• [Critique] American Ultra

    [Critique] American Ultra


    Mike Howell habite dans une petite ville paumée.

    Il gère une supérette en dessinant les aventures d'un héros de comics qu'il a imaginé, Apollo Ape. 
    Loin d'être le genre super-héros, Mike fume de l'herbe avec sa petite amie Phoebe qu'il rêve de demander en mariage au cours d'un voyage à Hawaï. Sauf que Mike souffre de crises d'angoisses terribles et qu'il n'arrive pas à sortir de sa propre ville. Malgré tout, Phoebe aime ce garçon que d'aucuns qualifierait de gentil raté. 
    Un jour, alors qu'il attend paisiblement le client à sa supérette, une femme vient lui débiter une série de phrases sans queue ni tête avant de s'en aller visiblement désappointée. Quelques minutes plus tard, deux hommes trafiquent sa voiture sur le parking et tente de l'agresser lorsqu'il sort les interpeller.
    C'est alors que Mike Howell, le fumeur d'herbe effacé et rongé d'angoisses se transforme en machine à tuer en éliminant les deux agresseurs avec une simple...cuillère à soupe. 
    Il semblerait que Mike Howell n'est pas ce qu'il pense être...

    Si le nom de Nima Nourizadeh ne vous dit rien, le titre de son dernier film vous sera forcément plus familier : Projet X. Après ce galop d'essai délirant, le britannique remet le couvert en changeant radicalement de style avec American Ultra. Un peu sorti de nul part, le long-métrage comporte pourtant deux têtes d'affiches remarquables avec Jesse Eisenberg (The Social Network) et Kristen Stewart (Still Alice). Mieux, le réalisateur se paye les services d'une ribambelle de second rôles des plus sympathiques pour l'occasion : Topher Grace, Connie Britton, John Leguizamo, Tony Hale, Walton Goggins et même un revenant en la personne de Bill Pullman. Avec sa bande-annonce punchy et un casting aussi réjouissant, American Ultra pourrait-il créer la surprise dans le joyeux monde des films estivaux ?

    Étrangement, oui. American Ultra commence lentement, paisiblement. Il installe la vie de deux personnages attendrissants, Phoebe et Mike, tout en montrant que leur couple se fissure. Mike Howell apparaît immédiatement comme un loser, mais du genre hautement sympathique, effacé, qu'on a presque envie de serrer très fort dans ses bras. Dans ce rôle, Jesse Eisenberg s'avère remarquable. Cheveux longs, pétards à tour de bras, voix fluette et tremblotante, l'américain est remarquablement à l'aise. En face, Kristen Stewart continue de faire oublier les errances des années Twilight en composant un personnage poignant et regorgeant de mystères. Car American Ultra nous réserve un bon lot de mystères. Nima Nourizadeh bâtit un métrage à la confluence des genres super-héros et agent secret, le résultat faisaint penser à un joyeux mix d'influences comics, de RED à Wanted. Si le héros griffonne quelques strips, ce n'est d'ailleurs pas un hasard.

    Là où Projet X adoptait un style très jeune et tape à l’œil, American Ultra se pose un peu plus, se dote de véritables personnages et d'une histoire trépidante. Cela ne veut pas dire que le britannique abandonne ses vieilles habitudes, juste qu'il les fait évoluer, gagner en maturité. Jonglant entre humour, action et tragique, American Ultra s'avère aussi généreux que foutraque par moment. Une fois la machinerie lancée après le premier affrontement, les événements s'enchaînent, les second rôles défilent à l'écran et l'on est franchement happé par cette histoire de complots certes déjà vue mais délicieusement mise en scène. Nourizadeh garde son goût pour l'outrance et le pied de nez. Il prouve surtout qu'il sait véritablement manié sa caméra en filmant des scènes d'actions de façon totalement jouissive et véritablement lisible. La séquence du commissariat, celle du supermarché ou de la maison de Mike : autant de moments truculents qui font virevolter la caméra de l'anglais, l'éclabousse de sang à la Kick-Ass et tutoie parfois les sommets de jouissance d'un Kingsman.

    Film sous influences, American Ultra fait aussi figure de joyeux melting-pot. Nima Nourizadeh les digère et les restitue sous forme de clins d’œils complices avec ses spectateurs. Terminator, Men In Black, Alerte, Wanted, le film accumule les références sans pourtant ne jamais tomber dans le bête plagiat. Ce qui saute également aux yeux, c'est qu'American Ultra est un film fun. Le britannique prend un malin plaisir à détourner les clichés, du dealer sensible habillé en rose fluo à l'agent de la CIA homosexuel avec une sonnerie chien sur son portable en passant par un héros maladroit et paumé, le récit nous offre du fun, même beaucoup de fun, et engrange un capital sympathie étonnant. Ce qui ne fait pas d'American Ultra un film sans défaut, au contraire. On pourra lui reprocher un background type complot assez facile à percer par exemple, ou de ne pas totalement profiter des possibilités qu'il laisse entrevoir.

    La plus importante parmi celles-ci, c'est un peu les autres agents spéciaux. Nima Nourizadeh commence pourtant plutôt bien avec l'arrivée de Grue et Rieur au poste de police. Ce dernier condense tout ce que l'on aurait voulu trouvé chez les autres. Un miroir déformé mi-ridicule mi-terrifiant de Mike. Walton Goggins livre une excellente prestation et il y a définitivement quelque chose de glaçant dans cette simili-némésis décalée. La courte séquence où Mike et lui se retrouve face à face au supermarché s'avère l'une des meilleures du long-métrage tout entier. Il semble que le réalisateur britannique manque un petit coup de génie en éliminant toute caractérisation plus poussée de ses autres agents, en ne tentant pas d'en faire un cortège de freaks vraiment marquant. C'est extrêmement dommage tant Rieur est réussi. A un certain point, American Ultra manque d'audace, manque d'envie créatrice. Quelque chose qui le ferait franchement se démarquer de ses concurrents, dans la même lignée que la scène de la demande en mariage ou que son générique sous LSD absolument délirant. En l'état, on reste un tantinet sur notre faim. On se contentera d'un divertissement sympathique et plein de bonnes idées, à défaut de plus.

    Confirmation que Nima Nourizadeh sait manier sa caméra et embarquer le spectateur dans un univers atypique, American Ultra est une petite surprise acidulée où l'humour le dispute à l'action. S'il aurait pu viser bien plus haut en étant plus audacieux et en s'aventurant davantage vers une certaine noirceur, le long-métrage remplit son contrat de divertissement fun et efficace. 
    C'est déjà pas mal.

     

    Note : 7.5/10

    Meilleure scène : Le supermarché 


    In our memory, No Fate


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  • Commentaires

    1
    Dimanche 23 Août 2015 à 19:01
    Cachou

    Je suis surprise, la bande annonce m'a juste donné envie de fuir tellement j'avais l'impression d'être prise pour une imbécile. Ce n'est donc pas une grosse débandade stupide pour ados comme elle le laisse entendre?!?

    2
    Lundi 24 Août 2015 à 09:04

    Je dirais que c'est une chose hybride. C'est difficile à décrire. Après j'ai vu beaucoup d'avis négatifs aussi.

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