• [Critique] Fear and Desire

    [Critique] Fear and Desire

    Longtemps introuvable sur le marché, Fear and Desire est le premier film d’un certain Stanley Kubrick. Tourné en 1953 avec un budget ridicule (pour ne pas dire inexistant) de 10 000 dollars, le long-métrage deviendra une source d’embarras pour celui qui sera appelé par la suite à devenir l’un des plus grands cinéastes du XXème siècle. Qualifiant lui-même ce premier film d’amateur, Kubrick a vainement tenté d’en détruire les copies en circulation. C’est en 2012 que le film ressort sur le marché et permet de se pencher sur l’œuvre de jeunesse d’un illustre inconnu à cette époque.

    Très court, une heure au total, Fear and Desire n’est pas si dénué d’intérêt qu’on le clame souvent. Monté, joué et filmé en amateur il est vrai, le long-métrage s’intéresse à une troupe de militaires perdue en territoire ennemi. Accompagné d’une voix-off pesante, l’histoire prend place dans un lieu et une époque indéterminés, les soldats appartenant à des belligérants non identifiés. L’histoire reste assez simpliste puisqu’elle nous propose de suivre l’échappée des quatre hommes. On assiste à plusieurs rebondissements, notamment la rencontre avec une jeune femme et la découverte d’un quartier général non loin de la rivière.

    Ecrit par un ami de Kubrick, Howard Sackler, Fear and Desire reste cependant intéressant dans la filmographie du réalisateur. Maladroit, le film l’est sans aucun doute. On relève un certain nombre de faux raccords, une tendance aux gros plans ennuyeuse et un montage hasardeux…mais qui tente quelques petites choses. En réalité, Fear and Desire porte en lui les germes d’un réalisateur qui se cherche. On sent que Kubrick tente de dégager des idées, notamment en saisissant dès que possible ses personnages en plan serré, comme pour capter leurs pensées, leurs démons intérieurs. De même, son cadrage étonne par son efficacité. De fait, même si Fear and Desire n’a rien d’extraordinaire, il présente déjà quelques marottes de l’américain. 

    On retrouve en effet un récit de guerre qui évoque déjà la noirceur d’un Full Metal Jacket, une fascination pour la folie qui s’incarne dans le jeune soldat chargé de garder la femme capturée ou encore un propos sur la violence prépondérant. En ajoutant l’idée simple de faire jouer les soldats ennemis par les mêmes acteurs que les personnages principaux, Kubrick affirme déjà une tendance à brouiller les pistes, à questionner le sens de la réalité ainsi que de la culpabilité. Ainsi, malgré la faiblesse générale de cette première œuvre, Fear and Desire apporte un propos noir quasiment poétique par moments (la voix-off du sergent sur le radeau ou celle du général se questionnant sur le lieu de sa mort) que l’on retrouvera bien plus tard dans la filmographie du cinéaste.

    Amateur, Fear and Desire n’est pas en soi un film marquant, loin de là même. Il intéressera avant tout les spectateurs curieux des débuts d’un cinéaste hors pair. Au-delà des faiblesses du long-métrage, on y décèlera pourtant un propos pas si innocent et bien plus captivant qu’il n’y parait.

    Note : 4.5/10


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