• [Critique] War Dogs

     Very Bad Guns

    Connu pour sa trilogie Hangover ( Very Bad Trip en français...), l'américain Todd Philips n'avait pas particulièrement brillé après un premier volet fun et rafraîchissant. En tentant de changer de formule dans le dernier épisode en date, le réalisateur s'était pourtant un tantinet perdu, incapable de dépasser un schéma narratif bancal finissant par ennuyer poliment son spectateur. Il continue cependant dans la veine comédie avec War Dogs, un biopic sur deux marchands d'armes amateurs qui avait, sur le papier, beaucoup d'arguments pour séduire. A commencer par un beau casting rassemblant Miles "Whiplash" Teller, Jonah Hill et Bradley Cooper. Le problème, c'est bien de savoir si Todd Philips est capable de sortir de sa routine narrative comme il l'avait fait dans Very Bad Trip 3...tout en gardant un rythme et un sujet intéressant pour le public. 

    De quoi parle War Dogs ? De l'histoire authentique de deux jeunes américains, Efraïm Diveroli et David Packouz, qui s'en sont mis plein les poches durant la guerre d'Irak grâce à une astucieuse entreprise qui profitait des appels d'offres d'armes de l'armée américaine dont personne ne voulait. Les miettes en somme. Mais des miettes qui valaient un sacré pesant de cacahuètes pour monsieur tout le monde. C'est ainsi qu'en flouant la Défense, ces deux marchands d'armes ont réussi à décrocher un faramineux contrat qui finit par les perdre. War Dogs est donc une sorte de biopic vendu comme une comédie. C'est d'ailleurs là que le bât blesse.

    De la comédie dans mon drame ?

    Le problème, c'est que War Dogs n'est pas véritablement un film comique. Evidemment, les deux personnages principaux sont des gentils losers (enfin presque), qui n'iront jamais très loin. Jonah Hill s'en sort très bien dans un rôle tout de même assez ingrat en interprétant un Efraïm Diveroli jouissif mais dont le seul gag consiste en un ricanement qui finit par agaçer. En face, Miles Teller écope d'un personnage assez vu et revu, le brave gars qui se retrouve piégé dans une entreprise louche dans le but d'offrir ce qu'il se fait de mieux à sa femme et son enfant. Globalement pourtant, War Dogs n'est pas une franche comédie. Quelques gags font sourire le spectateur mais ça s'arrête là. Todd Philips mise en réalité sur un domaine plus délicat: le drame. En construisant son récit comme une histoire sérieuse, le cinéaste fait dans la redites. Il se confronte par la même à un poids lourd du genre : Lord of War d'Andrew Niccol.

    Une fois cette notion en tête, on s'aperçoit très vite des similitudes entres les deux métrages. La lente montée en puissance de David, son envie d'impressionner sa femme et de vivre bien au-delà de ses moyens, ses entreprises de plus en plus dangereuses et embarrassantes d'un point de vue moral...et la chute, inévitable. Sauf que War Dogs n'arrive jamais à la cheville de ce maître-étalon. Todd Philips n'y peut rien, son film parait insignifiant. Il aborde un thème très fort, la vente d'armes, en ouvrant les portes sur un sous-texte contestataire important avec le rôle joué par les Etats-Unis...sauf qu'il n'en fait rien. Du tout. War Dogs reste du pur entertainement et n'a en réalité aucune épaisseur. Malgré son pompeux découpage en chapitres (qui ne sert à rien), le long-métrage ne sait pas où se placer ce qui finit par le ranger dans la catégorie : "vite vu, vite oublié".

    Tir manqué 

    War Dogs n'a rien de désagréable à la vision. Il montre que Todd Philips cherche à se renouveler en explorant des domaines autres que celui de la pure comédie. Malgré cette bonne volonté, l'américain ne sait pas positionner son film et se décider sur la façon de traiter son sujet accouchant ainsi d'un objet filmique inoffensif. Quitte à choisir, revisionnez Lord of War.

    Note : 6/10

    Meilleure scène : La traversée du triangle de la mort

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