• [Critique] Pirates des Caraïbes 5 : La Vengeance de Salazar

     

     Triste destin que celui de la franchise Pirates des Caraïbes. Ce coup de poker des studios Disney en 2003 qui tentent alors d'adapter une attraction-phare du parc devient un énorme succès. Forcément, deux suites sont mises en chantier, Le secret du coffre maudit et Jusqu'au bout du monde, toujours sous la direction de Gore Verbinski mais qui finit clairement par épuiser le filon avec un épisode trois poussif. Malgré le départ du créateur de la trilogie, la production choisit de remettre le couvert en confiant le quatrième volet à Rob Marshall. La Fontaine de Jouvence s'avère logiquement un échec artistique quasi-total. Malgré tout, le public suivant, un cinquième film est mis en chantier. Cette fois, le métrage est co-réalisé par les réalisateurs norvégiens Joachim Rønning et Espen Sandberg à qui l'on doit Kon-Tiki mais aussi Bandidas. Difficile donc de soulever un véritable enthousiasme pour cette énième aventure malgré la présence inattendue de Javier Bardem. Ne serait-il pas temps de couleur le Black Pearl ?

    Difficile de se voiler la face, ce nouveau volet de Pirates des Caraïbes n'a plus la fraîcheur d'antan. En effet, on marche en territoire connu avec malédictions, moussaillons, canonnades, couple d'amoureux, abordages, singes voleurs, Jack Sparrow et autre Barbossa. A priori rien de nouveau sous le soleil. Cependant, les cinéastes étant certainement bien conscients de cet état de fait, capitalisent justement sur ce qui a fait le succès de la franchise à ses débuts. La Vengeance de Salazar (en réalité Dead men tell no tales, mais les français adorent les titres moisis, c'est bien connu) s'ouvre donc de façon très semblable au premier opus en misant tout, ou presque, sur un côté aventure décontractée qu'il fait assez plaisir de retrouver. Le ton mystérieux est là, Jack Sparrow égal à lui-même (bien que le personnage commence à lasser) et surtout les réalisateurs norvégiens nous présentent Salazar. Très (très) loin du fade Barbe Noire, le grand méchant interprété par un succulent Javier Bardem bénéficie non seulement d'un background efficace mais également de superbes effets spéciaux qui, sans égaler la perfection graphique du Hollandais Volant, renvoie à l'équipage maudit du Secret du coffre maudit. 

    En s'ouvrant sur une séquence d'action drôle et impressionnante à souhait, La Vengeance de Salazar réjouit. Certes, on le savait en entrant dans la salle, on ne trouvera rien de véritablement nouveau là-dedans mais au moins Joachim Rønning et Espen Sandberg ont-ils la bonne idée d'offrir un divertissement le plus proche possible des origines. On évite évidemment pas les défauts comme celui du couple formé par Brenton Thwaites-Kaya Scodelario, copie à peine masquée de celui d'Elizabeth et Will, ou le manque cruel de scènes véritablement épiques. Mais ce cinquième volet a pourtant bien des choses à proposer. A commencer par un antagoniste puissant au navire franchement excellent, et surtout, comme on le disait plus haut, d'un background qui fait plaisir et sort des ornières habituelles. De même, l'humour, malgré quelques errements, s'avère globalement meilleur avec quelques blagues franchement drôles (l'astrologue putative). Saluons enfin quelques séquences qui sortent du lot comme le combat sur les canons, la libération de Jack ou encore le cambriolage. Tout cela sur une bande-son dans la droite lignée des autres opus et, donc, excellente.

    Plus court que tous les autres volets précédents, La Vengeance de Salazar n'a pas le temps de faire bailler son spectateur comme pouvait le faire Jusqu'au bout du monde ou La Fontaine de Jouvence. Mieux même, les deux réalisateurs tentent de rattacher les wagons de l'histoire de la trilogie originale pour lui donner un épilogue qui, s'il semble un peu téléphoné, n'en demeure pas moins touchant. Reste alors le cas de Jack Sparrow interprété par un Johnny Depp égal à lui-même qui finit, simplement par agacer. Pas que le personnage en lui-même soit mauvais - il a été brillantissime par le passé - mais il est l'exemple même du héros usé jusqu'à la corde et dont on connaît chaque réplique. C'est pourquoi la séquence si contestée du flash-back s'avère une excellente idée. Elle permet de montrer quelque chose de neuf à propos de Jack tout en achevant en un certain sens sa légende. Espérons simplement qu'il s'agisse là de la dernière apparition de l'excentrique pirate des caraïbes. 

     Surprenant par sa volonté affichée de revenir aux sources d'une saga passablement essoufflé, Pirates des Caraïbes 5 se hisse au rang des bons divertissements. En tentant de se faire plus léger, plus rythmé, plus esthétique et surtout de rassembler les personnages des premiers volets, le long-métrage de Joachim Rønning et Espen Sandberg offre une fin satisfaisante aux aventures de Jack Sparrow. Du moins, on l'espère. 

     

    Note : 6.5/10

    Meilleure(s) scène(s) :  Le cambriolage

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