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[Critique] Preacher, Tome 3
A peine sortis de Massada et de la première rencontre avec le Graal, Jesse et Cassidy font cette fois chemin vers la Nouvelle-Orléans après un bref passage par New-York pour retrouver une Tulip légèrement sur les nerfs. Conscient qu'il doit percer les secrets de Genesis, l'entité qui l'habite désormais, Jesse est prêt à toutes les folies (ou presque...) pour découvrir les vilains secrets de Dieu. Heureusement Cassidy connaît toujours un tas de monde dès qu'il s'agit des trucs un peu louche. Il demande donc à son ancien ami Xavier de pratiquer un rituel vaudou pour explorer les tréfonds de l'âme de Jesse. Ce qu'a oublié de dire le vampire irlandais par contre, c'est qu'il n'a pas que des amis à la Nouvelle-Orléans et qu'une secte d'apprentis-vampires, les Enfants du Sang, ne voit pas d'un bon œil le retour de Cassidy dans leur ville. Mais pire encore, un autre secret bien gardé de Cassidy risque de détruire le trio le plus déjanté de tout les temps...
Pour ce troisième tour de piste, Preacher entre dans un nouvel arc narratif : Dixie Fried. Après le grand feu d'artifice à Massada, Ennis et Dillon calment un tantinet le jeu en se recentrant dans un premier temps sur les retrouvailles de Jesse et Tulip, cette dernière ayant été laissé en arrière pour éviter qu'elle ne soit blessée dans la bataille. Forcément hautes en couleurs, les conséquences de cette "gentille" trahison de Jesse fait long feu et l'on s'amuse particulièrement de l'amour enragé de ces deux-là. Sauf que l'histoire introduit alors un nouveau bouleversement : Cassidy à Tulip son lourd secret. Nécessaire pour la suite de l'histoire (on y reviendra dans le prochain tome), ce retournement apparaît cependant comme relativement poussif et cliché. Le trio amoureux étant certainement l'un des poncifs les plus usés qu'Ennis pouvait nous sortir. Du coup, la déception s'invite pour la première fois dans la série. Heureusement, à côté des errements émotionnels de Tulip et Cassidy, il reste les tribulations de Jesse pour découvrir la vérité sur Genesis, le Saint des Tueurs et Dieu.
Les Enfants du sang, une secte ridicule au possible, remplace le Graal pour cet arc en apportant encore davantage de situations comiques, Ennis s'attaquant cette fois aux clichés qui entourent les vampires avec une joie non dissimulée. Il mixe tout ça avec un rituel vaudou qui tourne mal et de vieilles connaissances qui semblent en savoir long sur Cassidy. Le résultat tient en haleine et fait oublier la plupart du temps les geignements d'un Cassidy qui, du coup, apparaît bien moins charismatique qu'auparavant. L'action s'avère pourtant toujours au rendez-vous et le jusqu'au boutisme des deux auteurs également. Si l'on perd de vue Herr Starr et son organisation, on recroise le désopilant Tête-de-Fion, toujours aussi sympathique et pathétique, qui va par la suite permettre à Ennis de se foutre royalement du monde de la musique US.Ce troisième tome comprend également deux autres spin-offs : Saint of Killers et Cassidy : Blood and Whiskey.
Saint of Killers raconte l'histoire du Saint des Tueurs en laissant à Ennis l'occasion d'accomplir son rêve le plus fou : scénariser un vrai western burné (dans une veine plus "traditionnelle" que Preacher). Cette fois, Steve Dillon cède la place à Steve Pugh pour un trait plus râpeux et certainement plus daté qui sied à merveille au côté Far-West de l'histoire. On apprends enfin la vérité sur le Saint des Tueurs tout en faisant un détour par l'Enfer pour y découvrir un Diable un tantinet dépassé par les événements. Toujours aussi jouissif, le récit ne révolutionne pas le genre mais offre une petite ballade récréative et pétaradante au lecteur.
Cassidy : Blood and Whiskey replonge quant à lui dans la première rencontre entre Cassidy et les Enfants du Sang avant les événements de l'arc principal. Garth Ennis oppose sa vision du vampire à celle d'une Anne Rice ou d'un Bram Stoker pour se moquer ouvertement des clichés de la littérature à propos des seigneurs de la nuit. L'histoire d'Eccarius, authentique parodie d'Entretien avec un Vampire, s'avère hilarante de bout en bout grâce aux réponses cinglantes d'un Cassidy en grande forme. Peut-être le meilleur arc de ce troisième tome ou, tout du moins, le plus drôle et impertinent.
Malgré une petite déception liée au choix scénaristique de Garth Ennis à propos de Cassidy, Preacher reste une valeur sûre et arrive une nouvelle fois à tenir en haleine le lecteur. Les deux spin-offs qui accompagnent l'histoire principale ajoutent encore davantage de plaisir à cette lecture acidulée, faisant la lumière sur quelques recoins obscurs de l'aventure par la même occasion. Soyons rassurés, Preacher sent toujours la poudre, la drogue et le sang.Note : 8.5/10
Disponibles également aux Editions Panini :
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Tags : Garth Ennis, Steve Dillon, Preacher, Humour, Fantastique, Comics, Urban Comics, Panini Comics, Steve Pugh
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