• [Critique] Mad Max 2 : Le défi

    [Critique] Mad Max 2 : Le défi

     

     

    Avec le carton inattendu de Max Max, Le cinéaste australien George Miller peut envisager un second volet avec de tous autres moyens. Ainsi, Max Max 2 bénéficie d'un budget dix fois plus important que le précédent. Pourtant, le film n'a pas aussi bien marché qu'attendu aux Etats-Unis, un marché primordial pour la nouvelle franchise. Difficile d'imaginer qu'un second opus déclenchera l'enthousiasme si le public américain n'a même pas vu le précédent volet. C'est pourquoi Miller décide non seulement de créer un film regardable indépendamment du premier mais aussi de renommer Max Max 2 aux USA en The Road Warrior. Ce pari osé se révèle rapidement gagnant et Mad Max 2 fait carton plein tout en se taillant la part du lion lors des Australian Film Institute Awards. Encore plus que pour Max Max premier du nom, c'est bien ce film qui va faire entrer Mel Gibson dans la légende tout en codifiant un univers post-apocalyptique tellement fort pour l'époque qu'il sera à l'origine d'une esthétique dites "A la Mad Max". Pour comprendre pourquoi des générations de cinéastes se sont retrouvés à s'inspirer de l'univers de Miller, il faut donc s'attarder sur ce second volet qui explose les limites que s'était imposé le premier Mad Max.

    A la fois pour permettre aux nouveaux venus de ne pas être totalement perdus mais aussi pour élargir la focale de son univers, George Miller introduit Mad Max 2 avec un petit film en noir et blanc aux allures d'images d'archives. Il nous raconte comment le monde a sombré après une guerre entre deux peuples (qu'on devine être l'URSS et les USA, époque oblige) puis a fini par sombrer dans l'anarchie avec le manque de pétrole. Il établit le lien avec son premier film en décrivant des contrées en proie aux pillards prêt à tout pour s'emparer d'un bidon d'essence et termine en présentant son héros, le fameux Max. Une fois les choses posées, Miller nous replonge immédiatement dans le cœur de l'histoire avec une course-poursuite typique de la saga. Furieuse et toujours aussi inspirée, elle permet aux anciens comme aux nouveaux de se retrouver dans l'univers de Miller. Celui-ci ne cherche pourtant pas à reproduire son premier film, au contraire. Il tente d'élargir considérablement son monde, hybridant blockbuster et film de genre. 

    Ainsi, Mad Max 2 n'adopte plus un rythme aussi lent que son prédécesseur mais s'évertue à chaque instant à bâtir une esthétique forte. Max devient plus qu'un simple fou, il devient une sorte de justicier solitaire, une légende, donnant une envergure mythologique au film de Miller. Il n'est pas sans rappeler le Snake de New York 1987 sorti la même année. Taciturne, ténébreux mais héroïque au final, Max bénéficie grandement de l'interprétation irréprochable du charismatique Mel Gibson qui compose un personnage fascinant. Pour alléger un peu l'aspect solitaire, Miller lui adjoint un compagnon, en la personne du Gyro Captain, sorte de personnage bâtard à mi-chemin entre le side-kick comique et le bras droit. On perçoit une volonté certaine de Miller de construire une galerie d'individus attachants et atypiques. Leur originalité ne résidant pas forcément dans leurs rôles respectifs, après tout beaucoup reste des archétypes (à l'exception notable de l'enfant sauvage, excellente trouvaille). Ce qui fait toute la saveur des protagonistes de Mad Max 2, c'est encore une fois leur esthétique. Miller va loin dans son délire et livre quelque chose d'inédit. Les méchants se baladent en arborant crêtes punks, combinaisons rafistolées et tenues Sado-maso, les hommes et femmes du campement ressemblent à une version désertique des rebelles de Star Wars et Max ne se dissocie plus une seconde de sa tenue de cuir iconique. Au milieu de ces joyeux lurons se retrouve l'amour de Miller pour les bolides qu'il personnalise encore davantage en les rapiéçant de toute part pour leur donner un aspect disparate et archaïque.

    Buggys, Gyrocopter (le véhicule le plus excellent du film d'ailleurs), camion blindé, toute la cohorte visuelle qui fera de Mad Max une source d'inspiration pour les générations futures est là. Miller nous montre un univers moderne retournant à l'âge de pierre, il hybride les deux modes de vies et accouche d'un monde visuellement génial toujours à la limite du ridicule le plus complet. Le vrai exploit restant que Miller n'y tombe jamais. Pourtant, le cinéaste met beaucoup d'humour dans son film, juste assez pour tirer des sourires à son public mais pas pour ridiculiser ses acteurs et son récit. Celui-ci prend le parti de continuer dans la voie western du premier opus en reprenant un très grand classique du genre : le fort assiégé. Mad Max 2 joue la carte d'un simili-Fort Alamo en s'appuyant sur un cadre désertique australien aussi magnifique qu'évocateur. Au milieu, Max devient un justicier encore plus redoutable que dans le premier volet, confectionné en niveaux de gris, qui ne pense qu'à lui et ne recherche plus la compagnie des autres. Cette sorte d'anti-héros fait mouche, préfigurant une grande partie des personnages amoraux que l'on rencontrera plus tard au cinéma. Les grandes valeurs telles que le courage et la défense des opprimés (l'enfant notamment) sont mises en avant également, permettant de donner au long-métrage un côté universel, expliquant par la même son succès public. Rajoutons à cela une séquence de course-poursuite hallucinante où l'intensité et la rage du réalisateur s'expriment pleinement avec des moyens à la hauteur cette fois, et l'on obtient un spectacle marquant à plus d'un titre.

    Si Mad Max 2 se termine sur une voix-off racontant la légende qu'il est devenu, c'est pour achever de donner un aura intemporelle à ce Road Warrior qui a décidément bien évolué depuis sa première apparition. Avec Mad Max 2, George Miller construit un film-univers à l'esthétique remarquable et à l'ambiance unique, il codifie sans le savoir les règles d'un univers post-apocalyptique déjanté et cruel qui inspirera des générations de cinéastes. Plus qu'un essai transformé, The Road Warrior est l'accomplissement d'une vision qui fera date, donnant au film une aura culte qu'il garde toujours à l'heure actuelle.
    Un classique en somme.

    Note : 9/10

    Meilleure scène : La course poursuite 

    Meilleure réplique : My life fades. The vision dims. All that remains are memories. I remember a time of chaos, ruined dreams, this wasted land. But most of all, I remember the road warrior, the man we called Max.

     

     

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