• [Critique] Hunger Games 2 : L'embrasement

    Il y a un certain temps maintenant sortait le premier film d'une nouvelle franchise adaptée de romans adolescents. Nouvelle poule aux œufs d'or pour le studio Lionsgate, Hunger Games se payait même le luxe de réunir l'excellente Jennifer Lawrence et le trop rare Woody Harrelson. Seulement voilà, malgré un background qui semblait intéressant dans les dix premières minutes, le film accumulait les tares et finissait par se vautrer dans une niaiserie trop commune. Recruté pour la suite, le réalisateur de Constantine, Francis Lawrence, avait la lourde tâche de faire mieux, chose ô combien difficile vu le matériel de base. Avec ce second volet, intitulé L'embrasement, le ton est donné.

    Alors que Katniss a remporté avec Peeta les derniers Jeux en refusant de s'entretuer, elle est involontairement devenue un symbole pour les districts opprimés par le Capitole. De plus en plus de personnes se levant contre l'autorité établie, le président Snow décide de rappeler directement à l'ordre la vainqueuse avant sa tournée de "triomphe". Malheureusement, malgré les menaces, la chose tourne court et rapidement des nouveaux jeux "exceptionnels" sont organisés. Katniss et Peeta se retrouvent de nouveau confrontés à la brutalité de l'arène.

    Hunger Games 2 est l'archétype du film, et même plus loin, d'histoire, qui se fiche de son public/lectorat. Mais pourquoi ? Premièrement parce que pendant près d'une heure, le film brasse du vide, avec deux seuls axes : les Districts vont se révolter car Katniss a fait naître l'espoir et Katniss est traumatisée d'avoir tué. Le résultat est d'une lourdeur et d'une répétitivité... Katniss crie puis pleure puis re-crie (elle fait des cauchemars faut dire) et au final va ENFIN assumer son rôle de symbole à contre-cœur (Oui, du JAMAIS vu au cinéma, JAMAIS, quel coup de théâtre !). A côté, le président Snow vient rappeler ce qui s'est passé à la fin du premier et faire le méchant très très méchant, pour les deux du fond qui n'auraient pas suivi. On retrouve des personnages connus, Haymich qui...ben qui boit et Peeta qui est toujours aussi...tête-à-claques (au-delà de son nom d'association de défense des animaux, il est un peu le Edward de Katniss...a moins qu'il ne soit Jacob ?). Mais au-delà de ça, c'est surtout le fait que le film n'a rien à dire de neuf, tous les éléments, absolument tous, ont déjà été vu dans le précédent et il ne fait que rabâcher encore et encore dans la longuuuuuuue attente que les districts se révoltent. Alors bien entendu, on a le droit à la séquence d’exécution sommaire par les militaires pour insister sur le côté totalitaire de la chose, quelque fois qu'on aurait pas tout à fait compris. Mentionnons au passage la cohérence des sanctions dans l'univers de Hunger Games : lever la main en sifflant comme un symbole de mécontentement = une balle dans la nuque, agresser physiquement un commandant militaire = coups de fouet. A ce rythme, tuer le président sera passible de fessée.

    Mais passons car il y a bien d'autres choses à dire puisqu'intervient ensuite une nouvelle séance de jeux (absolument pas prévisible d'ailleurs) donnant à Katniss et Peeta l'obligation de recombattre...Avec la rencontre des autres candidats...et les auditions...et le défilé....Ce qui fâche totalement avec ce second volet, c'est qu'en fait c'est un Hunger Games bis. Exceptées la toute fin et les durées relatives, on a droit à la même trame scénaristique. Les districts et les conditions de vie horribles - la sélection - la parade - les auditions - l'arène. Voila. C'est génial. Pour que ce soit moins voyant, on a changé des choses, exit les novices, que des experts... et une nouvelle arène. Ce qui ne change pas, par contre, ce sont les jeux. Copie éhontée à la base du principe de Battle Royal, les Jeux voient de jeunes gens (et même une vieille d'ailleurs,mais faut dire qu'elle remplace la petite black pour le côté émotion) s'entretuer joyeusement. Enfin, il faut le dire vite. Un ou deux morts puis hop, 2 équipes et voilà. Oui. Au moins Battle Royale était ultra-fun. Ici, c'est surtout une séance hardcore de Koh-Lanta. Incapable de construire un jeu de roulette russe efficace entre humains, il faut faire appel à des pièges. Jusqu'à une troupe de babouins enragés...(Soupir). On passera aussi sur le gaz toxique lavable à l'eau (qui vaut bien la crème réparatrice express d'une blessure profonde du premier volet) et au milieu de ça bon, y'a des morts (non pas le spectateur, pas encore).

    Le gros soucis de beaucoup de films récents made in Hollywood, c'est de faire mourir des personnages dont, en gros, on a rien à faire. Après la reine de Thor, voici donc la fille camouflée dont on ne sait rien qui meurt. Super. C'est un peu comme si on avait introduit Ned Stark en 30 mn dans l'avant-dernier épisode de Game of Thrones avant de le décapiter dans le même épisode. On en aurait rien eu à faire non plus. Tout tombe à plat parce que tous les personnages importants ne peuvent pas mourir (ben oui, y'a une suite quoi!) et que les nouveaux sont introduits avec une vitesse épatante. "Bonjour, vous voulez m'apprendre à faire des hameçons ? Moi je vous entraîne à l'arc !" "Oui le mec au torse huilée aime beaucoup cette vieille dame". Bim. Morte. Okay...Bon ensuite, pique-nique sur la plage ? Le principal problème des jeux, c'est que c'est immensément chiant. Là où Battle Royal était ultra-jouissif, le besoin d'édulcorer le contenu pour les adolescents rend le tout affligeant de nullité. Hunger Games 2 finira enfin sur un cliff, en fait c'est un peu l'unique bonne chose du film, vous allez attendre 2h20 pour ça et vous en profiterez 7 minutes.Voilà. Au revoir, à l'année prochaine. Sérieusement...

    De même, certaines tares du premier subsistent, surement dû au matériel de base d'ailleurs. On retrouvera le Capitole où tout le monde s'habille en drag queens, ce qui risque, forcément, de gravement crédibiliser la science-fiction auprès du grand public. Mais aussi le même manque de finesse dans la situation : le Capitole c'est LE MAL, les districts (donc les pauvres) c'est le BIEN. Idem, ça fait deux films que l'on se demandent pourquoi depuis près de 70 ans les Districts ne se révoltent pas tous d'un coup vu que, sans eux, pas de nourriture, pas d'énergie...Après le Capitole peut tous les tuer mais c'est un peu hautement improbable. Et ça l'est toujours là... Mais mais !!!! Attention, il reste aussi le triangle amoureux. Attention, prenez une grande inspiration ! Etttttttttt Top : Katniss aime Gale mais en fait elle doit faire semblant d'aimer Peeta pour que l'illusion tienne et que ses parents ne meurent pas tuer par Snow (Le président, pas Jon), donc elle embrasse Gale dès qu'elle le revoit et Peeta aussi, mais c'est pour de faux, pourtant loin de Gale pour les jeux, elle tombe amoureuse de Peeta qu'elle ne doit PAS aimer, ben oui elle a un copain, Gale, mais Peeta est beau malgré son regard de homard et en plus il vient dans les jeux LUI, alors que Gale dort sur une table de cuisine pour trois coup de fouet, donc en fait son faux-amour devient un vrai-amour mais son vrai-vrai amour est resté en arrière et on sait pas qui elle va choisir. Ouffff. Ça vous rappelle quelque chose en gros ? Un indice, ajoutez un loup-garou et un vampire qui brille ? Bon. Inutile de dire à quel point c'est assommant de niaiserie et de prévisibilité (même si un instant on croit qu'elle va se taper Finnick, le mec qui frime torse nu mais non, c'est la femme de deux hommes, pas de trois, faut pas déconner).

    La réalisation de Lawrence n'a en soit rien de désagréable et Jennifer Lawrence assure le show (malgré quelques grosses séquences de surjeu...), sans compter le fait que Philip Seymour Hoffman a rejoint le projet (Il avait des facture à payer certainement), Hunger Games 2 est d'une médiocrité harassante. Au fond, ce qui est le plus insupportable depuis ces adaptations de franchises pour adolescents, entre Harry Potter et Twilight, c'est qu'à chaque fois elles croient inventer la roue. Pour Hunger Games, c'est peu ou prou pareil. Le grand thème de l'oppression du peuple pauvre par les riches est vu et revu (et surtout récemment avec l'excellentissime Snowpiercer qui est VRAIMENT noir et qui sublime son idée de départ) en meilleur d'ailleurs bien souvent. De même, l'idée de télé-réalité aussi, l'arène avec la forme de son dôme n'est pas sans rappeler un certain Truman Show. Le pire semble être le message de l'histoire qui incite les gens à réfléchir sur l'illusion qu'on leur sert pour ne pas voir les vraies choses importantes alors que le film fait la même chose dans sa non-originalité et sa frilosité. Un beau paradoxe.

    Finissons-en donc, puisque Hunger Games n'embrasera pas grand monde à part la niche classique d'adolescents en quête de sensations. Plat, répétitif à souhait, chiant et à la limite de l'escroquerie (on vous donne 2h20 de Hunger Games bis) , le film ne convainc franchement pas.
    Jennifer, retourne au cinéma indépendant ou de qualité, vite !

    Note : 2.5/10

    Meilleure scène : La révélation de fin (pas dur...)

    Meilleure réplique : Tu peux rester dormir avec moi ? 


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