• [Critique] Hercule, Tome 1 : Les guerres Thraces

    [Critique] Hercule, Tome 1 : Les guerres Thraces

    Pourchassé par Hera depuis sa naissance, Hercule est las d'affronter les dieux. Entouré de ses compagnons, il part vers Thrace pour devenir mercenaire et se faire oublier de l'Olympe. Dans ce royaume barbare, le roi Cotys désire faire de ses hommes une armée disciplinée et invincible. Il compte sur les Grecs pour l'aider à unifier Thrace. Mais les desseins du roi s'avèrent beaucoup plus ambitieux que ce qu'il prétend...

    Ami de longue date du talentueux Alan Moore, Steve Moore a notamment travaillé sur 2000 AD ou Tom Strong. De son côté, l'indonésien Admira Wijaya a fait ses armes sur The Darkness avant de se retrouver à dessiner le Hercule de Steve Moore. C'est donc un duo méconnu qui arrive en France pour ce premier volume des aventures du demi-dieu intitulé Les guerres Thraces. Reste à savoir si Milady Graphics a fait un bon choix...

    Au premier abord, les guerres thraces s'avère un récit convenu. En suivant l'histoire de la compagnie de mercenaires mise sur pied par Hercule, on retrouve des influences de 300 malgré ce qu'affirme l'auteur dans la postface. Ce groupe de héros fait preuve d'une maestria guerrière qui le met hors de portée des armées adverses si bien que jamais nous n'aurons de doute sur l'issue des combats. Le suspense de l'œuvre s'en trouve donc partiellement gâché. L'autre moitié de l'intrigue gravitant autour du roi Cotys et de sa cour relève un peu le niveau d'ensemble sans que cela sorte énormément des sentiers battus. Nous avons avant tout à faire à un comics d'action et de violence. De ce côté-là, nul doute que les amateurs seront ravis. Admira Wijaya dessine magnifiquement ces affrontements violents et impitoyables avec un trait remarquablement précis et sombre. On lui reprochera simplement de ne pas trouver cette touche d'originalité pour démarquer réellement ses planches. On l'aura compris, les guerres thraces fournit sa dose de testostérone au lecteur en oubliant de donner une véritable profondeur à son intrigue.

    Pourtant, le récit de Steve Moore réserve une bonne surprise. Celle-ci ne se trouve pas dans les personnages qui gravitent autour d'Hercule. De Tydée, un cannibale belliqueux, à Atalante, la pseudo-amazone vouée à Artemis, la caractérisation de la troupe s'avère simpliste mais promet quelques bons moments de franche rigolade - on pense notamment à l'obsession bestiale de Tydée pour la chair humaine et la cervelle. Non, le réel atout de ce comics, c'est Hercule lui-même. Vu par Steve Moore, le héros mythologique navigue bien loin des épaves télévisuelles auxquelles on a déjà eu droit. Le demi-dieu n'est plus un jeune premier mais un guerrier aguerri et surtout lassé par la guerre et par la perfidie des dieux. C'est une figure amère et sanguinaire que l'on découvre. Loin des clichés du genre et grâce aux nombreux souvenirs de sa vie qui parsèment le récit, Hercule prend de l'épaisseur et perd beaucoup de sa superbe pour nous montrer son vrai visage, celui d'un héros qui n'en a plus l'étoffe. C'est véritablement sur ce point que le comics regagne de l'intérêt et mérite d'être parcouru.

    Récit violent et vibrant de fureur guerrière, Les guerres Thraces n'a rien de novateur ni dans ses péripéties ni dans ses personnages secondaires. Pourtant, grâce à la réappropriation réussie du héros grec, Steve Moore hisse son récit au-dessus de la masse de comics ordinaire. En y ajoutant l'élégant dessin d'Admira Wijaya, on obtient au final une œuvre divertissante et qui réinvente Hercule comme il se doit.

    Note : 7/10

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