vous dit qu’il s’agit d’un écrivain français ! La Providence du Reclus fait déjà la part belle à la région de Haute-Savoie, celle d’origine de l’auteur (tiens donc...), et permet ainsi de donner une certaine originalité à l’hommage. Malgré la nature improbable de la créature qui se terre au numéro 17, vous allez trembler (et baver aussi... peut-être) !

    Vient ensuite l’autre très courte nouvelle du recueil, Naseaux Fumants, où Fernand se rend compte que la légende de la Massive, une créature de l’hiver qui tue vaches et chiens égarés dans les hauteurs de Le Murgier, n’est peut-être pas si absurde. En sus de capturer à nouveau une atmosphère « franchouillarde » unique, Rey profite également d’une époque reculée (1900) pour saper les nouveaux enseignements scientifiques de l’époque en leur opposant le folklore et les superstitions locales. Plus tendue mais aussi plus rapide que la précédente, l’histoire de Naseaux Fumants arrive également à ses fins et permet un petit sursaut horrifique avant d’attaquer le gros morceau du recueil : Trente-six, dix-neuf. Plus longue nouvelle de l’e-book, le récit de Trentre-six, dix-neuf raconte l’histoire de Nicolas, un doctorant en folklore, et Audrey, sa femme, qui tentent de percer les mystères des mythes savoyards et notamment celui des Naroue. Timothée Rey déploie ici tout son talent pour faire jaillir l’horreur de superstitions locales savoyardes en faisant lentement monter en régime son récit, en instillant le doute dans l’esprit de son lecteur, pour finir par faire éclater l’horreur des naroue et de leurs interactions avec les villageois. Maitrisé de bout en bout, Trente-six, dix-neuf jouit d’une atmosphère formidable grâce à ce bout de Haute-Savoie profonde, mais aussi de créatures terrifiantes savamment utilisées dans le récit de façon à agencer la coutume des masques et de la comptine de façon crédible. A elle seule, cette dernière nouvelle mérite l’acquisition du recueil.

    Si vous voulez poser un pied en douceur dans l’univers de Timothée Rey ou découvrir un autre versant de l’œuvre du français, ou simplement lire trois excellents récits d’horreur bien de chez nous, nul doute que La providence du Reclus est fait pour vous. Et à 2.99 euros, vous n’avez plus aucune excuse !

    Note : 8/10

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  • Premier « vrai » film de Jake Paltrow – le frère de GwynethYoung Ones se risque au pari de la SF. Jusqu’ici, Paltrow n’avait réalisé que des épisodes de séries et un obscur petit film, The Good Night. Avec Young Ones, il rassemble une superbe galerie d’acteurs – Michael Shannon, Elle Fanning, Kodi Smith-McPhee et Nicholas Hoult – pour livrer une histoire post-apocalyptique aux prétentions modestes. Sans grande débauche d’effets spéciaux ou bataille tonitruante, le jeune réalisateur arrive pourtant à tirer son épingle du jeu avec ce long-métrage qui constitue en réalité une bonne petite surprise.


    Dans un futur relativement proche, la sécheresse s’est abattue sur le monde et l’eau est devenue le principal enjeu pour la survie des hommes. Ernest Holm, le patriarche de la famille Holm, défend jalousement son puit et sa terre tout en commerçant avec les équipes ouvrières forant les montagnes à la recherche d’eau. Ses deux enfants, Mary et Jérôme, vivent dans l’ombre imposante de leur père dont le penchant prononcé pour l’alcool a causé la paralysie de sa femme, Katherine, désormais à l’hôpital. L’arrivée du jeune Flem Lever, le fier et rusé fils de leur voisin, va bouleverser la cellule familiale. Le jeune Jérôme devra bientôt décider comment défendre l’honneur des siens.

    Pas forcément très attendu – même carrément pas – Young Ones réserve son lot de (bonnes) surprises. Son univers, à la fois aride et très sobre, arrive à conjuguer un budget que l’on devine restreint, avec une histoire assez classique de vengeance mais suffisamment bien incarnée pour atteindre ses objectifs. Le monde de la famille Holm renvoie à nombre de récits post-apocalyptiques de SF mais a le très bon goût de ne pas en faire le pivot central du film. Paltrow sait qu’il n’invente rien et se sert au contraire du background pour ajouter une originalité à la structure de son intrigue. L’exemple du robot de chargement, une idée toute simple mais géniale, est un peu l’archétype de ce que tente le réalisateur : se servir de quelques éléments science-fictifs pour faire avancer son récit. Il en va de même pour cette histoire de sécheresse qui sert à justifier le ressentiment de Flem et toutes les histoires de convoyages (et de frontière sécurisée). Young Ones relève au final d’une SF « light » certes, mais une SF de qualité quand même.

    Le vrai cœur du film se situe dans le personnage de Jérôme, incarné par un Kodi Smith-McPhee bien plus impressionnant que dans son « non-rôle » de la Planète des Singes. Paltrow expose avec celui-ci la passation de pouvoir entre un père et un fils et de quelle manière l’influence paternelle peut se faire ressentir bien des années plus tard. A ce petit jeu, Michael Shannon livre une nouvelle magnifique prestation avec ce personnage torturé d’Ernest Holm. Son interaction avec sa famille, et surtout avec Jérôme, fournit le principal point d’intéressement du récit. Seule Mary semble en retrait dans ce portrait, écrasée par la présence de Flem, porté, il faut dire, par un très bon Nicholas Hoult. Tout le propos de Young Ones tient dans l’héritage et dans une passation de flambeau générationnelle aussi rude que juste. Malgré une vengeance somme toute assez conventionnelle, le récit arrive à ferrer son spectateur grâce aux interactions de ses personnages et au bâti dramatique de l’histoire.

    Malheureusement, comme nombre de premiers films, Young Ones est également un film imparfait. La faute à une réalisation encore très maladroite où Paltrow abuse très largement des fondus – quasiment toutes les transitions du film – et lasse terriblement le spectateur qui frôle l’overdose de cet artifice bien pataud. De même, le réalisateur américain divise artificiellement son film en trois chapitres, sans aucune véritable raison autre qu’un didactisme exacerbé qui ne sert jamais l’histoire, au contraire même puisque le nom de chaque partie a tendance à spoiler la suite... C’est d’autant plus dommage que ces défauts viennent plomber une mise en scène assez bonne, qui sait économiser ses moyens pour ne pas tomber dans le piège de la surenchère sur un film qui n’en aurait pas les capacités.

    En profitant d’un background SF soigné et discret, Young Ones construit une intrigue efficace magnifiée par des acteurs excellents. Pas forcément mémorable, le premier long-métrage de Jake Paltrow mérite pourtant votre attention, ne serait-ce que pour apprécier un sympathique film de science-fiction par ces temps de surenchère visuelle.

    Note : 7.5/10

    Meilleure scène : La mise à mort de l’âne.

    Meilleur réplique : « J’aurais pu le faire » « Je sais fils »


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  • Deadpool - Il faut soigner le soldat Wilson

    Parmi tous les super-héros Marvel, il en reste un bon nombre qui demeurent discrets voir quasi-inconnus en France. Comme Ghost-Rider, pas aidé par l’affligeante nullité de son adaptation filmique. Ou comme Deadpool. Pourtant, celui-ci commence à trouver son public, grâce à un jeu vidéo débridé et une publication régulière en kiosque. Réputé comme atypique dans la production de la Maison des Idées, Il a eu droit à une mini-série en 2011 par un ancien scénariste du Punisher, Duane Swierczynski. Intitulée « Il faut soigner le Soldat Wilson », elle comporte 4 numéros et peut parfaitement introduire le personnage aux novices. Dans un petit 100% de Panini, voici donc Wade Wilson, un sacré personnage…

    C’est fait, le mercenaire Wade Wilson a été capturé et il se retrouve devant la justice. Mais pas sûr que le juge, comme l’Amérique, soit prêt à encaisser les révélations de celui qui se fait aujourd’hui appeler Deadpool. Après avoir reçu l’Arme X (comme Wolverine), Deadpool a rejoint la Team X aux côtés de Bullseye, Silver Sable et Domino pour faire le sale boulot du gouvernement américain. Et puis ils sont morts. Enfin pas tous. Ou pas. Tués par un cartel mexicain… ou une piqûre de potassium. Ou pas. Difficile à dire en fait car rapidement, Wilson se révèle légèrement déséquilibré…

    Pour ceux qui ne connaissent Deadpool que par son apparition dans le long-métrage Wolverine – Origines, ce volume va être un sacré choc. Parce que Wade Wilson, alias Deadpool, n’a rien du tout du muet qui apparaît face à Jackman. C’est même tout le contraire. L’énorme réussite de ce petit arc, c’est forcément lui. Impossible à faire taire, impertinent à souhait, caustique, délirant, fou à lier, le super-héros détonne réellement. Cas rare – unique ? – il profite de certaines cases pour s’adresser directement aux lecteurs et institue ainsi un jeu constant dans la narration. En fait, le héros aux sabres, c’est un peu Spider-Jerusalem en moins sérieux et en plus violent. Beaucoup plus. Délire et franche rigolade en perspective.

    Mais Swierczynski ne se contente pas de nous faire découvrir les origines de Wilson, il joue avec nous. Comme pour le juge qui écoute le témoin, impossible de dire ce qui est vrai ou pas dans le récit de Deadpool… jusqu’à la toute fin (et encore…). L’ironie constante du personnage épouse l’ironie du scénario et nous fait partir dans différentes fausses pistes autour de manipulations génétiques, d’opérations secrètes bidons ou encore de vendettas délirantes. Pendant toute l’histoire qu’il mélange et mélange encore, Deadpool s’éclate à faire du second degré et des blagues incongrues (quand il enlève son masque pour révéler… un masque de Michael Jackson…), et le résultat s’avère d’un jouissif total. Le lecteur s’éclate de la première à la dernière page.

    Pour autant, le comic book n’est pas idiot, loin de là. Ultra-référencé d’abord – Terminator, X-Men, Rodriguez… -, il réjouit son lectorat qui s’amusera à dénicher les milles et un petits clins d’œil disséminés ici et là. Ensuite et surtout, son histoire parle en fait de la notion d’origine. Swierczynski tente de faire passer un message très intelligent, à savoir qu’avec toutes les versions qui existent dans le monde du comics, comment vraiment savoir ? D’où ce jeu de piste et ses délires. Les divers procédés employés – la narration de Deadpool, les cases en parallèles avec opposition fantasmes/réalité, l’histoire alternative racontée par des officiels haut-placés… -, tout concourt à maintenir non seulement le doute mais la pertinence du propos. Le résultat est une éclatante réussite. Le trait de Jason Pearce, débridé et dynamique, sert impeccablement l’histoire et, de par sa mise en page, permet d’accentuer l’effet de folie du personnage.

    Résultat ?
    Ce court récit de Deadpool est un régal. Vraiment. C’est fun, ultra-jouissif, très drôle, roublard et passionnant. Ajoutez-y une pincée de gore, un zeste d’intelligence et une grosse dose d’humour et d’autodérision, et vous voilà devant quelque chose de totalement loufoque et savoureux. A apprécier au plus vite…Forcément !

    Note : 9/10


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