• [Critique] Emergo

    [Critique] Emergo


    Le cinéma d’horreur-fantastique a connu un certain virage depuis quelques temps autour du Found Footage. Ce style - où l’on suit de façon réaliste la vie des protagonistes au moyen notamment de caméras que tiennent les personnages ou d’autres choses encore du même acabit – a un peu émergé avec le fameux Projet Blair Witch (des ados coincés dans une forêt avec une histoire de sorcières, un film fauché assez médiocre au demeurant mais qui a engrangé des caisses de recettes) pour se voir revigorer d’abord avec la série espagnole [Rec] (très inégale) puis décliner à toutes les sauces depuis la franchise Paranormal Activity (l’arnaque du siècle). C’est encore une fois par le cinéma espagnol que vient la surprise avec ce petit Emergo, un court film de 1h20 à peine qui a fait son chemin dans les festivals mais n’est jamais sorti en France. Mais au fait, pourquoi est-il différent des autres ?

    Eh bien pour plein de (bonnes) raisons. Premièrement parce que le spectateur entre directement dans l’action, contrairement aux Paranormal Activity où l’on s’ennuie ferme durant les trente premières minutes – voir plus – avant d’avoir des choses croustillantes, Emergo nous plonge sans attendre dans le bain. On suit l’arrivée d’une équipe de scientifiques du Docteur Helzer, un expert en parapsychologie, accompagné des jeunes Paul et Ellen. Leur destination ? Un petit appartement miteux d’un immeuble non moins miteux où la famille d’Alan White, un père veuf, doit faire face à des phénomènes inquiétants avec ses deux enfants, Caitlin et Benny. Pas de fioritures ici ou de présentation débile, au bout de 5 minutes, la première manifestation pointe le bout de son nez – et pas à moitié. C’est d’ailleurs une autre différence notable, celle du rythme. Alors que les Paranormal-Activity-like sont d’une lenteur quasi-consternante et ne s’affolent que dans les toutes dernières minutes, avec Emergo, c’est un peu les montagnes russes, alternant quelques accalmies pour poser l’histoire, à de gros pics d’adrénaline bien méchant.

    Ainsi quand ça claque…eh bien ça claque. Tout s’emballe et ce n’est pas juste une cuillère qui change de place. Ici, si on voit un plan fixe, c’est qu’il va se produire quelque chose, pas de faux suspense putassier pour rallonger le film. Une des grandes forces d’Emergo, c’est de tenter un impressionnant nombre de choses au niveau des plans. De la banale caméra à l’épaule à la caméra de surveillance en passant par la caméra frontale ou, beaucoup mieux et génial, le stroboscope. Celui-ci donne la meilleure scène du film, crispante à souhait à mesure que les flashes se suivent. En ne laissant que peu de répit au spectateur, Emergo assure le job, et n’ennuie jamais. De même, l’aspect banal et assez miteux de l’appartement ajoute quelque chose à l’atmosphère, le choix de la belle maison bien clean des Paranormal Activity laissait toujours perplexe sur ce point.

    Enfin, on trouve autre chose que de la frousse et des fantômes dans Emergo.
    Alors que chez les concurrents, on mise sur les scènes du quotidien – super, ils font la cuisine ! Oh ils jouent à la Xbox !! Heureusement qu’on en a fait un film – Torrens donne un fond à son métrage. Certes, celui-ci n’est pas d’une grande originalité – malgré un petit twist appréciable – mais il a le mérite de donner des contours et une épaisseur aux personnages, notamment au Dr Helzer et à Alan White. Outre l’horripilante adolescente, Caitlin, on trouve une petite histoire de conflit familial et de deuil qui finit non seulement par devenir intéressante mais permet notamment une belle scène de confrontation avec le père joué par un Kai Lennow très convaincant. En bref, le dernier avantage d’Emergo, c’est de tenter de proposer une véritable histoire derrière le fantastique et les scènes chocs, et pas du vide ou du pseudo-mystérieux. Le film comprend mieux que s’il veut arriver à impliquer un minimum le spectateur, il faut lui donner du concret, et ça change énormément les choses. Tout le volet sur les explications données par le docteur s’avère pas mal trouvé non plus, rien d’extraordinaire, mais assez drôle au second degré par son scepticisme obsessif.

    Ramassé sur une courte durée, mené à toute vitesse, Emergo a le mérite de ne pas prendre juste son public pour des vaches à lait. En proposant une histoire agréable à suivre, en multipliant les tentatives de mise en scène dans un cadre tout sauf propret, Carles Torrens donne ce que l’on appelait jadis une bonne série B sympathique en faisant par-là même le meilleur représentant du genre Found Footage avec son sous-estimé parent [Rec] 2. A découvrir – dans le noir.

    Note : 7.5/10

    Meilleure scène : Le Stroboscope !!!!

    Meilleure réplique : « They’re many of us. »
     
     

     


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