• [Critique] Une merveilleuse histoire du temps

    [Critique] Une merveilleuse histoire du temps

    Meilleur Acteur pour Eddie Redmayne BAFTA 2015
    Meilleur Film britannique  BAFTA 2015
    Meilleur scénario adapté BAFTA 2015
    Meilleur Acteur pour Eddie Redmayne dans un drame Golden Globes 2015
    Meilleur Acteur pour Eddie Redmayne SAG Awards 2015
     Meilleur Acteur pour Eddie Redmayne Oscars 2015
    Nommé Catégorie Meilleur Actrice pour Felicity Jones Oscars 2015
    Nommé Catégorie Meilleur Scénario Adapté Oscars 2015
    Nommé Catégorie Meilleur Film Oscars 2015

    Les biopics sont rois pour cette cérémonie des Oscars 2015. La preuve avec la présence de pas moins de quatre longs-métrages de ce genre en course pour le titre du meilleur film, pas moins ! Après Imitation Game autour de la vie d'Alan Turing et avant l'arrivée d'American Sniper retraçant celle de Chris Kyle, ou de Selma qui reparle d'un certain Martin Luther King, voici Une merveilleuse histoire du temps du britannique James Marsh. Outre son titre français abominable (faut quand même en avoir pour renommer The Theory of Everything de cette manière), le long-métrage s'intéresse à un des esprits les plus brillants de notre époque : le physicien Stephen Hawking. Adapté d'un livre (encore), Une merveilleuse histoire du temps retrace le parcours d'un homme à la destinée hors du commun. Pour interpréter ce rôle très difficile, c'est le jeune Eddie Redmayne (déjà aperçu dans l'excellentissime Black Death) qui reçoit la lourde responsabilité de porter le film sur ses épaules. Couronné aux BAFTAs en tant que meilleur film, le long-métrage a aussi fait une razzia sur les prix pré-Oscars pour, justement, la prestation de Redmayne. Un grand film pour autant ?

    A Cambridge, dans les années 60, un jeune étudiant va connaître une fulgurante ascension. Fasciné par la physique et l'univers quantique, Stephen Hawking va rapidement s'affirmer comme un immense génie. Malheureusement, derrière l'intelligence extraordinaire de cet homme se cache une terrible réalité, celle de la maladie. Frappé de plein fouet par une affection terrible connue sous le nom de Maladie de Charcot (ou Sclérose Latérale Amyotrophique) qui détruit les motoneurones de la moelle épinière et, à terme, rend la victime totalement paralysée. Aidé par l'amour inconditionnel de sa femme, Jane, Stephen va traverser les pires épreuves. Pourtant, les choses ne seront pas simples et même la plus grande des histoires de cœur peut faillir devant l'érosion du corps. En quête de la théorie qui expliquera tout, Stephen Hawking devra aussi trouver un nouveau sens à sa propre existence.

    La comparaison entre Imitation Game et Une merveilleuse histoire du temps est inévitable. Les deux films parlent de deux génies scientifiques atypiques et aux parcours remarquables. Cependant, ils abordent les choses d'une façon tout à fait différente. Le métrage de Marsh fait un choix radical en se concentrant sur la vie intime du scientifique ainsi que sur la relation entre Stephen et sa femme, Jane. C'est aussi, il faut l'avouer, le point le plus contestable du récit puisque si vous veniez tenter d'appréhender les travaux d'Hawking... il va falloir aller voir (lire) ailleurs. Une déception certes mais justifiée par le résultat final. Une merveilleuse histoire du temps met en lumière avant tout un combat de titan, celui d'un couple contre la fatalité, contre la maladie. Dès lors, Marsh se débrouille vraiment bien et se tient toujours en équilibre précaire sur un fil étroit où guette le mélodrame guimauve. Même s'il tombe à quelques reprises dans ce piège épineux, le britannique s'en sort extrêmement bien en misant davantage sur une mise en scène enthousiasmante. Il ne s'agit certainement pas du meilleur film de cette année, comme l'ont un peu trop surestimé les BAFTAs, mais on tient là une réalisation de qualité qui enrobe parfaitement le travail des acteurs.

    Parce qu'en réalité, Une merveilleuse histoire du temps est avant tout un grand numéro d'acteur. Evidemment, on citera la talentueuse Felicity Jones, parfaite en femme forte et tendre, mais c'est surtout le jeune Redmayne qui va faire parler. Taillé pour les Oscars, son rôle n'a pourtant rien de superficiel. Disons-le plus simplement : il est extraordinaire. Il faut tout de même un sacré talent pour mimer un malade atteint de SLA et parvenir à représenter de façon parfaite sa lente et inexorable dégradation physique. Plus encore que ses membres s'immobilisant, Redmayne accomplit un travail épatant sur sa voix et ses expressions faciales. Une chose d'autant plus remarquable qu'il ressemble réellement au véritable Stephen Hawking. Il n'a vraiment pas volé sa nomination pour la statuette. Ce grand numéro pousse le film bien plus haut qu'Imitation Game, où Cumberbatch restait bon mais très peu original dans sa prestation. Ici, Redmayne porte le film sur ses épaules, et il a une carrure de titan malgré son jeune âge. Il peut certainement remercier Marsh pour son excellente direction d'acteurs (au contraire des Wachowski dans Jupiter Ascending où il est.. .on en reparlera...).

    L'autre grande réussite du long-métrage, c'est donc bien sa façon d'appréhender la maladie en jonglant tout à tour avec la compassion du spectateur et son admiration. Bien loin des deux années qu'on lui prédisait, Hawking a bravé tous les obstacles pour vivre. Le paradoxe tient un peu dans cette résistance miraculeuse et le travail d'un homme qui cherche à comprendre le temps et l'univers. Le film ne se mouille pas quant à la position à adopter sur l'existence de Dieu, mais il montre avec un certain talent que tout ne peut pas s'expliquer et que, autant de temps que l'homme vivra sur Terre, certaines choses ne s'expliqueront pas. De ces petits mystères qui bâtissent les légendes et donnent de la poésie à une vie souvent bien cruelle. On appréciera enfin la tentative certes timide mais bien présente de lancer une réflexion sur le tourbillon du temps, avec une séquence finale qui rembobine à la façon d'un trou noir et aspire les émotions pour revenir au fondamental : l'amour entre deux êtres. Un autre grand mystère qui peut soulever des montagnes, et certainement une des choses les plus touchantes du film.

    Bien que davantage porté sur l'histoire de Jane et du couple Hawking, Une merveilleuse histoire du temps fait certainement un choix judicieux en ne tentant pas de plonger dans la complexité de la physique (on doute que Marsh aurait eu les épaules pour une telle entreprise). Au lieu de ça, il mise sur une dimension humaine et poignante, véritable déclaration d'espoir à tous les malades et hommage à tous ceux qui souffrent, proches compris. Une belle petite surprise.

    Note : 8/10

    Meilleure scène : Jane qui avoue à Hawking ses sentiments

    Meilleure réplique : Exterminate !

     

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  • Commentaires

    1
    Mercredi 25 Février 2015 à 16:11
    Vert

    Vu aussi, et effectivement difficile de ne pas faire la comparaison avec Imitation game (bien que les deux soient finalement très différents). La performance d'acteur est étonnante, par contre j'ai eu du mal à vraiment me passionner pour l'histoire (j'étais prévenue mais ça surprend autant de mélo au final).

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