• [Critique] Hercule


    Décidément, cette année, le demi-Dieu Hercule est à l’honneur. Pas moins de deux longs-métrages en quelques mois. Soyons francs, la quantité ne rime pas souvent avec la qualité. Et c’est un peu le cas ici. Le premier film, La Légende d’Hercule, était signé Renny Harlin, qui n’a rien fait de mémorable depuis 58 minutes pour vivre. Après ce premier essai aussi risible que moche, c’est au tour de Brett Ratner de revenir sur le fils de Zeus. En s’inspirant du comic book éponyme de Steve Moore, il tente donc de dépoussiérer le mythe et de livrer sa propre vision du héros. Pourtant, pas de quoi s’enthousiasmer. Rappelons quand même que Ratner est l’homme à l’origine du médiocre troisième volet de X-Men, celui-là même que Bryan Singer a renié dans son dernier film. Malgré un certain nombre d’acteurs réjouissants, Dwayne Johnson et Ian McShane en tête, autant dire que la prudence est de mise.

    Hercule est un héros, une légende. Selon celle-ci, il est le fils illégitime de Zeus et d’une mortelle, il a accompli douze travaux impossibles pour le commun des mortels et surtout, on prétend que nul homme ne peut le blesser. Accompagné par une troupe de guerriers des plus hétéroclites, le héros est mandé par le roi Cotys en Thrace, une région de la Grèce. Harcelé par Rhésus, le royaume est en proie à une terrible guerre civile. Pour protéger le peuple autant que pour l’argent, Hercule et sa troupe acceptent d’entraîner l’armée inexpérimentée de Cotys et de défaire Rhésus et sa troupe de Centaures. Pourtant, de nombreuses surprises attendent le demi-Dieu.

    Commençons par le dire clairement : si vous avez lu les (excellents) comics books de Moore et que vous pensez les retrouver à l’écran, vous pouvez faire demi-tour. Du récit de Moore, il ne reste que quelques noms (La Thrace, le roi Cotys, les hommes et femmes de la troupe d’Hercule) et quelques grandes lignes scénaristiques (La guerre civile, l’entraînement des troupes par Hercule). Le reste, avec cette logique détestable d’Hollywood, est expurgé de toute l’originalité du comics. Donc, oui, Hercule par Brett Ratner est une très mauvaise adaptation du travail de Steve Moore, en plus de ne même pas signaler qu’il s’en inspire (ce qui reste honteux).

    Mais relativisons. Si vous ne connaissez pas le travail original, ou si vous savez faire la part des choses, Hercule peut devenir bien plus sympathique. Contrairement à ce que l’on pouvait craindre après le film d’Harlin, la réalisation de cet opus est nettement meilleure. Dans nombre de séquences, Ratner arrive à vraiment retranscrire le souffle épique des batailles de l’Antiquité (on pense notamment à l’attaque du village des cannibales). Surprenant également, les effets spéciaux du métrage sont tout à fait corrects, sans atteindre la perfection visuelle de Weta Workshop par exemple, mais assez impressionnants pour faire naître quelques séquences plaisantes. Côté scénario, celui-ci reprend donc quelques bases de celles du comics mais les lisse pour donner un récit fait de batailles héroïques et d’intrigues politiques. De ce côté, il n’y a rien de très original dans Hercule, tout reste assez convenu et on voit venir le retournement final à des kilomètres. Le vrai bon côté d’Hercule se cherche ailleurs.

    Il se trouve dans la joyeuse équipe rassemblée autour du demi-dieu (et qui doit tout à celle du comics) remplie de beaux seconds rôles et qui fonctionne très bien à l’écran. De Rufus Sewell au génial Ian McShane (mais pourquoi cet acteur est si dédaigné d’Hollywood ?) en passant par Aksel Hennie, ils sont tous aussi charismatiques qu’attachants. Seule Atalante, l’amazone, jouée par Ingrid Borso Berdal, laisse une impression persistante de miscast, tant par son costume ridicule que par sa carrure totalement inadaptée pour le rôle. De même, Dwayne Johnson est une vraie bonne surprise, qui renvoie à Schwarzenegger dans Conan, un acteur bodybuildé impliqué dans son rôle et qui s’attire assez rapidement la sympathie du spectateur par la sincérité de son travail. Il est franchement convaincant, malgré toutes les réserves que l’on aurait pu avoir à son sujet. Le dernier atout du métrage, c’est la volonté de Ratner d’explorer la voie de la démythification et de rendre Hercule plus humain. Si le procédé n’est pas convaincant à 100%, il permet d’ajouter une touche d’originalité au récit balisé du demi-Dieu.

    Malheureusement, il faut tempérer cet enthousiasme initial. Ratner, malgré ses bonnes intentions, ne dépasse jamais le cadre du blockbuster de série B. C’est sympathique mais c’est anecdotique. Trop sage, trop conventionnel, le récit souffre également d’énormes lacunes au niveau de sa cohérence qui, franchement, brisent toute sa crédibilité. Le meilleur exemple ? Les pertes après la première bataille, qui réduisent le nombre d’hommes de Cotys à une grosse poignée, et qui se comble miraculeusement en une nuit (Ses hommes doivent se multiplier par mitose). On citera également le nouvel équipement qui arrive comme par magie ou encore le fait que les hommes d’armes du roi semblent tantôt subjugués par Hercule, tantôt s’en foutre royalement (sans compter que les archers Thraces sont certainement les plus nuls toutes catégories confondues). Le gros souci d’Hercule, c’est à la fois de ne jamais donner plus que son postulat simpliste de départ, mais également de tomber dans tous les pièges du film américain lambda avec les facilités que cela implique.

    Un sympathique film de série B avec de bons effets spéciaux. C’est un peu ce que l’on retiendra d’Hercule, à condition de ne pas avoir lu le comic book original. Fun et comptant assez d’acteurs convaincants dans ses rangs, le métrage de Brett Ratner n’est pas la catastrophe annoncée.
    Dommage cependant, il aurait pu être tellement plus que ce qu’il est au final...


    Note : 6/10

    En tant qu’adaptation : 3/10


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