• [Critique] Killer's Kiss (Le Baiser du tueur)

    [Critique] Killer's Kiss (Le Baiser du tueur)

    En 1995, Stanley Kubrick a 26 ans. Franchement déçu par son Fear and Desire, il décide d’emprunter la coquette somme de 40.000 dollars à son oncle pour financer son deuxième film. Si cela fait de Killer’s Kiss un métrage quatre fois plus cher que le précédent, il reste un (très) petit budget. Désireux de tout contrôler, Kubrick enfile la casquette de réalisateur, de monteur, de co-scénariste, de producteur et de directeur de la photographie. Ironie de la démarche, ce sera tout de même United Artist qui disposera du final cut et imposera une happy-end. Considéré par le cinéaste comme sa vraie première réalisation, Killer’s Kiss s’avère un film personnel…et classique à la fois.

    Stanley Kubrick quitte l’univers de la guerre pour revenir dans un New-York des années 50 où un boxeur du nom de Davey Gordon fait la rencontre de sa belle voisine danseuse : Gloria. Les deux jeunes gens tombent rapidement amoureux au grand dam de l’employeur de Gloria, le gangster Rapallo. Ce dernier décide de tout mettre en œuvre pour empêcher le départ de la femme qu’il aime. Ce postulat archi-convenu renvoie évidemment aux films noirs de l’époque et n’offre malheureusement pas beaucoup plus que ce qu’il laisse entrevoir de prime abord.

    Stanley Kubrick reprend Frank Silvera pour interpréter Rapallo – on l’avait déjà aperçu dans Fear and Desire sous les traits du sergent Mac – et offre le rôle féminin à Irene Kane. On s’aperçoit immédiatement que ce second film corrige les nombreux défauts de son prédécesseur. Kubrick dirige mieux ses acteurs, apprend à gérer ses plans et son cadre…bref, l’américain prend ses marques. Film noir classique et, pour tout dire, assez cliché, Killer’s Kiss n’explore que de loin les thèmes chers à Kubrick. Cependant, il permet à celui-ci de filmer un sport qu’il affectionne tout particulièrement : la boxe. En un sens, il reste toujours un peu de Kubrick dans l’histoire.

    Côté réalisation, tout s’améliore grandement. Si Kubrick n’est pas un scénariste à la hauteur (il ne le sera plus jamais par la suite), il offre cependant une remarquable scène en fin de métrage : la poursuite entre Rapallo et Davey. Celle-ci utilise au mieux l’espace des ruelles New-Yorkaises puis s’envole vers les toits des immeubles avant de terminer dans une usine de fabrications de mannequins. L’atmosphère qui se dégage de la scène se révèle très particulière. Pour dire vrai, et pour la première fois, on sent un peu la patte du cinéaste américain. Dans cet affrontement, les corps artificiels sont massacrés, lancés, piétinés, écrasés. Comme autant de victimes collatérales innocentes et muettes. Il est d’ailleurs assez cocasse de constater que Kubrick semble parfois plus occupé à filmer ces mannequins de plastique anonymes broyés à la hache que les combattants eux-mêmes. C’est véritablement cette séquence qui tire le film vers le haut et permet de l'extirper de l’anonymat total.

    Il faudra pourtant attendre encore, car, malgré toute la bonne volonté du jeune Stanley Kubrick, Killer’s Kiss reste un film noir banal, bien filmé et agréable à suivre mais dépourvu de l’ambiance narrative de son prédécesseur. Anecdotique en somme.

    Note : 5.5/10

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