• [Critique] La Reine des Neiges

    Voilà bien longtemps que Disney n'a plus fait de bons dessin-animés. Après l'hégémonie de Pixar, la compagnie aux grandes oreilles n'a su que récolter les miettes. Et ce n'est pas le médiocre anime La Princesse et la Grenouille qui a changé la donne. Pourtant, depuis quelques temps, la situation s'inverse avec la sortie coup sur coup du très sympathique Raiponce et du jouissivement rétro et nostalgique Les Mondes de Ralph. L'annonce de La Reine des Neiges, vieux projet ressorti des cartons et librement adapté d'un conte populaire laissait cependant mitigé. Vrai retour aux sources avec tout le côté barbant que cela implique ou retour au talent, celui qui avait fait des chef d’œuvres en série dans les années 90 ? En fait, la réponse s'avère un peu plus compliquée mais reste claire : une surprise !

    Le Royaume D'Arendelle jouit d'une grande stabilité et d'un épanouissement manifeste grâce au règne du roi et de la reine. Leurs deux filles, Elsa et sa petite sœur, Anna, sont inséparables. En outre, Elsa est née avec le pouvoir de contrôler la glace et le froid. Malheureusement, après un terrible accident, les choses changent et les deux sœurs s'éloignent. C'est seulement lors du couronnement d'Elsa que les choses vont s’accélérer et qu'Anna, splendide jeune femme extravertie va découvrir le monde... Mais Elsa, parviendra-t-elle à contrôler ses pouvoirs ou deviendra-t-elle la Reine des Neiges ?

    Le nouveau film d'animation de la compagnie Disney ne fait pas longtemps illusion sur sa provenance. Chansons directement et, soyons francs, un peu beaucoup au début (après la séquence d'introduction, une autre tout de suite, c'est un poil indigeste). Mais aussi princesses, reine, prince charmant, et bien entendu l'Amour. Les tares "Disneyiennes" restent bien présentes mais Frozen (le titre original bien plus élégant) a plus d'un tour dans son sac. Il n'y aura pas autre chose qu'une happy end, on s'en serait douté, et il y aura énormément de bons sentiments, un petit raz-de-marée. Mais soit. Les forces de Frozen ne résident pas là, et au contraire, le long-métrage garde ses forces pour le vrai show.

    Il faut immédiatement parler d'une chose. La séquence d'introduction, d'environ 10 à 15 minutes.
    Exemple parfait de l'enchaînement picturale où les personnages grandissent à vue d’œil, il n'est pas sans rappeler les premières minutes de Là-Haut par sa tristesse. Car oui, d'emblée la Reine des neiges nous prend aux tripes et, n'ayons pas peur des mots, rien que cette séquence où l'on découvre les deux sœurs, où se brossent leur amour et leur éloignement brutal, et où, sur la splendide (mais vraiment vraiment magnifique) et tellement nostalgique chanson "Je Voudrais un bonhomme de neige" (Encore plus belle en VO, "Do you want to build a Snowman ?") on voit Anna et Elsa grandir...Cette petite séquence est un véritable chef d'oeuvre, un petit joyau qu'on espérait plus, aussi fort que poignant. Forcément, la suite baisse d'un cran mais passe aussi dans un autre registre, plus comique peut-être, plus grand spectacle aussi.

    Du spectacle, il y en aura d'ailleurs ! L'animation et le graphismes laissent clairement pantois, tout est magnifique, et seul le choix du Character design des princesses peut laisser un brin moins enthousiaste. La séquence de "construction" du château de glaces fait d'ailleurs une énorme impression. Outre cette qualité plastique, c'est autre chose qui attire bien vite l’œil averti. Rapidement enfermé dans le schéma princesse naïve-prince charmant, le film roule tranquillement son monde. Le twist autour de la figure du prince charmant est un grand pied de nez à ce que représente le personnage pour la firme et le parcours initiatique d'Anna fait plus moderne que jamais dans le cadre du "ne croyez pas le beau parleur". Mais mieux, pendant longtemps, le dessin-animé n'a simplement pas de grand méchant, non vraiment aucun. Car la Reine des Neiges, Elsa, que l'on attendait dans ce rôle...ne l'est pas du tout et c'est là la plus grande force du film !

    Le personnage d'Elsa est une éclatante réussite, c'est même mieux encore que cela, c'est LA réussite de l'année 2013 côté personnages animées ! Ni méchante, ni gentille, constamment oscillante dans son état d'esprit, déchirée et touchante, elle est également dotée d'un sous-texte qu'on a simplement plus l'habitude de voir chez Disney ! Et quel événement d'autant plus délectable qu'il colle parfaitement à Elsa. Obligée de se cacher, de cacher ce qu'elle est, chose sur laquelle ses parents insistent lourdement, elle reste cloîtrée et à l'écart. Mine de rien, Disney livre un gros plaidoyer pour la féminité et même la sexualité car, de façon roublarde puis qu’occulté par la romance de la sœur, Elsa n'aura aucun prétendant. De même, c'est seulement à l'écart qu'elle se métamorphose en Reine des Neiges sexy en diable et se trouve "libérée" comme la chanson (sublime, la meilleure depuis la grande époque, avec Indina Menzel sur Let It Go) nous le décrit très bien. Idem, ce sera l'homme qui la ré-emprisonne...avant, seule de se libérer de ses chaînes et de s'émanciper. De là à y voir un vibrant et intense sous-texte féministe voir, sur l'homosexualité, il n'y a qu'un pas, que l'on pourra même franchir tant le tout s'accorde parfaitement. Pour un Disney, c'est un coup de maître.

    Mais jamais, au grand jamais, l'aventure n’ennuie. Anna et ses tribulations, sa rencontre avec Kriss et Sven, deux troublions géniaux et ultra-attachants ne fait que réjouir le spectateur. De même, arrive bientôt LE sidekick comique obligatoire du film Disney, et, surprise, Olaf le bonhomme de neige est...une immense réussite ! Rarement un petit personnage aura été aussi hilarant à chaque apparition (et pour une fois sa voix VF est géniale !) avec, il faut le noter, un passage halluciné sur l'envie d'être un bonhomme de neige en...été. Hilarant et très improbable, le genre d’excentricités qui fait du bien. Bien sûr, il y aura du moins bien et, les trolls par exemple, séduisent moins. Plus enfantin et peut-être un peu plus lourd que le reste. De même, le retour au château et toute la dernière partie s'avère prévisible mais dans l'ensemble assez agréable avec une fin heureuse comme tout Disney qui se respecte !
    Mentionnons tout de même la Bande-originale, de très grande qualité avec deux chansons phares, Let It go et Do you Want to build a Snowman, qui renvoient enfin une énergie et une qualité qu'on avait plus depuis un certain temps.

    Malgré des défauts encore assez nombreux et bien présents durant le film, La Reine des Neiges (ou Frozen) constitue la grosse surprise de fin d'année et un des meilleurs films d'animation de 2013. Hilarant, émouvant, intelligent, 3 maître-mots pour un cocktail décapant ! Courez-y !

    Note : 8.5/10

    Meilleure scène : L'introduction, une merveille !

    Meilleure réplique : "Faudrait lui dire quand même ?" et le "Elle sait peut-être pas frapper ?"


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  • Commentaires

    1
    Vendredi 9 Janvier 2015 à 16:43
    Vert

    C'est vrai que c'est un chouette film, avec le fait que le prince charmant est un bad guy et que c'est l'histoire entre les deux soeurs qui priment, Frozen est carrément moins tarte que le Disney habituel, ça m'a agréablement surpris !

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