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Ablations



Ablations

Sur une idée de Benoît Delépine, un grolandais, Arnold de Parscau a construit son premier long-métrage qu’il a même réussi à emmener jusque Gerardmer. Illustre inconnu, De Parscau réalise ici son premier film après deux courts. Imaginez un peu : un homme se réveille un beau matin au bord de la rivière sans aucun souvenir - ou presque - de la nuit passée. En rentrant à sa chambre d’hôtel, il s’aperçoit qu’il porte une cicatrice à hauteur d’un rein... avant de constater qu’on l’a bel et bien drogué pour lui voler l’organe en question. Pastor contacte alors sa maîtresse Anna, également médecin, pour trouver conseil. Pendant ce temps, un couple de personnages inquiétants, Wortz et son assistante, écume les campagnes pour trouver de nouvelles victimes. Obsédé par sa mésaventure, Pastor se met en tête de retrouver ses agresseurs coûte que coûte.

Si l'on peut relever un bon point dans le film de De Parscau, c’est sa réalisation. Soignée et dans l’ensemble très correcte, elle possède même quelques fulgurances dans les scènes d’hallucinations-rêves de Pastor où son obsession morbide rejoint ses pulsions primales enfouies. Passé ce constat, Ablations est d’un ridicule consommé. D’abord parce que jamais le métrage ne trouve le ton adéquat pour son sujet. On se demande si le récit se veut humoristique ou dramatique, inquiétant ou délirant... A tel point que seules 2-3 scènes affichent clairement leurs intentions – la tente Quechua par exemple... Le reste du temps, le spectateur s’interroge sur les intentions du réalisateur sans quasiment jamais les percer à jour.

La faute à un script bordélique de Benoît Delépine qui s’éparpille non seulement au fur et à mesure de l’histoire, mais aussi et surtout par son ridicule traité avec un sérieux papal. Comment trouver deux secondes crédible l’histoire d’un homme qui ne va même pas directement aux urgences après avoir découvert qu’on lui a volé un rein ? Et la réaction de son amie médecin (tiens on va faire un scanner en cachette... et Ho c’est ballot on t’a volé un rein... bon tant pis quoi) ? Et la montagne d’absurdités qui s’accumule tout du long ? Parce que le ridicule ne se limite pas aux réactions de Pastor (toutes plus débiles les unes que les autres) mais aussi au pseudo-couple de chirurgiens du dimanche à mi-chemin entre fanatiques religieux et bons samaritains extrémistes (on ne le comprend qu’à la toute fin). Yolande Moreau et Philippe Nahon se voient attribuer des personnages invraisemblables et pas crédibles une seule seconde... Dès lors, rien ne tient debout, rien du tout.

Pire encore, le déroulement du récit s’enlise, et part dans tous les sens. Entre une enquête aussi nerveuse que le dernier épisode de Derrick, une victime qu’on ne cerne jamais et pour laquelle on éprouve aucune empathie et des coq-à-l’âne incompréhensibles (le lien tenu avec le manager de foot, encore une fois totalement débile). Bref, plus le film avance, plus on décroche dans cet imbroglio que De Parscau ne sait pas démêler lui-même. Entre la sous-intrigue de la femme de Pastor et sa maîtresse, qui n’a rigoureusement aucun intérêt, ou la visite chez le médecin privé de licence ou une histoire de vols d’organes sur enfants qui tombe par on ne sait quel miracle là-dedans... Franchement, on ne comprend définitivement plus ce qu’a voulu tenter De Parscau... Même le thème de la folie, assez évident avec le recul, est traité par-dessus la jambe et déjà bien mieux géré ailleurs. Reste un Denis Ménochet convaincant mais perdu au milieu de ce grand n’importe quoi.

Après une fin aussi farfelue et à côté de la plaque que tout le long-métrage, Arnold de Parscau achève de convaincre son public qu’il n’aurait jamais dû se lancer sur un scénario aussi saugrenu et mal géré (sans parler de certains cabotinages d’acteurs intolérables). Il n’y a rien à ajouter sur Ablations si ce n’est qu’on vous le déconseille fortement. 

Note : 1.5/10

Meilleures scènes : Les hallucinations de Pastor

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