• [Critique] Zootopie

    [Critique] Zootopie

    Meilleur film d'animation Oscars 2017

    Depuis quelques temps, Disney revient sur le devant de la scène. Après l'énorme succès de la Reine des Neiges et l'excellent Les Mondes de Ralph, le géant américain a confié les rênes de son prochain métrage à deux réalisateurs en vue : Rich Moore, déjà à l'origine des Mondes de Ralph (justement !), et Byron Howard responsable du sympathique Raiponce. Mettant en scène des animaux anthropomorphes dans un univers coloré et bourré de détails délicieux, Zootopie tente également de lorgner vers les productions Pixar pour placer un message plus adulte derrière sa façade enfantine. Que donne au final le cru 2016 de la firme aux grandes oreilles ?

    La petite Judy Hopps n'a qu'un rêve : devenir une vraie policière. Malheureusement pour elle, tout semble contrarier cet avenir, à commencer par ses parents qui veulent la voir reprendre la ferme familiale et par ses petits camarades qui n'imaginent pas un instant que Judy puisse endosser l'uniforme bleu. Après tout, Judy est une lapine et personne n'a jamais vu un lapin devenir flic. Envers et contre tout, la jeune effrontée va franchir les obstacles et décrocher un poste dans le prestigieux commissariat de la légendaire Zootopie, la ville où tous les animaux cohabitent et où l'on change de climat en fonction du secteur où l'on se trouve. Seulement voilà, Judy se retrouve assignée au contrôle du stationnement et découvre que la vie à Zootopie n'est pas aussi passionnante qu'elle l'imaginait. D'autant plus que ses collègues travaillent sur une mystérieuse affaire de disparitions et qu'un renard lui file entre les doigts dès le premier jour. Judy va devoir prouver sa détermination pour réussir dans ce monde de prédateurs !

    Zootopie démarre de façon fort conventionnelle en installant une jeune héroïne mignonne comme tout et en lui fixant, comme dans beaucoup de Disney, un rêve à accomplir. Judy est un peu l’archétype de l'héroïne du studio aux grandes oreilles : forte, combative mais attendrissante et fragile dans le fond. On s'attache très vite à elle, cela surtout dû au décalage entre sa naïveté et son environnement. Mais au-delà de ce qui sera, on s'en doute dès le départ, un récit initiatique, Zootopie a heureusement d'autres arguments à faire valoir. A commencer par le soin apporté dans son univers peuplé d'animaux anthropomorphes et divisé entre prédateurs et proies. C'est à ce niveau que l'on sent toute l'influence de Rich Moore puisque l'on pense furieusement aux Mondes de Ralph dès l'arrivée de Judy dans la grande ville de Zootopie.

    L'idée géniale du long-métrage, c'est de faire cohabiter plusieurs environnements dans une même ville et de l'exploiter au fur et à mesure. Même si la chose ne semble pas encore assez poussée, on retrouve l'éclectisme des niveaux de Ralph tout en permettant au spectateur d'en prendre plein les yeux, notamment lors de la découverte de la ville en train, juste magnifique. De même, la variété des animaux, la myriade de trouvailles drôles et bien vues en arrière-plan ou au cours de l'intrigue, la somme de ces idées permet au film de se trouver un véritable caractère. Le jeu avec les tailles, les clin d’œils anthropomorphiques multiples, et les diverses blagues à propos des comportements animaux (l'attitude de Nick quand il rencontre un mouton pour la première fois par exemple...) sont autant d'éléments appréciables. Certes on peut reprocher au film de ne pas encore fouiller assez (cela n'atteint jamais le niveau des Mondes de Ralph) ou d'insérer de façon insidieuse des codes Disneyiens dans des comparaisons savoureuses au départ (notamment l'emploi de Gazelle/Shakira qui finit par agacer), Zootopie réussit avec un certain bonheur à naviguer entre le niveau de lecture enfantin et celui, plus complexe, de l'adulte.

    De même, sous couvert d'une intrigue policière un poil prévisible, Zootopie glisse des messages à caractère plus politique et adulte en arrière-plan. Le film parle de tolérance et de différence en offrant une réflexion sur la généralisation à l'emporte-pièce, mais surtout il parvient à toucher du doigt une notion encore jamais illustrée dans un film pour enfants : comment contrôler les masses par la peur. Si la chose ne va pas non plus chercher bien loin vu le public principal visé, il faut rendre hommage à cette volonté d’élever un tantinet la réflexion dans un film made in Disney. Le vrai motif de déception de Zootopie, c'est justement qu'il montre les limites d'un Disney puisque les tics agaçants de la firme tendent un peu trop souvent à reprendre le dessus, notamment cette idée vraiment lassante de mettre une chanson en fin de métrage pour faire danser tout le monde. Autre anicroche, Zootopie compte peut-être deux réalisateurs dans ses gènes, seul l'un des deux semble s'imposer et reproduire un peu trop facilement des schémas connus comme on l'a vu plus haut. C'est assez dommage puisque l'on sent à plusieurs reprises que Rich Moore a le talent nécessaire pour aller plus loin dans son délire visuel et thématique. 

    Film d'animation magnifique visuellement, Zootopie jouit de personnages attachants et d'un univers véritablement travaillé. Si l'on peut regretter que certains tics de Disney viennent parasiter l'entreprise finale, nul doute que la tentative de construire un message un peu plus conséquent que d'habitude en arrière-plan séduira plus d'un spectateur, qu'il soit petit ou grand. Un bon cru donc, peut-être moins savoureux qu'attendu, mais qu'on prend plaisir à déguster malgré tout.

    Note : 8/10

    Meilleure scène : L'arrivée à Zootopie /Les loups qui se mettent à hurler / la ville des souris

    Meilleure réplique : « Tu crois que pour s'endormir elle se compte elle-même ?" 
     

     

     

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