• [Critique] Le Roy des Ribauds, Livre 1

    [Critique] Le roy des ribauds, Livre 1

    S'il existe bien un duo magique dans le monde de la bande-dessinée française que l'on apprécie particulièrement, c'est celui de Ronan Toulhoat et Vincent Brugeas. On les avait découverts en 2010 avec une oeuvre aussi colossale que géniale : Block 109. Déclinée en série (6 tomes à ce jour), cette uchronie apocalyptique sur fond d'affrontement entre la Russie Soviétique et l'Allemagne Nazie avait su épater son monde. Après un crochet par le monde de Chaos Team (dont on reparlera prochainement), les deux compères se sont lancé un tout nouveau défi. Oubliez le monde moderne, leur dernière oeuvre s'intitule Le Roy des Ribauds et nous entraîne au XIIème siècle. Friands d'histoires et de détournements plus ou moins extravagants, les deux français nous livrent cette fois une bande-dessinée rude, haletante mais surtout passionnante.

    Nous sommes en l'an de grâce 1194. Le roi Philippe Auguste de France craint la survenue d'un attentat sur sa personne, d'autant plus qu'il doit accueillir ses alliés teutons. Pour le protéger, il peut compter sur un personnage de l'ombre, un certain Triste Sire, qui contrôle en sous-main une bonne partie des affaires de la capitale grâce à ses compagnons d'armes, les Ribauds. Malheureusement, sa position ne va pas sans quelques risques. Lorsqu'un commerçant s'en prend à sa fille, le Triste Sire perd son sang froid et l'assassine. Le problème, c'est qu'il agissait en tant qu'informateur du roi et que celui-ci, fou de rage, réclame la tête de ses assassins. D'autant plus que l'homme connaissait l'identité d'un ennemi terrible n'attendant que le bon moment pour frapper sa majesté.

    Scindé en six chapitres, Le Roy des Ribauds nous plonge avec une facilité insolente dans le nouvel univers de Toulhoat et Brugeas. Utilisant son cadre médiéval au mieux de ses possibilités, l'ouvrage renoue avec le charme du premier Block 109 en jonglant avec l'histoire avec un grand H et les fantasmes délicieux des auteurs. Inspiré par des éléments plus ou moins véridiques (à en croire la post-face), Le Roy des Ribauds choisit d'explorer une époque troublée où le roi Philippe Auguste fait face à la menace latente de l'Angleterre. Paris occupe donc une place tout à fait centrale dans l'ouvrage, et l'on ne s'en plaindra pas, tant la cité se trouve magnifiquement illustrée et employée. Entre basse-fosse et cour royale, la ville des Lumières a certes une cathédrale en trop pour l'époque (Notre-Dame n'étant pas encore achevée en réalité), mais elle a également un charme fou à revendre. C'est là le premier succès du Roy des Ribauds.

    Le second, c'est bien évidemment ses protagonistes tous plus charismatiques les uns que les autres. En premier lieu, le fameux Triste Sire au design tout à fait génial mêlant bestialité renfrognée de vieux bandit et regard calculateur de chef de bande. Son personnage, génial de bout en bout, reste bien évidemment l'attraction numéro un. Mais il sera également épaulé par un certain nombre de seconds rôles savoureux, à commencer par le belliqueux Glaber ou l'étrange roi Philippe Auguste, un jeune souverain aux allures de vieillard dégageant une aura de puissance impressionnante à chacune de ses apparitions. Une des plus belles trouvailles (que l'on espère retrouver par la suite), c'est également le Hibou... mais on vous laisse le découvrir. Evidemment, à ce stade vous l'aurez deviné, ce qui permet à tout ce beau monde de prendre vie, c'est le trait de Ronan Toulhoat.

    A l'instar de son excellentissime travail sur Block 109, Toulhoat nous offre des planches dantesques et une tripotée de designs inspirés. Du Hibou au Triste Sire, en passant par Richard Cœur de Lion, son dessin reste toujours aussi succulent. Allié à l'écriture fluide et intelligente de Vincent Brugeas, le résultat s'avère aussi passionnant qu'admirable. Même si l'intrigue semble un peu maigre au départ, elle s'étoffe rapidement et met en place ses pions. Comme tous les premiers volumes, il s'agit ici plutôt d'installer l'univers tout en happant le lecteur. Deux choses tout à fait réussies par les français. Les amateurs de policier seront aux anges, tout comme les aficionados de capes et d'épée, dans ce récit mené tambour battant qui nous entraîne dans les intrigues de rues et de palais. L'envie clairement affichée de créer une histoire de l'ombre pour une période historique fameuse laisse envisager de beaux développements par la suite. Espérons simplement que le succès soit une fois de plus au rendez-vous !

    Nouvelle réussite pour le tandem Brugeas - Toulhoat avec Le Roy des Ribauds. Malgré un premier tome destiné à mettre en place leur univers et leurs personnages, les deux hommes s'en tirent plus qu'avec les honneurs en dépeignant avec talent une période passionnante de l'histoire et en y ajoutant un certain nombre de personnages savoureux. Ajoutez-y un récit un peu linéaire mais franchement efficace, et vous obtenez une bande-dessinée des plus réussies. Vivement la suite !

    Note : 8/10


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