• [Critique] Mistress America

    [Critique] Mistress America

    Habitué du genre, Noah Baumbach récidive après While We're Young et Frances Ha en ce début d'année 2016. Sans bouleverser ses marottes habituels, le réalisateur américain continue dans la comédie indé gentiment turbulente. Mieux encore, il retrouve son actrice fétiche, Greta Gerwig, qui, pour l'occasion, co-scénarise son nouveau long-métrage en plus d'en assurer le principal rôle secondaire. Baumbach pose une nouvelle fois sa caméra à New-York, dans les milieux des jeunes artistes qu'il affectionne tant, pour près d'une heure trente d'un récit vivifiant. Mistress America fait la part belle à une certaine conception de le jeunesse et de l'émancipation intellectuelle, ceci par le regard tantôt naïf tantôt désabusé de sa jeune héroïne, Tracy, incarnée par la rafraîchissante Lola Kirke. Après la petite déception Frances Ha, Noah Baumbach arrive-t-il enfin à trouver l'équilibre suffisant entre influences indé et cinéma d'auteur ?

    Tracy vient d'intégrer l'université. Écrivaine en herbe, elle souhaite intégrer le plus prestigieux des clubs de lecture du campus, le fameux Moebius. Avec son ami Tony, dont elle tombe rapidement amoureuse, Tracy va découvrir peu à peu que la vie étudiante est loin d'être aussi excitante et libératrice qu'elle se l'imaginait. Sur un coup de tête, elle décide d'appeler Brooke, la fille de son futur beau-père. Véritable feu-follet new-yorkais, Brooke n'a pas sa langue dans sa poche et accumule les projets excitants. Sous le charme puissant de cet électron libre, Tracy se met à écrire une nouvelle inspirée de l'histoire de celle qu'elle admire tant. On reconnaît immédiatement, dans sa façon d'utiliser la voix-off, de filmer ou de bâtir des personnalités jeunes et bouillonnantes, la patte de Noah Baumbach. La petite vie de Tracy, sa rencontre avec la fantasque Brooke qui incarne tout ce qu'elle voudrait être et les dialogues fusant à deux cent à l'heure, aucun doute, Mistress America renoue avec l'enthousiasme communicatif de l'oeuvre de Baumbach.

    Heureusement, et contrairement à Frances Ha, Mistress America ne tombe jamais dans l'auteurisation. Pas de noir et blanc incongru ici, juste de magnifiques vues d'un New-York plus charmeur que jamais. Bien aidé par une bande-originale aux petits oignons, Noah Baumbach nous balade entre les illusions étudiantes et les fantasmes de Tracy. L'alchimie entre elle et Brooke fonctionne quasi-immédiatement, procurant un saisissant contraste entre les deux amies. Greta Gerwig trouve un rôle taillé sur mesure où son exubérance naturelle et son débit de parole ajoutent un véritable cachet d'authenticité au personnage farfelue et attendrissant qu'est Brooke. Naoh Baumbach filme avec bonheur et tendresse les entreprises follement rafraîchissantes des deux amies, passant des soirées huppées aux aventures délurées des new-yorkaises. Grâce à des dialogues travaillés et rythmés à la perfection, l'américain ferre son public et l'attire dans un aspect théâtral savoureux. 

    Dans son univers coloré plein d'espoirs, on croise des voyants et des voisins conciliants, on achète mille sorte de pâtes et l'on s'embarque à quatre pour renouer le contact avec une vieille ennemie. Mistress America est l'expression d'une jeunesse pleine de charme, à la fois agaçante et débrouillarde, qui se cherche et se mésestime. Le versant théâtral du film ne fera d'ailleurs que s'accentuer jusqu'à cette longue séquence chez Mamie-Claire où les répliques et les personnages semblent jouer une pièce pleine de quiproquos et de retournements de situation. Les acteurs, tous délicieux, jouissent de leur petit instant de gloire, vivent réellement sous la caméra malicieuse de Baumbach. Puis l'américain revient finalement au thème principal de Mistress America, apprendre à être soi-même, à s'accomplir par soi et non par les attentes des autres, arriver à s'aimer avant de vouloir aimer les autres. Du coup, la relation Tracy-Brooke s'inverse, prend un tout autre sens et sur la musique Souvenir, on se prend à rêver nous aussi, à se considérer autrement. 

    Bien plus convaincant et authentique que son Frances Ha, Mistress America incarne certainement un cinéma indépendant doux-amer et rêveur qui s'octroie le droit de ne pas choisir entre grand écran et scène de théâtre, brisant les codes pour mieux se les réapproprier. Comme inspiré par sa muse, la géniale Greta Gerwig, Noah Baumbach rassure et offre au spectateur une petite sucrerie douce-amer entre humour et tendresse.

    Note : 7.5/10

    Meilleure scène : La visite chez Mamie-Claire

     

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  • Commentaires

    1
    Dimanche 17 Janvier 2016 à 19:17
    Cachou

    J'ai également préféré ce film à Frances Ha, dont le succès critique m'a laissée un peu perplexe (je ne l'ai pas détesté mais je n'ai pas trouvé ce film formidable). Ici, c'est un peu doux-amer mais surtout très sincère. Pas non plus un coup de coeur, mais j'ai trouvé le tout attachant, attendrissant parfois même.

    2
    Dimanche 17 Janvier 2016 à 19:27

    Voilà, tout pareil que toi. Frances Ha m'a laissé froid, pire même, je l'ai trouvé prétentieux et superficiel.

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