• [Critique] Seul sur Mars

    [Critique] Seul sur Mars

     

    Il faut bien avouer que depuis près de dix ans, le grand Ridley Scott a perdu de sa superbe. L'homme à qui l'on doit des films inoubliables tels qu'Alien, le 8ème passager ou Blade Runner n'a plus rien réalisé de mémorable depuis son excellent (mais cruellement sous-estimé) Kingdom of Heaven. On se souvient du monumental ratage Prometheus ou de l'insipide Robin des bois, deux exemples parmi d'autres qui ne sont pas faits pour nous rassurer quand à la qualité de son dernier bébé intitulé Seul sur Mars. Adapté du livre éponyme d'Andy Weir, le long-métrage revient dans un genre qu'affectionne tout particulièrement l'américain : la science-fiction. Immédiatement, on pense à des ténors récents du genre tels que Gravity ou Interstellar, redoutant une certaine redite. Heureusement, Seul sur Mars, emporté par un casting alléchant, propose une autre approche de l’aventure spatiale et surtout un registre rafraîchissant comparé à ses illustres aînés.

    Alors qu'une nouvelle équipe explore la surface de Mars, une tempête se lève menaçant de raser les frêles installations des astronautes. Devant ce danger, le capitaine Lewis décide de lever le camp et de quitter la planète. Malheureusement, durant la fuite, le botaniste Mark Watney est pris au piège dans le maelström, laissé pour mort par les autres membres de l'expédition. Sauf que Mark n'est pas mort et qu'il se retrouve désormais seul sur une planète hostile. Résolu à survivre et à trouver un moyen de s'échapper, il décide alors de faire pousser des légumes, de rationner ses vivres et de rétablir le contact avec la Terre. Lorsque la NASA apprend qu'un de ses astronautes est coincé sur Mars, elle tente le tout pour le tout dans le but de le ramener à la maison. Mais le temps semble jouer contre eux...

    Seul sur Mars est un film surprenant à plus d'un titre. 
    Tout d'abord, Scott ne laisse aucune phase d'introduction à son récit. Il plonge directement dans le vif du sujet et Matt Damon, alias Mark Watney, se retrouve isolé dès le début. Du coup, dans un premier temps du moins, Seul sur Mars ne laisse aucun temps mort. L'autre grande surprise de taille, et certainement la plus notable, c'est le ton adopté par Ridley Scott. Dans une époque où le drame et le pessimisme (voir le nihilisme) sont quasi-systématiques, Seul sur Mars est un film...drôle. Diablement drôle même. D'une part grâce au personnage de Mark Watney, toujours prêt à sortir des répliques bien senties, d'autre part grâce aux références distillées au gré du récit (le coup génial du conseil d'Elrond avec Sean Bean à la table). Malgré le fait que la situation a toutes les raisons du monde d'adopter un ton désespéré, elle ne le fait pas. Ce qui constitue une vraie bouffée d'air frais dans une production cinématographique plutôt dépressive ces derniers temps, il faut bien l'avouer.

    Continuons dans le domaine des petites surprises avec l'insistance de Seul sur Mars à remettre en avant la science et sa toute-puissance. Même si les explications ne sont pas détaillées (et n'assomment donc pas le spectateur), ce sont les compétences scientifiques de Watney ainsi que des membres de la NASA qui sauvent à chaque fois la situation ou presque. Pris sous cet angle, et même si l'on reprochera au film de tirer sur de bien grosses ficelles, les péripéties de notre botaniste-astronaute apparaissent d'une grande crédibilité. En rapprochant cette remise au goût du jour de l'aspect scientifique ainsi que le côté décomplexé de l'intrigue et des personnages, Seul sur Mars arrive à devenir un film fun, rapidement prenant et réjouissant. Pour ne rien gâcher, le réalisateur américain assure toujours côté réalisation avec une mise en scène efficace notamment lors des séquences martiennes véritablement impressionnantes. 

    On n'oubliera pas non plus Matt Damon, grandement impliqué dans son rôle et affichant un capital sympathie du début à la fin de l'aventure (paramètre capital pour s'intéresser sur plus de deux heures à l'aventure d'un homme perdu au milieu de nul part). L'américain arrive à délaisser son étiquette d'homme d'action pour adopter un costume plus décontracté et qui lui va, de surcroît, comme un gant. Le reste du casting s'en sort aussi très bien mais c'est avant tout Damon qui porte tout le film sur ses épaules. Du coup, Chastain, Wiig, Mara et autres Ejiofor passent un peu au second plan mais remplissent correctement le cahier des charges. Reste donc à aborder les points faibles du film.

    Malgré son côté attachant et fun (ou peut-être justement à cause de ça), Seul sur Mars a bien du mal à créer une véritable tension dramatique. On ne la ressent qu'à peine dans la séquence de sauvetage finale et sans capter un dixième de l'intensité émotionnelle d'un Gravity ou d'un Interstellar. De ce fait, alors que le film commençait sur les chapeaux de roues, il devient clairement trop long au fur et à mesure de l'avancée du récit. En venant chatouiller les 2h30 de pellicule, le long-métrage s'épuise, souffrant d'un ventre mou certain résultant justement de ce manque de profondeur dramatique. Une demi-heure en moins aurait pu se révéler hautement profitable. En considérant de même que Seul sur Mars est réalisé par un certain Ridley Scott, on ne peut s'empêcher d'éprouver une certaine déception. Malgré tous ses atouts et un résultat finalement plus qu'honorable, Seul sur Mars est un Scott mineur...encore. Et qui comporte en plus des clichés véritablement agaçants par moment, à commencer par le rôle joué par la Chine dans l'histoire, aussi ridicule qu'insultant, magnifiant surtout la toute puissante NASA et zappant carrément l'Agence Européenne.

    Plutôt une bonne surprise, Seul sur Mars choisit la voie de l'optimisme et du registre comique quitte à perdre l'intensité dramatique dans la bataille. Fun, rafraîchissant et véhiculant une vision réjouissante de la science-fiction, le dernier film de Ridley Scott ne remet pas l'américain au sommet mais lui permet de renouer enfin avec un certain succès.
    Un bon divertissement en somme.

    Note : 7.5/10

    Meilleure réplique : "In your face, Neill Amstrong !"

    Meilleure scène : Le sauvetage final

     

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  • Commentaires

    1
    Mardi 17 Novembre 2015 à 20:45
    A.C. de Haenne

    Un film long, surtout sur la fin. ;-)

    As-tu lu le roman ?

    A.C.

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