• [Critique] Les Combattants

    Arnaud et Victor viennent de perdre leur père et se voient dans l’obligation de reprendre l’entreprise familiale. Chez un de leurs clients, ils font la connaissance de Madeleine, une jeune fille au caractère bien trempé et qui n’a qu’une obsession : intégrer un corps d’élite de l’armée française. Pour se faire, elle décide de tenter un stage de formation militaire de 15 jours chez les Dragons. Fasciné par le magnétisme sauvage de la jeune fille, Arnaud décide de la suivre. Il va alors découvrir une adolescente pas comme les autres et vivre une expérience unique loin de tout ce qu’il avait pu imaginer.

     Présenté au Festival de Cannes 2014 dans la Quinzaine des Réalisateurs, Les Combattants est un premier film français de Thomas Cailley, qui n’avait jusque-là œuvré que sur des courts-métrages. Il choisit d’aborder l’amour, l’adolescence et le dépassement de soi d’une façon originale et fraiche, tout en donnant les rôles principaux à de jeunes acteurs pas forcément très connus. Précédé par un buzz très positif et mis en valeur par une bande-annonce des plus accrocheuses, Les Combattants rassemble tous les ingrédients pour appâter le spectateur en quête d’inattendu. 

    Les Combattants est, avant toute chose, un film drôle. Mais heureusement pas comme une comédie lambda à la française, où l’on cherche désespérément à nous faire rire toutes les cinq minutes avec des gags vaseux. Thomas Cailley fait preuve d’un humour tantôt subtil tantôt caustique avec le portrait de Madeleine, une adolescente totalement hors-norme, avec un répondant hallucinant et incarnée à la perfection par la jeune Adèle Haenel, véritable révélation du long-métrage. Ce personnage au caractère bien trempé et bien barré sert de pivot au récit de Cailley, qui arrive à nous attacher à ses deux principaux protagonistes avec une rapidité étonnante. Car de l’autre côté, Arnaud, même s’il reste plus conventionnel, est un jeune homme attendrissant et drôle. Le contraste entre la rudesse et l’énergie de Madeleine d’une part, et le flegme d’Arnaud d’autre part, crée non seulement un décalage comique, mais donne une dimension humaine et crédible à ce couple improbable.

    On peut, il est vrai, prendre Les Combattants comme un film d’amour. Mais dans ce cas, c’est un des films d’amour français les plus atypiques depuis un sacré bout de temps, non seulement pour les deux « tourtereaux » mais également pour leur parcours dans le film. Tomber amoureux pendant un stage militaire n’est pas donné à tout le monde. En refusant de céder aux clichés habituels, Cailley offre une vision plus authentique et terriblement touchante au fond. Il se permet même, en jouant avec cette séquence d’incendie et l’obsession d’apocalypse de Madeleine, de donner un côté prince charmant moderne à Arnaud, sans pour autant briser le féminisme revendiqué de Madeleine. De même, jamais le réalisateur ne juge la jeune femme ou le jeune homme, il se contente de nous confier cette tâche avec une simplicité désarmante. Entre les entraînements de Madeleine et le monde militaire, impossible de ne pas adhérer au délire de ces deux doux-dingues.

    En prime, le long-métrage prend un malin plaisir à se moquer rudement du monde militaire français. Encore une fois, Cailley n’est pas frontal, il trouve même des qualités à cet environnement – l’esprit d’équipe par exemple – mais se paye rapidement la tête de cette armée loin des mythes qu’elle entretient, où l’on mange frites et flamby au calme, au grand dam de Madeleine. De même, le réalisateur français apporte son modeste petit message, sur le refus d’être le mouton bêlant qui suit le troupeau – la séquence cultissime de la grenade – et finit par une tranche de vraie survie qui, même si elle tourne court, célèbre le dépassement de soi et l’envie d’aller là où les autres ne vont pas, en passant outre les préjugés et les critiques. Pas si mal pour un premier film !

    Grâce à son authenticité savoureuse, à son humour savamment dosé et à ses deux acteurs géniaux, Les Combattants décroche la palme du film sympathique qui va au-delà des espérances.
    Un vrai moment de bonheur à consommer sans modération.

    Note : 8/10

    Meilleure réplique : « C’est courageux, moi je l’aurais pas fait »

    Meilleures scènes : Le grenade dans le réfectoire – L’incendie – le final


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