• [Critique] The Killing (L'Ultime Razzia)

    [Critique] The Killing (L'Ultime Razzia)

     Premier film de Stanley Kubrick avec une équipe professionnelle et un véritable budget, The Killing (connu en France comme L'Utime Razzia) sort en salles en 1956, soit un an après Killer's Kiss. C'est grâce à la rencontre avec le producteur James B. Harris que le jeune cinéaste fonde sa première société de production dans le but de racheter les droits du roman Clean Break de Lionel White. Entouré par le scénariste Jim Thompson et par le vétéran Lucien Ballard à la photographie, Kubrick se lance dans sa première réalisation d'envergure. Influence avouée des dizaines d'années plus tard par Quentin Tarantino pour son Reservoir Dogs, The Killing raconte le braquage d'un champ de courses avec une efficacité narrative redoutable. Pourtant, c'est peut-être l'un des films les moins Kubrickiens qui soit.

    The Killing amène Kubrick dans un genre qu'on attendait pas forcément : le film de braquage. Supporté par une véritable équipe technique et, surtout, de véritables acteurs, le long-métrage s'avère d'emblée plus impressionnant que les deux précédents. En fait, on peut voir The Killing comme une démonstration du jeune cinéaste américain lui permettant enfin d'accéder à la notoriété. Ce qui entraîne plusieurs choses. D'abord, on ne trouve pratiquement aucune des obsessions de Kubrick dans l'histoire - exceptée peut-être la folie de George Patty en fin de métrage. Ensuite, The Killing se révèle le film le plus lisse et le plus propre jusqu'ici de l'oeuvre de Kubrick. On sent que tout y est calibré et millimétré pour montrer la maîtrise du réalisateur sur le plan technique et narratif. Il n'y aura pas cette fois d'affrontement dans un entrepôt de mannequins ou de questions existentielles sur la mort et la culpabilité.

    En lieu et place, Stanley Kubrick construit une histoire de braquage dont le déroulement narratif force le respect. En employant le flash-back à bon escient et, surtout, en exploitant les divers points de vues des participants au dit braquage, le réalisateur arrive à tenir son spectateur en haleine de bout en bout. Sorti du travelling d'entrée, la réalisation se fait efficace et fonctionnelle, oubliant les tâtonnements d'un Fear and Desire ou la course-poursuite d'un Killer's Kiss. Les personnages restent assez caricaturaux mais servent à merveille l'histoire, faisant de The Killing une vraie réussite sur le plan du divertissement pur. Au-delà de celui-ci, et malgré la maîtrise évidente de l'ensemble, difficile de trouver le métrage exceptionnel. C'est certainement là le revers de la médaille pour l'entreprise de Kubrick et Harris. 

    L’enchevêtrement des fils narratifs a cependant pour l'époque quelque chose d'impressionnant. La multitude de points de vues permet à Kubrick se s'amuser à reconstituer un fait unique, le braquage, avec plusieurs angles d'attaques. On pourrait presque parler de film choral à certains moments. La fin, quant à elle, a quelque chose de délicieusement ironique avec cette conclusion toute simple de Johnny "What's the difference ?". The Killing n'a donc qu'un intérêt mineur dans la filmographie du réalisateur américain en terme de cinéma pur. Il reste cependant son film le plus important du point de vue de la reconnaissance artistique. Il fait en effet forte impression sur la critique de l'époque ainsi que sur la MGM. C’est le début de la grande aventure pour Kubrick attendu sur les sentiers de la gloire.

    Film mineur au retentissement majeur pour Stanley Kubrick, The Killing n'en reste pas moins un excellent film de braquage, conventionnel d'autant plus à l'heure actuelle mais maîtrisé de bout en bout et d'une efficacité narrative redoutable.

       

    Note : 6.5/10

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