• [Critique] The Imitation Game

    [Critique] Imitation Game

    Nommé Catégorie Meilleur Film Oscars 2015
    Nommé Catégorie Meilleur Réalisateur Oscars 2015
    Nommé Catégorie Meilleur Acteur pour Benedict Cumberbatch Oscars 2015
    Nommé Catégorie Meilleure Actrice dans un second rôle pour Keira Knigthley Oscars 2015
    Nommé Catégorie Meilleur Scénario Adapté Oscars 2015
    Nommé Catégorie Meilleure Musique Oscars 2015

    Contrairement à beaucoup d'idées reçues, la seconde guerre mondiale ne s'est pas gagnée que sur le terrain. Derrière les divisions et les grandes batailles se trouvaient également d'autres combats, moins dangereux certes, mais tout aussi cruciaux. Parmi ceux-ci, celui des Britanniques pour casser le fameux Code Enigma, un cryptage d'une efficacité redoutable qui permettait aux Allemands de communiquer sans se soucier de l'espionnage allié. Pour relever ce défi, les agents de la couronne réunirent quelques-uns des esprits les plus brillants du royaume, parmi lesquels un certain Alan Turing. Mathématicien de génie, l'homme n'est pas des plus reconnus lorsqu'il s'agit de s'intégrer parmi ses pairs. Pourtant, grâce à son aide, les alliés arriveront à dominer le secteur de l'espionnage. Loin de devenir un héros, Turing va connaître une fin des plus ignominieuses liée à un secret encore inavouable à l'époque en Angleterre.

    Imitation Game représente le tremplin international (et hollywoodien) du réalisateur norvégien Morten Tyldum. Inconnu hors des frontières de son pays d'origine, il a jusqu'ici eu les honneurs douteux de sorties directement en DVD. Biopic 4 étoiles emmenant des acteurs reconnus tels que Keira Knightley ou Benedict Cumberbatch, le long-métrage propose un des sujets favoris de l'académie des Oscars, à savoir le parcours d'un homme hors du commun oublié par l'histoire. Pourtant, au vu de l'expérience toute relative de son réalisateur et des nombreux pièges qui guettent lors de la réalisation de ce genre de films, Imitation Game fait figure de défi un peu casse-gueule. Plébiscité pendant la période faste des récompenses pré-Oscars, le film a également réussi à empocher un sacré nombre de nominations pour la course à la précieuse statuette dont meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur ou encore meilleur actrice dans un second rôle. Mais au fait, le film est-il aussi bon que l'annonce la rumeur ?

    Pour clarifier immédiatement les choses, Imitation Game est une fiction historique. Inspiré du livre d'Andrew Hodges, le récit auquel on assiste durant les deux heures de film reste en fait assez romancé et grandement sujet à controverse, principalement sur la personnalité de Turing et sur les détails exacts de l'entreprise. En l'état, il faut donc prendre l'histoire racontée avec des pincettes. D'une des principales divergences autour du comportement du mathématicien, découle un des principaux défauts du film. Malgré l'affection que l'on porte à Benedict Cumberbatch et à la qualité de son jeu, l'idée de présenter Alan Turing comme une sorte de Sheldon bis gâche un tantinet la chose. On assiste dès lors à un certain nombre de scènes et de rebondissements convenus qui voient le mathématicien se faire accepter par les autres. Quand on sait qu'en plus cette vision du scientifique est très contestée, on se demande si c'était réellement une bonne idée. Mais passons. Imitation Game fait donc le pari du film d'histoire et, sur ce plan, réussit en grande partie à atteindre ses objectifs.

    Tyldum montre comment la guerre de l'ombre a permis aux alliés de remporter le conflit (même si la chose est un peu exagérée ici ou là) et raconte un volet passionnant de cette période tumultueuse. On suit dès lors avec un grand plaisir le challenge fou de cette équipe atypique qui aboutira à rien de moins qu'une révolution technologique. Intellectuellement parlant, et pour qui s'intéresse un peu à cet aspect de l'histoire, Imitation Game reste un film passionnant. Il l'est d'ailleurs d'autant plus lorsqu'il dénonce avec virulence le motif de la mise au ban de la société d'Alan Turing, permettant d'aborder un sujet grave et douloureux qui méritait certainement que l'on remette les pendules à l'heure. Un des petits soucis qui émaille cette partie, c'est la volonté d'intégrer des images de guerre entre les deux pour faire plus réel. Si l'on peut encore trouver les images d'archives en noir et blanc pas forcément mauvaises, les petites séquences en images de synthèse sont elles d'une laideur consommée. Une énorme faute de goût pour Tyldum.

    C'est à ce point que l'on se rend compte que le réalisateur n'a peut-être pas encore les épaules pour une telle entreprise. Non seulement sa mise en scène manque cruellement de personnalité mais, en plus, l'imbrication de son intrigue laisse dubitatif. Le film est séparé artificiellement en trois fils narratifs : le premier (et le plus important) sur l'entreprise de Turing et de ses acolytes pendant la guerre, le second fait des flashbacks sur l'adolescence du mathématicien et le dernier explique la fin de sa vie. Le choix d'intriquer celui-ci en plein milieu des deux autres coupe gravement le rythme et fait intervenir une narration bien moins passionnante que les autres événements. Du fait, on se retrouve souvent à patienter pour rattraper un fil narratif différent. Pire encore, la révélation sur le "secret" de Turing intervient de ce fait bien trop tôt et gâche un peu l’ambiguïté du personnage. Dommage. 

    Heureusement, ce défaut n'empêche pas le long-métrage d'adopter un rythme à même de maintenir éveillée l'attention du public. De même, la prestation du casting assure également une fluidité à l'action, même si c’est parfois des acteurs secondaires tels que Keira Knightley ou le trop rare Matthew Goode qui volent la vedette à Cumberbatch. Finalement, le principal talon d'Achille du film, c'est la timidité de son réalisateur ainsi que la volonté clairement affichée d'être un "film à Oscars". Très académique dans sa réalisation et parfaitement attendu dans son message, Imitation Game s'avère un film très sage et assez policé avec une performance d'acteur de qualité mais loin d'être inoubliable. Le manque de prises de risques en fait en réalité un long-métrage intéressant mais sans envergure. Le genre de choses qui devrait, en toute logique, le faire passer à côté des récompenses suprêmes... surtout avec les compétiteurs qui se trouvent en face de lui.

    Pour son premier grand essai à Hollywood, Morten Tyldum n'a pas forcément à rougir du résultat puisque Imitation Game se regarde sans déplaisir et possède un certain nombres de qualités indéniables. Malheureusement, son académisme et quelques défauts irritants empêchent le long-métrage de se hisser dans le haut du panier. Reste un agréable moment de cinéma porté par une brochette d'acteurs inspirés.

    Note : 7.5/10

    Meilleure séquence : Joan retrouvant Alan dans sa maison dans les années 50 


     

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