• Après de longues années de paix, la Terre se remet à peine de la première invasion d'une race extra-terrestre insectoïde : les Doryphores. Alors que ceux-ci ont failli éradiquer toute vie humaine sur la planète, c'est le sacrifice de Mazer Rackham, un héros jusqu'alors anonyme, simple pilote de chasse, qui a permit de triompher de justesse. Depuis, l'académie militaire a démarré un programme pour dénicher un nouveau Mazer parmi des enfants surdoués. Le jeune Ender Wiggins en fait parti. Tandis que le colonel Graff lui fait passer le test final, il sait déjà qu'il va intégrer l'académie et tenter de devenir le futur commandant de la Flotte. Car pour l'humanité le temps presse...il semblerait que les Doryphores se regroupent de nouveau !

    Livre culte et grand chef d'oeuvre de la science-fiction, La stratégie Ender de l'américain Orson Scott Card se voit enfin porté sur le grand écran. Malheureusement, c'est un réalisateur de second plan qui s'en charge en la personne de Gavin Hood dont le plus récent fait d'armes est d'avoir "commis" X-Men Origins : Wolverine. Doté d'un budget conséquent et de quelques acteurs renommés (Harrison Ford ou Viola Davis sans parler de Ben Kingsley), La stratégie Ender doit pourtant avant tout compter sur des enfants pour les rôles titres et notamment l'illustre inconnu Asa Butterfield. Sera-t-il capable de relever le défi ?

    Que les fans se rassurent, le principal arc du roman se retrouve dans le long-métrage. En cela, Gavin Hood a voulu vraiment bien faire et retrace, rapidement, les grands événements de l'histoire. Ainsi, on découvre un jeune garçon surdoué mais avec un côté ambiguë prononcé, hanté par son destin et, dans une moindre mesure pour le film, son frère. Tout va très vite dans la Stratégie Ender et, même si l'ensemble apparaît assez clair, notamment pour le néophyte, le gros soucis c'est que tout va trop vite. A peine a-t-on rencontré Ender et sa famille que, très rapidement, il embarque pour l'entrainement. Heureusement, Hood arrive à donner suffisamment d'épaisseur au personnage d'Ender pour le rendre sympathique au spectateur. Mais contrairement au roman, le reste de l'univers n'est qu'effleuré. Le plus gros manque venant certainement de l'ombre jumelle et bien plus noire du frère d'Ender, ainsi que de son destin parallèle machiavélique. Du fait, on a parfois du mal à comprendre la peur d'Ender de devenir comme son sociopathe d'aîné.

    Le même problème de rapidité transparaît dans tout le long-métrage. Ender semble éprouver quelques difficultés mais pas assez. Le spectateur a bien du mal à se rendre compte de la torture mentale et physique endurée par le jeune homme et de son instrumentalisation. Il reste constamment une désagréable sensation de survol, des séquences trop courtes pour réellement convaincre (L'unique discussion entre Graff et Anderson est élogieux sur ce propos). On sent en fait que Hood, malgré son désir de coller à l'histoire originale, a du faire des choix et que la durée du métrage est trop courte. De même, il faut avouer que l'intégration du "jeu" dans le film s'avère assez maladroite et au final, ne sert pas à grand chose. On reste perplexe devant tout cet imbroglio...jusqu'à la toute fin bien entendue.

    L'autre versant, donc, celui de l'académie militaire, bénéficie d'un grand soin et d'un grand respect, notamment les jeux d'arènes, magnifiques et impressionnants. Le gros soucis restant dans cette partie qu'Ender fait un peu petit prétentieux emmerdeur qui crâne devant les autres, ce qui correspond assez mal au personnage en définitive. On notera aussi le moment un peu ridicule des adieux à Bean, avec un salam malikoum très politiquement correct mais incroyablement hors de propos. Mais c'est un détail mineur. A ce titre, l'opposition Bonzo-Ender reste une des grandes réussites du film, de même que le choix cornélien et le dilemme moral d'Ender.

    Les dernières séquences, autour des simulations spatiales, sont esthétiquement impressionnantes mais, comme auparavant, peinent à convaincre vis-à-vis de l'impact qu'elles ont sur Ender. Dans le roman celui-ci est au bout du bout, alors qu'ici on ne le ressent jamais. Seule la fin, identique au livre, offre quelques beaux instants. La rencontre entre Rackham et Ender se fait également en demi-teinte, faute de temps, elle s'avère expédiée... Mais bon. Le plus gros soucis vient d'ailleurs. C'est justement le jeune Asa Butterfield qui, sans être mauvais, n'arrive jamais véritablement à retranscrire Ender à l'écran. Avec une moue presque constamment figé oscillant entre colère et tristesse, le jeune acteur est bien trop monolithique. En face, Abigail Breslin, malgré son temps congru à l'écran, fait bien mieux. De leurs côtés, Ford, Kingsley et Davis assurent ce qu'il faut mais ne brillent pas non plus particulièrement.

    En fait, La Stratégie Ender tombe dans un écueil quasi-inévitable. Hood n'ayant pas le talent nécessaire, il tente, tant bien que mal, de respecter son public principalement constitué de fans du roman. Mais sans la durée nécessaire et en étrillant les intrigues secondaires, il n'arrive qu'à un résultat somme toute bâtard. Pas mauvais mais pas excellent non plus, juste correct. Vite vu, vite oublié au final.
    Dommage.

    Note : 7/10
    En tant qu'adaptation : 6/10

    Meilleure scène : La confrontation finale avec le Doryphore.

    Meilleure réplique : "Ce n'est qu'un enfant"


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  • [Critique] Gone Girl

    A l'occasion de son dixième film, l'américain David Fincher - à qui l'on doit des métrages aussi brillants que Se7en ou The Social Network - adapte un roman de Gilian Flynn, Les Apparences. A mi-chemin entre thriller et policier, le long-métrage, intitulé Gone Girl, a recruté quelques têtes connues pour l’occasion. Ben Affleck, Rosamund Pike, Neil Patrick Harris ou encore Kim Dickens. En spécialiste du genre, Fincher se devait de prouver qu'il avait conservé tout son talent après le décevant Millénium (non pas que le film soit mauvais mais il ne s'agit que d'un remake). Gone Girl possède de solides arguments pour que le roi du thriller conserve sa couronne...

    Un beau jour, alors qu'il s'apprête à célébrer son cinquième anniversaire de mariage, Nick Dunne constate que sa femme, Amy, a disparu. Immédiatement, il contacte la police qui ouvre une enquête et fouille son domicile. Alors que les jours passent, les choses s'organisent pour rechercher la disparue. Site internet, numéro d'appel spécial, réunions, battues... tout est fait pour retrouver la jeune femme. Mais bien vite, la police se met à soupçonner Nick, dont le couple trop parfait commence à se fissurer. Derrière cette image trop idyllique se cache un homme plus violent et moins fidèle que ce qu'il veut bien avouer. Peu à peu, l'opinion se retourne contre Nick qui n'a plus d'autre solution que de prouver son innocence avec l'aide de sa sœur, Margo...

    Gone Girl partage beaucoup de points communs avec un des films précédents de Fincher, et cela de façon totalement inattendue. Alors que l'on pensait logiquement que cette histoire de disparition renverrait plus directement à Se7en ou Millénium, c'est à The Social Network que nous fait furieusement penser ce nouveau long-métrage. Pourtant, tout commence comme une enquête policière lambda, à ceci près que des flashbacks autour de la vie de couple de Nick et Amy viennent s'intercaler dans le récit. On constate d'emblée que Fincher n'a rien perdu de sa puissance formelle. Chaque plan et chaque séquence sont pensés, repensés, minutieusement filmés. L'ambiance si particulière qui constitue la marque de fabrique de l'américain se retrouve dès le premier flash-back avec la scène du baiser dans la "tempête" de sucre. Si de ce côté Gone Girl est une pure réussite, il ne faut pas oublier le penchant de Fincher pour déborder largement du cadre imposé. C'est là que l'on en revient à cette ressemblance avec l'acerbe critique générationnelle de The Social Network.

    Outre l'excellente enquête pour retrouver Amy et le coupable de son enlèvement, Fincher en profite pour épingler la société américaine et par extension, la société occidentale. Bien vite surexposé dans les médias, Nick devient un personnage public. Le réalisateur nous montre comment, lentement, Nick passe du rang de victime à accusé pour finir en coupable désigné non pas par la justice... mais par l'opinion publique. Traîné dans la boue par les médias, le mari tombe dans une sorte de jeu de télé-réalité malsain mais tellement révélateur de la nature humaine ainsi que du mode de pensée actuel. Là où la plupart des réalisateurs se seraient contentés de décrire la résolution d'une enquête, Fincher souligne la malhonnêteté des médias et finalement une nouvelle sorte de justice, qui ne tient plus aux lois ni aux avocats que l'on peut se payer... mais à la popularité que l'on peut gagner pour soi. Dès lors, le petit jeu de piste autour d'Amy, extrêmement efficace au demeurant, laisse un goût d’ordinaire face à cette image ignoble de la société moderne. Pour une disparition, on organise des discours, des soirées avec moultes lanternes où des étrangers en manque de sensationnel viennent se faire mousser. Fincher dépeint une époque malade, malade de sa curiosité, de son côté voyeur et surtout esclave de la manipulation médiatique. En quelque sorte, l'américain élargit la focale de The Social Network et démontre que l'horreur de notre époque se trouve bien plus proche que l'on pourrait le penser. Il nous suffit d'un simple miroir.


    De même, Gone Girl brise l'image idyllique du mariage et du "Happily ever after" à l'américaine. Les failles se découvrent vite, les deux époux perdent de leur lustre au fur et à mesure. On découvre la vérité et, sous nos yeux, Fincher déroule une parodie très noire de la vie maritale. Duperie, frustration et coup bas, la belle vie fantasmée n'existe pas, le couple Dunne le montre graduellement jusqu'à un final effroyable, lors de cette interview glaçante qui n'est pas sans rappeler le plan final terrifiant de The Social Network. D'ailleurs, pour ce petit jeu de destruction, Fincher a fait le bon choix en prenant Ben Affleck pour incarner son Nick Dunne. L'acteur reste toujours aussi monolithique mais sert le propos. Il ne dégage pas de franche antipathie mais ne s'arroge pas non plus naturellement notre sympathie, ce qui permet finalement de garder le suspense plus longuement. Le revers de la médaille, c'est que, naturellement, il n'y a pas ou très peu d'empathie pour les personnages, Fincher devenant une sorte de clinicien disséquant les hommes et leur société infâme. Nous ne pourrons pourtant pas éviter de parler de Rosamund Pike, véritable star du film, qui livre ici un prodigieux numéro d'actrice. Non seulement son jeu ne souffre d'aucun défaut et offre quelques fulgurances tout à fait géniales (notamment en fin de métrage), mais en plus parce que son personnage se trouve excellemment capturé par la caméra de Fincher. Ainsi, dans ses flashbacks, elle apparaît comme une image évanescente, quasi-fantomatique, pour devenir bien plus quelconque et terrible dans le reste du film. Le travail de Fincher sur sa place au sein de ses scènes, sur la lumière qui la frappe, tout concourt à bâtir une image diablement captivante de cette femme énigmatique. C'est de loin ce personnage qui remportera la mise... dans tous les sens du terme.

    Encore une fois, Fincher revient à son meilleur. Gone Girl peut non seulement se targuer d'être un thriller-policier tortueux, efficace et mené de main de maître, mais également d'exploser son cadre pour nous offrir une charge sociétale et maritale aussi acérée qu'une lame de rasoir. Fabuleux de bout en bout.
    Longue vie au roi.

    Note : 9/10

    Meilleures scènes : Le baiser dans la tempête de sucre - La scène de sexe avec Neil Patrick Harris - L'interview finale

    Meilleure réplique : "C'est ça le mariage mon amour."






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  • Le court de cette semaine est simplement une petite claque visuelle et, potentiellement, un excellent point de départ pour un jeu ou un film SF.
    Une vrai réussite qui va vous en mettre plein des yeux !



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  • [Critique] Flore


    Jean-Albert Lièvre
    n'en est pas à son coup d'essai avec Flore. Déjà co-réalisateur du Syndrome du Titanic avec Nicolas Hulot, le monsieur décide cette fois de nous livrer quelque chose de beaucoup plus intime. En effet, Flore est un film-documentaire entièrement consacré à la mère du réalisateur, une vieille dame atteinte d'une maladie dégénérative de plus en plus fréquente avec le vieillissement de la population : Alzheimer. Il tente, avec les meilleures intentions du monde, de nous décrire comment, sortie de certains établissements type EHPAD et autres organismes privés, Flore revient à la vie au contact de son foyer, la Corse. Cependant, au-delà de ce simple parcours, Jean-Albert Lièvre propose un autre regard sur la maladie et, sur sa prise en charge. Et c'est justement ici que le bât blesse.


    Grossièrement, Flore se scinde en deux parties. La première retrace la dégradation rapide de la patiente ainsi que de ses fonctions cognitives, mais également son placement institutionnel. La seconde, naturellement, suit la sortie de Flore et son retour en Corse, accompagnée de son fils. D'un point de vue purement formel, le documentaire du français est assez convaincant, très bien monté et c'est, surtout, une très belle déclaration d'amour d'un fils envers sa mère. Il faut avouer que, sur ce versant, qui occupe la plus grosse partie de la seconde moitié du film, Jean-Albert Lièvre livre quelque chose de touchant. Ses efforts pour s'occuper de sa mère, les quelques instants volés entre lui et celle-ci, tout cela constitue une franche réussite. Si tout le documentaire avait pris ce parti, Flore aurait été une magnifique expérience. Malheureusement, ce n'est pas le cas.

    L'énorme problème de Flore, c'est le regard que porte le réalisateur sur la prise en charge de la maladie. Il dénonce le comportement de certains établissements et fustige l'emploi abusif de médicaments et autres contentions. Seulement voilà, Jean-Albert Lièvre frise la malhonnêteté. Tout d'abord parce qu'il se garde bien de préciser qu'il n'est pas une personne lambda et qu'il dispose d'un sacré salaire pour se permettre de retirer sa mère dans une maison magnifique en Corse entourée de 3 soignants différents pour l'accompagner. Impossible déjà de tenter une généralisation de ce que propose Jean-Albert Lièvre puisqu'en l'état, notre système de santé en serait incapable (imaginez si chaque patient Alzheimer avait 3 personnes pour lui seul... c'est rigoureusement impossible). Rapidement, on constate que le français s'enfonce dans un ton hautain et moralisateur. Oubliant que les hôpitaux, les EHPAD et autres structures ne disposent pas des moyens pour s'occuper comme il le fera de sa mère, il biaise les informations qu'il donne au spectateur.

    Comment réagir, pour un non-soignant, à la mention de neuroleptiques, de sédation ou de contentions ? Comment prendre cette position du réalisateur qui s'interroge sur le fait qu'il n'est pas témoin de l’agressivité de sa mère ? En fait, Jean-Albert Lièvre s'engage de lui-même sur le terrain de la glorification de la médecine allopathique (pas entièrement mauvaise mais insuffisante en soi) sans adopter aucune nuance et ne présenter aucun argument viable. Il ne fait que titiller la fibre émotion-indignation du spectateur qui, s'il n'a jamais eu à traiter une patiente Alzheimer, va croire sur parole des mensonges éhontés. Jean-Albert Lièvre ne dit jamais qu'il est souvent impossible de ne pas recourir à la médication face à l’agressivité d'une démente, ne parle jamais des autres patients qu'elle pourrait mettre en danger ou pire, se mettre elle-même en danger. Le film devient bancal car finalement, en s'engageant dans une pareille aventure de critique du système, Jean-Albert Lièvre révèle qu'il n'a pas les moyens intellectuels ni les arguments pour une telle entreprise. Flore aurait pu être une belle histoire, à prendre comme un cas-miracle et singulier, offrant des pistes de réflexions intéressantes pour la prise en charge, mais non. En jouant la carte de la généralisation sans nuance, en oubliant qu'il possède un salaire que les trois quarts des français ne peuvent se permettre, en oubliant qu'il n'a jamais dû gérer un service, en oubliant que les moyens manquent et que les gouvernements successifs n'ont jamais rien fait, il se trompe de cible. On en arrive à une pseudo-charge contre le monde hospitalier, jamais argumentée, qui donne un arrière-goût de franche malhonnêteté à l'ensemble.

    Malgré de bonnes intentions évidentes, Jean-Albert Lièvre adopte un ton tellement moralisateur dans une bonne moitié de son documentaire qu'il fiche en l'air le sublime témoignage d'amour que constitue son film. A regarder pour cet aspect en oubliant rapidement le reste, qui, malheureusement, est une grosse déception.

    Note : 5/10

    Meilleure scène : Flore qui prend la tête de son fils pour l'embrasser sur le front, en Corse.

    N.B :
    Le film a été vu en avant-première en présence du réalisateur qui a affirmé que cet aspect de charge du système n'était ni intentionnel ni le but premier du métrage.
    Malheureusement, il n'a jamais répondu aux remarques sur la façon tronquée dont il abordait les choses dans son documentaire... tout en affichant une malhonnêteté évidente en laissant entendre que la recherche sur les médicaments curatifs de la maladie n'était, tout simplement, pas nécessaire.
    De quoi douter davantage de la vision offerte par le film...



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  • [Critique] Emergo


    Le cinéma d’horreur-fantastique a connu un certain virage depuis quelques temps autour du Found Footage. Ce style - où l’on suit de façon réaliste la vie des protagonistes au moyen notamment de caméras que tiennent les personnages ou d’autres choses encore du même acabit – a un peu émergé avec le fameux Projet Blair Witch (des ados coincés dans une forêt avec une histoire de sorcières, un film fauché assez médiocre au demeurant mais qui a engrangé des caisses de recettes) pour se voir revigorer d’abord avec la série espagnole [Rec] (très inégale) puis décliner à toutes les sauces depuis la franchise Paranormal Activity (l’arnaque du siècle). C’est encore une fois par le cinéma espagnol que vient la surprise avec ce petit Emergo, un court film de 1h20 à peine qui a fait son chemin dans les festivals mais n’est jamais sorti en France. Mais au fait, pourquoi est-il différent des autres ?

    Eh bien pour plein de (bonnes) raisons. Premièrement parce que le spectateur entre directement dans l’action, contrairement aux Paranormal Activity où l’on s’ennuie ferme durant les trente premières minutes – voir plus – avant d’avoir des choses croustillantes, Emergo nous plonge sans attendre dans le bain. On suit l’arrivée d’une équipe de scientifiques du Docteur Helzer, un expert en parapsychologie, accompagné des jeunes Paul et Ellen. Leur destination ? Un petit appartement miteux d’un immeuble non moins miteux où la famille d’Alan White, un père veuf, doit faire face à des phénomènes inquiétants avec ses deux enfants, Caitlin et Benny. Pas de fioritures ici ou de présentation débile, au bout de 5 minutes, la première manifestation pointe le bout de son nez – et pas à moitié. C’est d’ailleurs une autre différence notable, celle du rythme. Alors que les Paranormal-Activity-like sont d’une lenteur quasi-consternante et ne s’affolent que dans les toutes dernières minutes, avec Emergo, c’est un peu les montagnes russes, alternant quelques accalmies pour poser l’histoire, à de gros pics d’adrénaline bien méchant.

    Ainsi quand ça claque…eh bien ça claque. Tout s’emballe et ce n’est pas juste une cuillère qui change de place. Ici, si on voit un plan fixe, c’est qu’il va se produire quelque chose, pas de faux suspense putassier pour rallonger le film. Une des grandes forces d’Emergo, c’est de tenter un impressionnant nombre de choses au niveau des plans. De la banale caméra à l’épaule à la caméra de surveillance en passant par la caméra frontale ou, beaucoup mieux et génial, le stroboscope. Celui-ci donne la meilleure scène du film, crispante à souhait à mesure que les flashes se suivent. En ne laissant que peu de répit au spectateur, Emergo assure le job, et n’ennuie jamais. De même, l’aspect banal et assez miteux de l’appartement ajoute quelque chose à l’atmosphère, le choix de la belle maison bien clean des Paranormal Activity laissait toujours perplexe sur ce point.

    Enfin, on trouve autre chose que de la frousse et des fantômes dans Emergo.
    Alors que chez les concurrents, on mise sur les scènes du quotidien – super, ils font la cuisine ! Oh ils jouent à la Xbox !! Heureusement qu’on en a fait un film – Torrens donne un fond à son métrage. Certes, celui-ci n’est pas d’une grande originalité – malgré un petit twist appréciable – mais il a le mérite de donner des contours et une épaisseur aux personnages, notamment au Dr Helzer et à Alan White. Outre l’horripilante adolescente, Caitlin, on trouve une petite histoire de conflit familial et de deuil qui finit non seulement par devenir intéressante mais permet notamment une belle scène de confrontation avec le père joué par un Kai Lennow très convaincant. En bref, le dernier avantage d’Emergo, c’est de tenter de proposer une véritable histoire derrière le fantastique et les scènes chocs, et pas du vide ou du pseudo-mystérieux. Le film comprend mieux que s’il veut arriver à impliquer un minimum le spectateur, il faut lui donner du concret, et ça change énormément les choses. Tout le volet sur les explications données par le docteur s’avère pas mal trouvé non plus, rien d’extraordinaire, mais assez drôle au second degré par son scepticisme obsessif.

    Ramassé sur une courte durée, mené à toute vitesse, Emergo a le mérite de ne pas prendre juste son public pour des vaches à lait. En proposant une histoire agréable à suivre, en multipliant les tentatives de mise en scène dans un cadre tout sauf propret, Carles Torrens donne ce que l’on appelait jadis une bonne série B sympathique en faisant par-là même le meilleur représentant du genre Found Footage avec son sous-estimé parent [Rec] 2. A découvrir – dans le noir.

    Note : 7.5/10

    Meilleure scène : Le Stroboscope !!!!

    Meilleure réplique : « They’re many of us. »
     
     

     


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  • [Critique] Les Amours Imaginaires


    Un an après sa révélation au Festival de Cannes grâce à J'ai tué ma mère, le québécois Xavier Dolan récidive avec un nouveau long-métrage intitulé Les Amours Imaginaires. Réalisateur, scénariste, monteur, producteur et même responsable des costumes du film, Dolan dispose cette fois de moyens plus importants et décide de se réserver un des rôles principaux par la même occasion. Sélectionné dans le panel d'Un Certain Regard, il remporte une nouvelle fois le Prix Regard Jeune mais laisse la critique moins subjuguée. Pourtant, Les Amours Imaginaires laisse libre court au génie du québécois et explore une nouvelle thématique cher à son auteur : les relations amoureuses. Un film qui, en tout cas, ne laisse personne indifférent une fois de plus.


    Il sont deux amis : Marie et Francis. Un jour, ils rencontrent un beau jeune homme prénommé Nicolas au cours d'un dîner. Immédiatement, c'est le coup de foudre...pour tous les deux ! S'engage alors un jeu de séduction qui va mettre à rude épreuve l'amitié des deux comparses et déchaîner leurs passions les plus secrètes. Pour ne rien arranger, Nicolas se comporte de façon totalement ambiguë et les choses se compliquent rapidement quand Marie et Francis s'affrontent sans le dire pour décrocher l'attention et le cœur de Nicolas. Mais celui-ci est-il vraiment aussi intéressé que semblent l'être ses deux prétendants ? 

    Avec Les Amours Imaginaires, la patte Dolan d'affirme. Comme dans J'ai tué ma mère, on retrouve sa réalisation clippesque et souvent poseuse, un style qui en rebutera à coup sûr plus d'un. Pourtant impossible de nier le génie de mise en scène du québécois. Encore une fois, il utilise tous les moyens à sa disposition et va bien plus loin que ses confessions face caméra de son précédent long-métrage. Cette fois, il intercale carrément des séquences "témoignages" entre les différentes parties de son récit. Des inconnus qui n'ont aucun rapport avec l'histoire y parlent de leurs relations amoureuses, souvent fantasmées, parfois masochistes, mais surtout toujours empreintes d'un certain humour incisif qui domine par ailleurs tout le long-métrage. Pour sa plongée dans un triangle amoureux adolescent, Dolan refuse la facilité. Il ne s'agit pas tant pour lui de nous faire le coup classique du film hollywoodien de base que de révéler le bouillonnement intense qui agite le cœur et la tête de nos jeunes amis. Encore une fois, le film refuse de disserter sur l'homosexualité ou de s'y étendre longuement. Francis est homosexuel, voilà, point. Dolan l'emploie encore comme un rouage de son film plutôt que comme un étendard encombrant, évitant directement la caricature. De l'autre, il y a Marie, à la fois faible et forte, femme au caractère bien trempée et délicieusement fondant face au charme de Nicolas. Le trio d'acteurs formé par Dolan/Schneider/Chokri fonctionne à merveille dès les premiers instants. Elle, plutôt vintage et rêveuse. Lui, volontiers effacé. Nicolas, le troisième larron, offre un contraste saisissant en ce sens que l'inconscience de la puissance qu'exerce son charme sur Marie et Francis lui confère une confiance et une assurance très drôle, surtout comparée à la gêne des deux autres.

    En effet, contrairement à J'ai tué ma mère, Les Amours Imaginaires est un film très drôle. Non pas que Dolan s'abaisse à faire de l'humour à l'américaine, non. C'est la confrontation entre Marie et Francis, que seul le spectateur peut pleinement apprécier, qui procure de délicieux moments de coups bas et de piques en tous genres. Dolan excelle à figurer la perte de raison qu'entraîne le souhait incandescent des deux jeunes occupés à gagner le cœur de leur fantasme sur pied. Car c'est bien d'un fantasme que parle le québécois, celui qu'éprouve autant Francis que Marie et qui les pousse à se surpasser. Dans cette collision amoureuse, le moindre geste de Nicolas devient une invitation et déchaîne les fureurs muselées des amants éplorés. D'une façon tout à fait étonnante, Dolan laisse une grande violence parcourir son film. Aucune joute verbale à la J'ai tué ma mère, mais une violence rentrée, dissimulée qui surgit finalement dans une scène qu'on attend depuis le début de ce petit jeu de séduction. Le tour de force véritable du réalisateur québécois, c'est de capter l'essence des premiers émois, du premier coup de foudre et de décrire avec une minutie remarquable les déceptions et peines de cœurs qui découlent de cette irrépressible envie de "grand amour". Peu importe le gagnant dans Les Amours Imaginaires, ce qui importe c'est le jeu et la façon qu'aura chacun de l'aborder, de se l'approprier. Cette fièvre adolescente est capturée avec une précision et un talent qui ne peuvent que forcer le respect.

    Pour magnifier et donner de la profondeur à son propos, Dolan a donc recours à ces témoignages face caméra qui donnent une universalité à son film et offrent des histoires dans l'histoire au spectateur. Bien sûr, il n'oublie pas sa bande-originale, usant et abusant une nouvelle fois de morceaux improbables tels que Bang-Bang par Dalida dès que ce prépare la rencontre des trois héros de l'histoire ou un délicieux morceau de The Knife qui côtoie sans hésiter le 3ème sexe d'Indochine. Une nouvelle fois, la musique épouse le thème, épouse l'atmosphère et les sentiments que dégagent le long-métrage. Dolan ne rechigne jamais à mettre en scène des ralentis musicaux qui symbolisent autant l'attente que l'impatience de ces moments qui semblent intemporels. De même, il joue avec les couleurs et fait ainsi naître des tableaux, de vert, de jaune, de bleu... où les corps s'enchevêtrent, s'embrassent, se consument. Québécois joue à peindre son film et ne cesse jamais de surprendre dans son audace stylistique. On ne pourra d'ailleurs pas décemment terminer et conclure cette critique sans parler du caméo succulent d'Anne Dorval à contre-pied total de son rôle précédent, ni de cette fin toute en ironie et en symbolisme. Chez Dolan comme dans la réalité, le jeu des amours imaginaires ne connait pas de fin, le besoin d'aimer ne cesse jamais...

    Confirmation brillante du talent et de l'audace de Xavier Dolan, Les Amours Imaginaires dresse un portrait saisissant et drôle des premiers émois amoureux. Entre fantasme et réalité, les amants de Dolan se percutent et s'affrontent avec toute la fougue de l'adolescence et l'intensité que seul l'amour peut provoquer. 
    Délicieux.

    Note : 8.5/10

    Meilleures scènes : Toutes les multiples rencontres des trois amies - Le final - La caméo d'Anne Dorval

    Meilleure réplique :
    "En tout cas, moi c'est pas vraiment mon genre..."
    "Hmm...Moi non plus"

    La critique de J'ai tué ma mère ici.
    La critique de Mommy ici.


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  • [Critique] Horns

    Le français Alexandre Aja s'était fait plutôt discret ces derniers temps. Après un Piranha 3D jouissif mais limité, il avait trouvé le temps de s'occuper du scénario de Maniac. Grâce à Cornes, le roman de l'américain Joe Hill (le fils de Stephen King), le réalisateur continue l'exploration de son genre préféré : l'horreur/fantastique. Pour cette nouvelle expérience américaine, il recrute Daniel Radcliffe, qu'on pensait disparu depuis La Dame en Noir.
    Aja peut-il revenir au niveau de son excellent La Colline a des yeux ? Une question cruciale car il faut bien avouer que le français a grandement besoin d'un second souffle. 

    Iggy Perish vit harcelé par les journalistes. Non pas qu'il soit réellement une célébrité, non. Il est surtout le principal suspect (voir coupable désigné) dans le meurtre de Veronica, son ex-petite amie. Désespéré mais bien déterminé à prouver son innocence, Ig se fait défendre par un de ses meilleurs amis, Lee Tourneau, et épauler par son frère Teddy. C'est dans ces circonstances qu'il se réveille après une soirée trop arrosée. Tout semble comme d'habitude jusqu'à ce qu'il se rende compte que des cornes lui poussent sur la tête ! Effrayé, il décide de se rendre au médecin le plus proche et constate que ses nouveaux attributs lui permettent de faire avouer les plus sombres pensées aux gens qui l'entourent. Dès lors, Iggy entreprend de retrouver le véritable assassin de Veronica.

    Tout commence très bien pour Horns avec les bases de l'intrigue qui sont rapidement et habilement posées, le personnage d'Ig très bien interprété par un Daniel Radcliffe bien plus convainquant que ce à quoi il nous avait habitué et surtout des traits d'humour certes parfois potaches, mais relativement hilarants. Dans un premier temps, Horns fonctionne très bien et la réalisation d'Aja retrouve un peu du mordant qu'elle avait à l'époque d'Haute Tension ou de La Colline a des yeux, bien aidée par des effets spéciaux au poil. Mais vous l'aurez deviné, les choses se gâtent rapidement. D'abord au niveau du rythme du film qui se retrouve brutalement coupé dans son élan par un flash-back interminable et qui aurait mérité de franches coupes. Ensuite parce que le récit s'embourbe progressivement dans une enquête que seul le pouvoir d'Iggy rend originale. Le reste n'est rien de plus que très banal. Ce souci-là ne fait que s'accentuer au fur et à mesure des tribulations du héros si bien qu'on a très bien deviné qui est le tueur à la moitié du film...qui va pourtant traîné en longueur jusqu'à la résolution finale au moyen de diverses péripéties poussives (la punition du frère, franchement inutile).

    Mais le pire n'est pas là. Si Horns se regarde sans déplaisir et qu'il ne souffre que de rares temps morts dans son intrigue, il finit par s'écrouler dans ses derniers instants et un final aussi peu cohérent que grand-guignol. Complètement ridicule, l'affrontement des principaux protagonistes tourne à la blague potache à base de tête éclatée et de punition divine/diabolique. Le pire pourtant se trouve ailleurs, entre les lignes. Arrivé ici, on se demande qui, de Joe Hill ou d'Alexandre Aja, donne cette espèce de morale puritaine puante au long-métrage. Parce que malgré ses dehors de récit politiquement incorrect avec son héros au look diabolique, Horns est, sans conteste possible, habité par un sous-texte catholique bien pensant insupportable. On suit tout de même l'histoire d'un "ange déchu" qui fait tout pour se repentir et puni en fin de compte le vrai diable qui n'en a pas les atours. On échappera pas à la belle happy-end et au paradis, ni au repentir bienveillant du frère couard ou la mort de l'homosexuel refoulé. C'est d'ailleurs autour de ce personnage que la chose est la plus évidente et franchement, la plus répugnante. Lorsque qu'un Ig ressemblant au Diable encourage les deux flics homosexuels à passer à l'acte en leur affirmant qu'on leur a toujours défendu cet acte alors qu'il est parfaitement humain, la première réaction serait bien entendu d'en rire. Mais quand on comprend aussi que dans le même temps, en catimini, le réalisateur et/ou l'écrivain montre que la relation homosexuelle est encouragée par le diable, qu'il s'agit bel et bien d'un péché... On flaire le message caché franchement répugnant sous couvert de l'humour. Lorsque l'on y réfléchit ensuite, on s'aperçoit qu'exceptée l'apparence d'Iggy, Horns est surtout une brochure pour un mode de vie rangé et traditionaliste. 

    C'est d'autant plus ennuyeux que peu de choses viennent rattraper le récit. La BO, excellente au demeurant, ne suffit pas à faire oublier que les personnages secondaires sont traités maladroitement...Sans parler de Veronica, interprétée par une Juno Temple larmoyante, enfilant les gros clichés de la femme-objet, uniquement là pour jouer la tentation et la belle amante éplorée. Quand on pense aux fabuleuses personnalités féminines offertes par Mommy, Horns fait peine à voir. Au final, seul le personnage de Radcliffe bénéficie du soin nécessaire et c'est un peu lui qui porte le film sur ses épaules, un film trop long et dépourvu des promesses que son synopsis annonçait. Débarrassé de sa gangue puritaine et bénéficiant d'une intrigue mieux agencée et épurée, il est certain que le long-métrage d'Aja aurait été d'un tout autre niveau. En l'état, il est un beau ratage qui s'écroule sur lui-même comme un château de cartes.

    Peut-être serait-il temps pour Aja de revenir à des films plus personnels et au budget plus restreint. Horns agace et déçoit, faisant passer son public du rire à la consternation. Seul Radcliffe tire son épingle du jeu et prouve qu'il peut maintenant réellement passer à l'après Harry Potter.

    Note : 6.5/10

    Meilleure scène : La sortie du bar en musique.


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  • [Critique] Mommy
    Prix du Jury Festival de Cannes 2014
    César 2015 Meilleur film étranger


    En grand habitué du Festival de Cannes, Xavier Dolan a, de nouveau, participé à la grande messe de la Croisette. En sélection officielle, il y a présenté un long-métrage autour d'un adolescent TDAH (Trouble Déficit de l'Attention Hyperactivité) qui revient sous la garde de sa mère, dépassée par un fils impulsif et violent qu'elle aime pourtant plus que tout.Deux heures trente dont douze minutes de standing ovation et bien des larmes plus tard, Dolan redevenait (encore) l'homme dont on parlait partout à Cannes. Couronné par le Prix du Jury, Mommy a littéralement transporté la critique. Le jeune québécois à qui l'on doit des films aussi superbes que J'ai tué ma mère ou Les amours imaginaires nous réservait encore des surprises. Celle-ci à le goût de l'héroïsme et de l'espoir, un authentique coup de cœur qui fait un bien fou.


    Seule, Diane "Die" Després, doit assumer de nouveau la garde de son jeune fils Steve, un adolescent diagnostiqué TDAH avec de surcroît un trouble de l'attachement. Quasi-incontrôlable, parfois violent, incapable de tenir en place, Steve va venir totalement bouleverser la vie de sa mère. Tant bien que mal, celle-ci va tenter de canaliser son fils et de retrouver un équilibre. C'est grâce à Kyla, la voisine d'en face, que Diane et Steve vont rebâtir leur vie et leur unité, une unité forcément fragile. L'amour d'une mère peut-il tout vaincre ? Diane veut y croire, dur comme fer, parce que si tout échoue, elle sait qu'elle devra définitivement se séparer de son seul enfant.

    En 2009, on se souvient de J'ai tué ma mère, premier film plein de haine, d'amour et de passion de Xavier Dolan. Il y parlait de sa mère à travers le personnage de Chantal, et de lui-même à travers celui d'Hubert. Sorte de punition, de "revanche" (même si le mot est bien fort), J'ai tué ma mère occupe toutes les pensées du spectateur lors de ce Mommy. Pourquoi ?
    Parce que Xavier Dolan, d'une façon plus détournée, bien moins autobiographique, célèbre la figure maternelle, la drape dans l'étoffe de ces héroïnes anonymes qu'on a trop tendance à oublier. A travers Diane, le québécois prend le contre-pied de Chantal. Oubliez la mère un peu retorse, place à la mère pleine de force. Pour tout dire, à un "ostie" d'bout d'femme ! Pour l'incarner, qui d'autre que l'actrice fétiche de Xavier, la fabuleuse Anne Dorval. Plus proche de la classe populaire que de la classe moyenne, Diane bouffe Anne à moins que ce ne soit Anne qui bouffe Diane. Sa prestation laisse pantois, brisé, vidé. Anne Dorval est impériale. Elle nous offre ce personnage lumineux et tellement mais tellement attachant de mère-père, de colosse au cœur de Goliath. En face, d'elle, il y a deux autres acteurs gigantesques. D'abord Suzanne Clément, une autre chouchou de Dolan, fabuleuse dans son rôle plus effacé de prof bègue recelant des trésors de patience, parfait contrepoids à l’expansive Diane. Ensuite, on tombe sur un "petit nouveau" (ou presque) en la personne d'Antoine Olivier Pilon qui nous compose un Steve éblouissant d'authenticité, si puissant qu'il en fait trembler l'écran, si poignant qu'il nous brise le cœur comme les tympans. Parce que Mommy, avant tout, avant sa mise en scène, son format d'image 1:1 surprenant et toutes les choses qui le magnifient, c'est un trio d'acteurs carrément, simplement, purement épatant. Magique en réalité. Non seulement intense et attachant en diable, mais également en parfaite osmose, autant dans la bagarre que dans le fou-rire. Mommy fait le portrait d'une famille qui n'a besoin d'aucun critère, d'aucune norme qui se suffit à elle-même, parce qu'elle est parfaite de par ceux qui la compose.

    Mais on le connaît notre Xavier Dolan, Un film uniquement construit sur ses acteurs ? Non, c'est impossible. Parce qu'il n'est pas comme ça, qu'il veut toujours explorer, tenter, aller plus loin. Mommy le démontre encore une fois. Son format d'image, un 1:1 un peu claustro, un peu oppressant, n'est pas un simple artifice de petit malin. C'est avant tout un outil de forme qui sert le fond. Le truc en plus qui nous montre ses protagonistes à l'horizontale, à hauteur du commun des mortels. Une plongée dans l'intime et le proche, dans les visages crispés et émus, colériques et souriants. Une façon de nous convier par le trou de la serrure. Sans parler qu'il incarne également le sentiment de bien-être de Steve qui, lors d'un plan superbe, élargit la fenêtre, respire avec nous, entre un peu dans LE monde. Cela en musique, bien sûr. Parce que Dolan n'a jamais caché sa manie de recourir de façon abusive, mais jouissive, à une B.O inattendue mais toujours parfaitement calquée sur ses scènes fortes. On se souvient avec émoi de Noir Désir dans J'ai tué ma mère ou de Bang-Bang de Dalida au cour des Amours imaginaires. Le québécois récidive, toujours. Il transforme sa musique en véritable ombre pour ses personnages. En fait, la musique devient un personnage. Drôle l'espace d'un morceau de Céline Dion, envoûtante pendant un White Flag de Dido ou simplement crève-cœur sur un morceau monstrueusement poignant de Ludivico Einaudi. Les désormais traditionnelles séquences ralentis-clippesques s'intercalent mieux que jamais... Et puis Xavier ne lâche pas son envie d'explorer les possibilités de mise en scène qui s'offrent à lui. Ce plan serré et renversé tétanisant entre une Suzanne Clément possédée et un Antoine Olivier Pilon effaré, cette photo d'ensemble style "selfie lointain" des trois héros de son long-métrage.... Toutes ces petites choses qui font que Dolan se reconnaît en un clin d’œil et qui épatent encore après cinq films. Merde, déjà cinq films !

    Mommy ne s'arrête même pas là. Xavier Dolan nous y parle de l'autre versant de la pièce J'ai tué ma mère. Il explore avec un talent insolent un morceau de bravoure d'une mère pour un fils qu'elle désespère de garder à ses côtés. Et là, le temps d'une séquence onirique, le temps d'un fantasme, Xavier nous prend et nous tort. Il vrille nos oreilles, étouffe notre cœur, il éclabousse la toile de son génie. Là, pendant quelques minutes, le québécois nous fait croire aux miracles. Oui, Mommy, à sa façon, est un film dur, intense, éprouvant, mais il n'est pas que cela. Mommy est aussi drôle, touchant, traversé de moments de grâce et d'humanité presque insoutenables. Le métrage parle sans ambages d'une pathologie psychiatrique hautement difficile à vivre, tant pour le malade que pour son entourage. Il le fait avec une justesse irréprochable et rend un hommage vibrant aux héros de l'ombre, aux mères, qui tentent de surmonter la maladie. C'est ça aussi le "Die" de Diane, c'est l'envie à mourir de sauver l'être qu'on aime le plus au monde, envers et contre tous. Envers et contre tout. Mommy, entre ses références hilarantes à Maman j'ai raté l'avion, cherche à toucher avec la plus grande justesse de cette humanité et de cette humilité dont une mère est capable face à la chair de sa chair. Oui, Xavier avait en quelque sorte punit sa mère dans son premier long-métrage, avec Mommy...il l'aime, de toutes ses forces, de toute sa rage. Et bon sang, qu'est ce que c'est beau à voir !

    Il a 25 ans. Il est québécois. Il a réalisé cinq films et mis à genoux Cannes cette année. 
    Il s'appelle Xavier Dolan, et retenez bien ce nom parce que Mommy, sa pépite au goût d'Ambroisie, le propulse sur le toit du monde.
    En un mot comme en cent : Fabuleux.

    Note : 9.5/10

    Meilleures scènes : Kyla qui plaque Steve au sol, Le rêve de Diane, L'escapade à vélo. Le film en fait.

    Meilleure réplique : 
    "Toi et moi, on s'aime encore ?"
    "Nous deux, c'est ça qu'on fait le mieux mon homme"

    La critique de J'ai tué ma mère ici.


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  • [Critique] J'ai tué ma mère


    En 2008, l'acteur québécois Xavier Dolan, alors âgé de 19 ans, décide d'investir toutes ses économies dans la réalisation de son premier long-métrage intitulé J'ai tué ma mère. En grande partie autobiographique, le film se base sur le scénario écrit par Dolan lorsqu'il n'avait que 16 ans. Sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes en 2009, J'ai tué ma mère est immédiatement salué par la critique et décroche le Prix Art et Essai, le prix SACD et le prix Regards Jeunes. L'espace d'un seul long-métrage, Xavier Dolan est propulsé sur la scène internationale et J'ai tué ma mère deviendra même le choix du Canada comme candidat à l'Oscar du meilleur film étranger. Film fauché mais magnifique, la première oeuvre de Xavier Dolan reste encore, aujourd'hui - et encore davantage avec la sortie de Mommy - une des pierres angulaires de la filmographie du québécois.


    Hubert est un adolescent de 16 ans comme on en trouve tant. Tiraillé par son envie de liberté et de rébellion, il ne supporte plus Chantal, sa mère. Sa façon de chantonner, de manger, sa façon de conduire ou même d'écouter la radio, tout agace Hubert au plus haut point. Il faut dire que Chantal, mère célibataire qui doit, seule, assumer l'éducation d'Hubert depuis qu'il a 7 ans, n'est pas non plus une mère parfaite. Entre petites manigances et grosses manipulations, Chantal a peu à peu perdu le contact avec son fils. Malgré le soutien d'Antonin, son petit-ami et de Julie, son enseignante, Hubert ne trouve pas le moyen de revenir à l'amour enfantin et à la complicité qui l'unissait à sa mère. Alors, il se confie. A sa caméra, par des poèmes ou du dripping, Hubert tente de surmonter son ressentiment. Parce qu'au fond, malgré ses défauts, Chantal sera toujours sa mère.

    J'ai tué ma mère est un film à très petit budget, tourné avec des moyens restreints. De ce fait, dès le début, le long-métrage fait très film amateur. Pourtant, on s'aperçoit au bout de quelques scènes que si le film est fauché, il n'est pas mauvais. C'est tout le contraire. Pourquoi ? Parce que Xavier Dolan a non seulement un scénario génial et des personnages immensément forts, mais aussi parce qu'il est, déjà, un petit génie de la mise en scène. Le québécois déploie rapidement une foule impressionnante d'idées de mise en scène, filme ses protagonistes sous tous les angles, les saisit dans la plus grande intimité, utilise la caméra d'Hubert façon témoignage noir et blanc, monte des images bout à bout comme s'il était dans un clip de musique et justement, utilise la musique comme un outil faisant partie intégrante de sa réalisation. Ainsi, J'ai tué ma mère a beau accuser son manque de budget, il s'avère épatant visuellement. Il bouillonne d'idées, d'images, de scènes fortes. C'est une vraie révélation. Dolan n'hésite jamais même à retranscrire du texte à l'écran pour que le spectateur lise ce que le personnage à l'écran est en train de lire en même temps. Un poème, un titre, quelques lignes. Tout ici sera prétexte à entrer dans la tête d'Hubert. Quant à la musique, Dolan se constitue une BO magnifique, entre morceaux classiques style Vivaldi et musique plus populaire style Noir Désir. Épousant parfaitement le propos de chaque scène, les différentes chansons et compositions magnifient et approfondissent ce que veut dire et surtout faire ressentir Dolan. Le résultat est souvent renversant.

    Et puis, il y a Xavier Dolan acteur. Incarnant Hubert, le québécois joue en grande partie son propre rôle. Focalisé sur son personnage, Dolan fait preuve d'un narcissisme certain mais qui, contrairement à d'habitude, n'handicape pas le film. Celui-ci est en effet totalement centré sur l'adolescent en pleine crise, et la surexposition de Dolan va de soi immédiatement. Elle sert son propos et donc réussit brillamment à incarner Hubert. De l'autre, il y a Anne Dorval, en mère lunatique et (un peu) boulet, déjà extraordinaire, par sa sobriété et son authenticité, qui alterne moments de silence indignés et éclats de colère monstrueux (cette séquence au téléphone avec le directeur du pensionnat !). L'interaction entre les deux acteurs est immédiate. Et le spectateur se retrouve emporté, chaviré par cette relation d'amour-haine féroce aux nombreux coups de tonnerre qui émaillent le film. On y retrouve l'universel bouleversement de l'adolescence et le changement des relations entre parents-enfants, d'autant plus fort qu'ici, Anne doit tout supporter de son fils. Le père, fugacement présent, est un fantôme qu'Hubert ne connaît presque pas. Pourtant, malgré les horreurs que balance Hubert à Chantal, malgré, parfois, les crises incompréhensibles de Chantal, on n'arrive jamais à détester ni l'un ni l'autre. Au contraire, on les aime ces personnages, on aime cette façon tellement judicieuse qu'a Dolan de présenter les choses. 

    Toute la magie de J'ai tué ma mère, c'est de montrer à travers des protagonistes tout à fait imparfaits et parfois méprisables, toute la complexité de la relation mère-fils. Capturée de façon poignante par Dolan, la situation est d'une justesse incroyable. On ne doute jamais que le québécois parle en grande partie de sa vie, mais il a le don pour le retranscrire de telle manière que tous se retrouveront un peu dans Hubert. Au lieu d'ailleurs de nous faire un discours sur l'homosexualité et de transformer son métrage en un banal plaidoyer sur l'acceptation par Chantal de l'orientation sexuelle de son fils, Dolan s'en sert comme d'un simple (mais essentiel) rouage, d'un simple élément d'arrière-plan, il ne se focalise jamais dessus, ne diverge jamais longtemps à ce propos. Non, il reste sur Hubert et sur son incompréhension vis-à-vis de l'évolution de ses rapports avec sa mère. Et tout sonne ainsi formidablement juste. Malgré des échappées artistiques ou amoureuses, Hubert retourne toujours à celle qui, au fond, représente la base de son existence, cette mère qu'il hait d'amour. J'ai tué ma mère ne raconte pas tant le passage adolescent d'un jeune en manque de reconnaissance affective que le désir de retrouver une enfance perdue, une mère que l'on a tant aimé, mais avec les yeux d'un jeune adulte, et non plus d'un simple enfant.

    Avec J'ai Tué Ma Mère, Xavier Dolan entre par la grande porte dans la cour des grands. Émouvant, d'une justesse incroyable, le premier film du québécois refuse la facilité et se termine sur une séquence dépourvue de mot absolument magnifique et tellement plus significative ainsi. 
    En 2009, un grand réalisateur est né, il s'appelle Xavier Dolan.

    Note : 8.5/10

    Meilleures séquences : Chantal qui perd son sang-froid au téléphone, le Dripping et surtout la séquence finale.

    Meilleure réplique :
    "Qu'est-ce tu f'rais si je mourrais aujourd'hui ?"
    "J'mourrais demain..."


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  • [Critique] Les Révoltés de l'île du Diable

    Le cinéma nordique, aussi froid et austère puisse-t-il paraître, recèle nombre de pépites cinématographiques. C’est le cas du long-métrage de Marius Holst, Les Révoltés de l’île du Diable, sorti en 2011 sur les écrans. S’inscrivant dans la droite lignée de films tels que Dog Pound ou Sleepers, l’histoire des Révoltés se base en grande partie sur des faits historiques. Film à charge contre les centres de correction autant que témoignage d’un crime odieux, le long-métrage tend également à revenir sur une certaine conception historique de l’éducation au début du siècle dernier. Authentique plongée glaçante dans le cercle de la violence et de l’injustice, Les Révoltés de L’île du diable laisse un souvenir durable au spectateur.

    Nous sommes en 1915, en Norvège, dans le centre de correction de Bastoy. Sur cette petite île, des dizaines de jeunes sont internés pour revenir dans le droit chemin. L’arrivée d’une nouvelle forte tête en la personne d’Erling va soumettre la direction de l’établissement à de nouveaux défis. Redoublant de sévérité et de violence, les surveillants tentent de mettre au pas le délinquant. Son influence sur Olav, un des jeunes les plus prometteurs pour le gouverneur Bestyreren, va venir bouleverser l’ordre établi et le microcosme formé par la loi du plus fort. Quand un scandale éclate à propos des relations entretenues par le surveillant Brathen avec Ivar, un des plus fragiles pensionnaires du centre, toutes les conditions sont réunies pour qu’une émeute vienne mettre à bas l’institution...

    Marius Holst n’est pas un novice, Les Révoltés de l’île du Diable étant son quatrième long-métrage. Sa réalisation, typique des pays scandinaves, plonge le spectateur dans le froid et rigoureux hiver norvégien. Les images qu’il en tire sont aussi glaciales que l’environnement dans lequel évoluent les protagonistes de l’histoire. Avec une lenteur assumée, le film prend le temps de poser ses personnages et d’établir les rapports de force entre eux. Cette montée en tension, inexorable, fait peser sur le film une sorte de chape de plomb aussi lourde que son sujet. Parce que c’est bien le sujet du métrage qui va fouiller loin dans la noirceur de l’âme humaine. Holst se sert d’un fait historique – la révolte des adolescents et enfants du centre Bastoy – pour étudier l’intrication entre violence, éducation et morale. Ainsi, il édifie un système où les plus forts s’affirment non pas par leur nombre mais par la peur qu’ils instillent et les punitions exemplaires qu’ils exercent sur quelques-uns. En réalité, on se rend compte que le récit montre peu d’actes de torture par les surveillants, l’ignominie de Brathen étant d’ailleurs toujours hors-champ ou sous-entendue. Tout le talent de Holst se niche dans ce refus de faire dans le démonstratif pur mais de jouer sur l’enfer psychologique qui en découle. Il allie une réalisation sobre et relativement dépouillée, parfois proche du documentaire, avec un refus de l’esbroufe qui sert totalement son propos.

    De même, le norvégien fait un autre choix surprenant. Excepté le génial Stellan Skarsgard et le non moins génial Kristoffer Joner, tous les acteurs du film sont des débutants. Que ce soit Benjamin Helstad dans le rôle d’Erling ou Trond Nilssen dans celui d’Olav, et contrairement à ce que l’on pourrait croire, ces jeunes interprètes sont tous des novices. De cette façon, et grâce à leur insolent talent, le récit transpire de sincérité et d’authenticité. Il est véritablement impossible de deviner qu’ils n’ont jamais joué ailleurs. Les relations qui s’établissent entre eux paraissent dès lors d’autant plus poignantes et vraisemblables. Elles constituent le moteur du film et permettent de dresser un portrait convainquant de ces révoltés de Bastoy. La complicité qui s’établit petit à petit entre les personnages d’Erling et d’Olav, que tout semble pourtant opposer, permet de rendre compte de la solidarité qui peut se forger à l’ombre de la persécution et de l’injustice. Mais pour autant, les deux individus présentés par Holst ne sont pas des saints, bien au contraire, ils sont juste humains, et c’est certainement cela qui donne la force de leur histoire. Le réalisateur norvégien démontre avec brio que le recours à une forme ultrarigide d’éducation associée à une violence souvent aveugle ne mène qu’à renforcer le sentiment de rancune des jeunes pensionnaires de Bastoy, et pire, à les déshumaniser. La séquence finale de révolte et son déchaînement de violence prouvent une seule chose : Bastoy est une mauvaise réponse à une question pourtant épineuse. Car si les délinquants du centre ne sont pas des anges, les surveillants non plus, et notamment Brathen, véritable monstre et prédateur sournois. Comment dès lors espérer se revendiquer comme référence morale lorsque l’on emploie soi-même des hommes aussi répugnants ? Le gouverneur Bestyeren trouvera une réponse amère à cette interrogation au travers de la terrible conclusion du récit.

    Au-delà même du propos sur la violence et sur l’éducation, Les Révoltés de l’île du Diable aborde le thème universel de la liberté. Au travers de ces enfants traités avec une sévérité totalement démesurée, il y a une certaine mise en garde contre ce que les hommes sont prêts à faire lorsqu’il s’agit de se protéger ou lorsque, simplement, ils sont libres de faire ce qu’ils veulent avec l’accord tacite de leurs supérieurs. Dans ce centre, tous les éléments sont en place pour les camps de concentration ou les goulags, mais à une échelle bien moindre, forcément. Holst démontre que les origines du mal sont bien plus profondes qu’elles n’y paraissent. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Erling est un baleinier qui rêve de la mer ou que le récit y fasse si souvent allusion, visuellement ou autre. Cette étendue d’eau, prise sous les glaces en fin de récit, est finalement le symbole éternel de la liberté, celle à laquelle aspirent les personnages du long-métrage.
    « Homme libre, toujours tu chériras la mer » disait Baudelaire.
    Mais dans le film de Holst, il s’y terre également la cruauté la plus perfide, aussi acérée que le trait des baleiniers, aussi mortelle que les surveillants et dirigeants de Bastoy.

    Magnifique fresque dramatique, Les révoltés de l’île du Diable est un des meilleurs films autour des centres de correction et une réflexion poussée sur l’éducation et la liberté. Marius Holst nous offre un joyau glacial venu du grand Nord.
    Vous auriez tort de vous en priver !

    Note :
    9/10

    Meilleure scène : L'échappée finale d'Erling et Olav


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