• [Critique] Les Minions

    [Critique] Les Minions



    Devenus en quelques années la coqueluche des enfants (et des autres), les séides de Gru débarquent au cinéma dans leur propre long-métrage. N'oublions pas qu'à l'origine, ces petites créatures jaunes au langage si particulier sont les bestioles à tout faire dans les deux films de la sympathique franchise Moi, Moche et Méchant de Chris Renaud et Pierre Coffin. A l'instar d'un Scrat ou des Pingouins de Madagascar, ce qui n'était à la base qu'une ribambelle de personnages comiques de second plan s'est vu propulsé sur le devant de la scène. Délicieusement stupides dans Moi, Moche et Méchant mais également diablement attachants, Les Minions ont également joui d'une campagne de pub démesurée, si bien qu'on trouve du Minion à toutes les sauces aujourd'hui. Leur consacrer un film entier n'était donc qu'une question de temps. Seulement voilà, comme toute entreprise de ce genre, motivée par des intérêts financiers purs et durs (qui ne plaisent pas tant que ça à Pierre Coffin, le co-créateur de l'univers), Les Minions peuvent-ils exister par eux-mêmes ?


    Voilà bien une question épineuse. On se souvient d'ailleurs encore de la déception engendrée par Les Pingouins de Madagascar. Pourtant, il faut avouer que ces petites créatures ont un sérieux potentiel comique qu'une histoire appropriée mais surtout audacieuse (donc basée sur un comique absurde par essence) pourrait exploiter de bonne façon. Le problème, c'est que Les Minions a justement le cul entre deux chaises. Le film s'ouvre sur une longue introduction avec une voix-off des plus sérieuses pour nous expliquer l'origine des créatures. Très vite, on se rend compte qu'elles n'existent que pour une seule chose : servir le maître le plus méchant (et le plus moche) qui soit. Un décalage toujours aussi étrange entre cette volonté forcenée des minions de servir un bad guy et leur apparence franchement adorable. C'est ainsi qu'après plusieurs essais infructueux, trois minions tentent d'enfin trouver le boss idéal. Bob, Stuart et Kévin partent à l'aventure de par le monde et vont rapidement faire la connaissance de la plus grande méchante de l'époque : Scarlet Overkill.

    Au départ, Les Minions marche très bien. Les toutes premières images sans paroles nous montrent l'évolution de proto-organismes minionnesques jusqu'à la forme définitive qu'on leur connaît. Puis, les péripéties s'enchaînent avec ce goût prononcé pour passer l'histoire à la moulinette. Les gags et les personnalités se succèdent et le film semble réellement avoir trouvé une excellente orientation. Seulement voilà, la chose ne dure qu'un temps. Pour se renouveler sans sombrer dans l'accumulation de scénettes humoristiques, les réalisateurs ébauchent une intrigue bien plus classique avec l'arrivée de Scarlett Overkill. A partir de ce moment, le métrage jongle entre deux aspects : celui des scènes-gags et une intrigue cousue de fil blanc, et donc banale. Du coup, Les Minions devient un film bancal.

    Scarlet Overkill, malgré toute l'extravagance technologique habituelle de l'univers, n'est pas à la hauteur d'un Gru. Sa présence gêne plutôt qu'autre chose l'humour délicieusement stupide de nos êtres jaunes adorés. On aime évidemment les innombrables clins d’œil du film aux années 60 ainsi qu'aux James Bond movies, mais l'intrigue en elle-même devient rébarbative dès que l'on essaye de coltiner Scarlet à la fine équipe de Bob, Kévin et Stuart. C'est d'autant plus dommage qu'un certain nombre de choses marche du tonnerre dans le long-métrage. A commencer par les délires linguistiques des minions qui parlent une langue savoureusement incompréhensible à base de moussaka, de puci ou de l'inévitable banana. De même, lorsque les trois compères explorent le monde par leurs propres moyens et enchaînent les pires bêtises qui soient, le film prend une toute autre saveur.

    Seulement voilà, Il manque quelque chose de fondamental aux Minions : Gru et les enfants. Conçues au départ comme éléments secondaires, les petites créatures jaunes ont cruellement besoin de la présence émotionnelle des autres personnages de la franchise pour exister. S'ils arrivent à nous faire mourir de rire à plusieurs occasions, Les Minions ne parviennent tout simplement jamais au-delà. On reste donc devant un spectacle malheureusement creux, agréable sur le moment, mais qui sera complètement oublié en quelques jours. Seuls quelques gags resteront car, qu'on le veuille ou non, Les Minions n'ont pas les épaules pour être des personnages principaux. Il ne se révèlent vraiment qu'en arrière-plan d'autres héros plus complexes et plus touchants. On se contentera donc d'un moment de détente délicieusement stupide en attendant les prochaines aventures de toute la famille de Moi, Moche et Méchant.

    Pas aussi décevant que Les Pingouins de Madagascar, Les Minions reste pourtant un film incomplet, en quelque sorte orphelin du reste de son univers. Malgré des clins d’œil excellents et de nombreux gags hilarants (le rat, les inventions, la torture, la séquence d'introduction, l'abeille, le chien), le film de Pierre Coffin et Kyle Balda prouve une nouvelle fois que le dessin-animé repose sur un équilibre fragile entre ses personnages. 

    Note : 6.5/10

    Meilleures scènes : L'introduction - le running-gag du rat


     

     

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