• [Critique] X-Men : Apocalypse

    [Critique] X-Men : Apocalypse

     Précurseur en matière d’adaptation de comics dans les années 2000, la saga X-Men au cinéma a connu diverses fortunes au cours du temps. Victime une première fois de la malédiction du troisième volet - X-Men : L’affrontement final -, elle s’est de nouveau égarée avec un spin-off douteux avec Wolverine : Origines. On pensait la franchise morte et enterrée lorsqu’en 2011 Matthew Vaughn lui donne une seconde jeunesse grâce à X-Men : First Class avant que Bryan Singer, maître d’œuvre original sur les deux premiers volets ne reviennent aux manettes par un solide Days of the Future Past. Vu la réussite critique (et publique) de cette seconde trilogie, la Fox et Bryan Singer tentent de déjouer la malédiction en proposant X-Men : Apocalypse. Reprenant le casting des deux précédents épisodes ainsi que de nouvelles têtes comme la jeune Sophie Turner de Game of Thrones ou le génial Oscar Isaac dans la peau du méchant Apocalypse, le troisième X-Men de cette seconde trilogie peut-il déjouer son funeste destin ?

    Après les années 60 de First Class et les années 70 de Days of the Future Past, voici logiquement venir les années 80 pour Apocalypse. Alors que le monde semble peu à peu accepter les mutants et que la nouvelle école de Charles Xavier connaît paix et prospérité, le premier mutant de l’histoire, le terrible Apocalypse endormi depuis l’âge des pharaons, se réveille en Egypte. Enrôlant plusieurs mutants de premier plan tels que Tornade, Psylocke ou…Magnéto, Apocalypse tente de modeler le monde selon sa vision pour construire un univers où ses semblables seraient les maîtres et non les parias. L’apocalypse peut commencer. Et ceci dans tous les sens du terme. Car, non, X-Men Apocalypse n’échappe pas au piège du troisième volet malgré tous ses efforts (souvenez-vous de la saga Terminator ou des Spiderman de Sam Raimi).

    Pour commencer, X-Men Apocalypse fait dans la redites. Depuis six volets, l’univers des X-Men tourne en rond sur la thématique de l’acceptation de soi et de la confrontation mutants-humains. Ce nouvel épisode ne fait pas exception à la règle. Cependant, là où les deux précédents volets pouvaient compter sur d’énormes points forts pour faire oublier définitivement cette redondance (Days of the Future past avait son intrigue temporelle, First Class la force de son origin-story), Apocalypse n’a simplement rien à proposer de neuf. Pire, sous prétexte d’un supposé hommage, le scénario est truffé de séquences déjà vues (le combat dans la cage, le retour de Stryker, un trauma pour Magnéto) … Bryan Singer arrive à bout de souffle, exactement comme l’affrontement final l'était à l’époque. Voir Apocalypse se moquer gentiment de ce dernier a de quoi laisser perplexe…

    Non seulement le long-métrage empeste la redites bon marché mais il oublie la force majeure de cette nouvelle trilogie : le contexte. Si l’on n’avait pas cette courte séquence où Apocalypse se branche sur une télévision pour absorber des informations sur l’époque où il s’est éveillé, difficile de donner un quelconque ancrage politique et historique à cet opus. C’était là pourtant l’une des grandes forces des deux précédents qui rendait l’intrigue d’autant plus pertinente et puissante en incluant la fiction dans la grande Histoire. On se retrouve du coup face à un film d’action teinté très légèrement d’une ambiance eighties qui se concentre sur son scénario catastrophe faisant dans la surenchère destructrice. Sauf qu’X-Men n’avait jamais cédé à ce genre de sirènes auparavant. Le résultat est une quasi-catastrophe.

    Singer ne capitalise plus sur ses personnages (à l’exception peut-être de Charles Xavier) et mouline tous ses acteurs dans un film-catastrophe sans saveur. Non seulement la dites catastrophe ne se ressent jamais à l’échelle planétaire, mais elle n’a en fait rien de bien passionnant. Il faut dire qu’Apocalypse tente de s’appuyer sur son méchant ainsi que ses quatre cavaliers, ce qui est, en réalité, le plus gros point faible du métrage. Apocalypse, interprété par un Oscar Isaac maquillé comme pas possible et dont Singer a eu la très mauvaise idée de modifier la voix, n’est en fait qu’un nouveau méchant lambda tout à fait fonctionnel. Un mégalomane en puissance qui mixe diverses influences (à commencer par un arrière-goût de Magnéto) pour devenir un vulgaire tyran déjà vu cent fois à l’écran. Pire encore que d’arriver à faire mal jouer Oscar Isaac, cet opus tente de bâtir 4 autres « méchants » mais n’en fait en fait exister aucun réellement. Psylocke est un comble de mauvais goût sexiste sans aucun background, Angel est un ado rebelle qui écoute du hard rock, Tornade une voleuse égyptienne dont on ne sait rien…et reste Magnéto. Pour justifier le passage de ce dernier du côté d’Apocalypse, Singer lui inflige un nouveau traumatisme totalement gratuit que l'on sent venir dès les premiers instants. Fassbender n’y croit d’ailleurs plus vraiment et assure le strict minimum… Le pinacle de la médiocrité étant atteint avec la réécriture de personnages pourtant passionnants. Diablo, par exemple, véritable délice du second X-Men, devient ici un personnage vide et inintéressant. Une honte !

    Reste alors le côté X-Men à proprement parler. Si James McAvoy tire son épingle du jeu face à une Jennifer Lawrence pâlichonne, c’est surtout le personnage de Quicksilver qui rate le coche. Extrêmement intéressant, Singer ne fait qu’effleurer sa quête alors même que l’on sent un énorme potentiel pour ce personnage qui livre une nouvelle fois la meilleure scène d’un film finalement décevant de bout en bout. Bien sûr, les fans du comics auront un large sourire lors du caméo d’un certain Wolverine en Weapon X, peut-être l’un des moments les plus bad-ass du récit, mais cela ne suffit absolument pas à rattraper l’énorme ratage que constitue X-Men : Apocalypse. En cédant aux sirènes de la pyrotechnie et de la multiplication des méchants, le film s’écroule. Il reste alors derrière tout ce fatras un moment de divertissement honnête qui fera passer le temps au spectateur venu se détendre un tantinet devant le grand écran. Un film taillé pour un public occasionnel en somme. X-men est redevenu un produit de divertissement sans saveur.

    Avec cet ultime volet concluant une deuxième trilogie pourtant excellente jusqu’ici, Bryan Singer déçoit amèrement. L’américain ne profite en aucune façon des possibilités offertes par Days of the Future Past et tombe dans tous les travers qu’il avait pourtant évité auparavant. X-Men : Apocalypse s’avère le X-Men de trop…encore. Il serait temps pour Singer de passer à autre chose et à la Fox de laisser les droits à Marvel Studios pour pouvoir offrir de nouvelles perspectives à la franchise.

    Note : 4.5/10

    Meilleure scène : Quicksilver sauve le manoir - Le caméo de Logan

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